Essai
Nouvelle parution
C. Camelin, J. Gardes-Tamine, La

C. Camelin, J. Gardes-Tamine, La "Rhétorique profonde" de Saint-John Perse

Publié le par Marielle Macé

Compte rendu dans Acta fabula: Saint-John Perse, le poète au masque de rhétoricien, par C. van den Bergh

 

 

 

 

 

COLETTE CAMELIN, JOELLE GARDES TAMINE,

La Rhétorique profonde de Saint-John Perse, Honoré Champion, 2002.

 

 

Présentation de l'éditeur:

Depuis une dizaine d'années, l'accès à la bibliothèque personnelle de Saint-John Perse, abondamment annotée, et à ses manuscrits, a renouvelé la critique, et mis à leur juste place son utilisation de la culture et son travail sur le langage. On perçoit alors "la rhétorique profonde", selon l'expression de Baudelaire, qui sous-tend l'oeuvre poétique et l'oeuvre en prose de Saint-John Perse. Ample et grave, cette rhétorique a d'abord pour fonction la louange des pouvoirs du langage. Ainsi se constitue une parole élevée qui obéit à la hiérarchie des styles et qui fait du langage poétique un langage séparé. Une parole ritualisée, souvent hermétique, donne accès à une ontologie qui confère son sens à la poésie. Mais la gravité du propos n'interdit pas les jeux de m ots et de multiples stratégies de cryptage qui impliquent une distance de soi au monde et de soi à soi favorable à la construction de la figure du poète. Ce personnage complexe, élaboré dans les proses du volume de la Pléiade impose au public un èthos qui garantit l'authenticité et la grandeur du poème. Il s'agit d'une figure littéraire dont le portrait rappelle celui des orateurs de l'Antiquité, habiles dans l'action, artistes dans la parole. La rhétorique profonde, qui bâtit toute une ontologie sur la statue du Poète, protège l'homme derrière le personnage au masque d'or. Ce personnage mythique correspond à l'image du Poète exigée par une conception de la Poésie qui ne manque ni de force ni de générosité.