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Atelier Cultures Populaires : Supernature, Congrès 2020 : La post-Amérique (Lille)

Atelier Cultures Populaires : Supernature, Congrès 2020 : La post-Amérique (Lille)

Publié le par Vincent Ferré (Source : Danièle André)

Université de Lille, 26-29 mai 2020.

Atelier dans le cadre du Congrès annuel de l'AFEA, raison pour laquelle les communications devront porter sur l'Amérique du Nord seulement, et pourront se faire en français ou en anglais

Atelier Cultures Populaires : SUPERNATURE

dirigé par Danièle André et Christophe Becker, (La Rochelle Université & Université Paris 8 – CRHIA)

La nature telle que la découvrirent les colons européens en mettant, pour la première fois, le pied sur le sol américain, a immédiatement posé question. En effet, jusqu’à la fin du XVe siècle, les herbiers sont recopiés à partir d’originaux grecs et latins, et ce, sans modification. Leurs illustrations sont habituellement de mauvaise qualité, et peu de savants osent signaler qu’il existe des plantes qui ne sont pas répertoriées par Dioscoride, médecin des armées de Néron. L’idée la plus répandue est alors que la flore, créée par Dieu, est présente de la même manière dans toutes les régions du monde. Les savants identifient les plantes à l’aide de simples listes alphabétiques qui recensent un grand nombre d’espèces connues, mais sont, de toute évidence, incomplètes. Les espèces endémiques à l’Amérique, y compris la faune, posent dès lors problème, puisqu’elles signalent que la croyance en vigueur est manifestement fausse. La pie à bec jaune, le tamia ou encore l’American paddlefish, aussi inoffensifs soient-ils, et de par leur simple présence, remettent en question tout un pan jusqu’ici inébranlable de la doxa religieuse.

Ce premier constat indique que les sciences naturelles ont un fond idéologique, et non plus seulement scientifique, biologique. Aujourd’hui encore, la nature ne peut se départir de tractations politiques et économiques. L’administration Trump a ainsi aidé à défaire les lois sensées protéger la biodiversité – assouplissement de l’Endangered Species Act de 1973 ; révocation de la dérogation de la Californie sur les normes de pollution automobile – et continue à nier la question du réchauffement climatique en dépit de la multiplication des rapports alarmistes du GIEC ou de la NASA.

En refusant d’entendre la parole scientifique et en tentant de décrédibiliser le discours écologiste volontiers tronqué ou caricaturé, l’Humanité, l’Amérique en tête, pose nettement la question d’une planète où l’être humain n’aurait plus sa place et serait, finalement, condamné à disparaître comme tant d’autres espèces avant lui. Une autre histoire nous attend donc. Après l’anthropocène et le triomphe du génie industriel, une période où la faune et la flore, débarrassées de leur principal adversaire, pourrait de nouveau croître, augmenter, et évoluer vers de nouvelles formes par le biais de facteurs endogènes ou exogènes.

Loin d’une fin du monde annoncée, cette période post-historique, par définition post-humaine, amène de nombreux auteurs à s’interroger sur la place de l’Homme sur notre planète. Margaret Atwood, par exemple, qui imagine un monde où les organismes génétiquement modifiés règnent sur une terre débarrassée de la quasi-totalité des individus – la trilogie Oryx and Crake (2009 – 2013) –, Jeff VanderMeer qui s’inspire de son périple au St. Marks National Wildlife Refuge en Floride pour échafauder une « Area X » dont l’écosystème est une énigme impossible à déchiffrer pour les naturalistes – la trilogie Southern Reach (2014)

Plusieurs questions se posent dorénavant :

.  Peut-il exister une civilisation sans l’Homme ?

. Quel rapport entretient la post-nature avec la notion d’apocalypse (ἀποκάλυψις), concomitamment destruction et révélation ? (The Genocides de Thomas M. Disch, 1965).

. Quelle forme prendra la biodiversité de demain ? (Mother of Storms de John Barnes, 1994 ; le comic book Trees de Warren Ellis 2014/6).

. Que dit la post-nature de notre incapacité à comprendre notre propre environnement ? (Le comic book Oblivion Song de Robert Kirkman 2018/9).

. Quelle place laisse la post-nature à l’Humanité ? Le surclassement de l’Homme par la nature doit-il forcer ce dernier à évoluer vers une forme finalement adaptée à la nouvelle écologie, ou le laisser dévoluer ? (The Sheep Look Up, John Brunner, 1972). Quelle peut être la réaction de l’Humanité face à l’apparition de nouvelles espèces, et au signalement de son propre déclin ?

. Quel rôle la culture populaire a-t-elle dans notre relation à la nature et à la post-nature ? Pour Selin Kesebir et Pelin Kesebir depuis les années 1950 la nature est beaucoup moins présente dans les œuvres de la culture populaire (films, chansons, fictions, etc.), ce qui montre et renforce la rupture entre l’être humain et son environnement naturel. Par ailleurs, certains chercheurs (telle Lauren Holt) s’intéressent aux spécimens considérés comme post-naturels, comme on peut les voir à The Center for PostNatural History, et des artistes, tels que Vincent Fournier, imaginent d’autres créatures post-naturelles (White Fennec, Rain Bird, etc.).

Ancré dans une perspective transdisciplinaire, l’atelier est ouvert à toutes les approches qui permettront d’interroger les enjeux inhérents au thème proposé.

Les interventions peuvent se faire indifféremment en français ou en anglais, avec une préférence pour l’anglais quand cela est possible. Les propositions pourront mettre en avant conjointement différents champs d’études, de cadres théoriques et d’approches.

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Les propositions (entre 300 à 500 mots environ) et une courte biographie sont à envoyer conjointement à : Christophe Becker (fcaranetti@yahoo.com) et Danièle André (daniele.andre@univ-lr.fr) pour le 31 janvier 2020 au plus tard.

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NB : pour présenter une communication, il faut être membre de l’AFEA (environ 60 euros d’inscription) et payer son inscription au congrès (aussi autour de 60 euros).