APPEL À CONTRIBUTION
Art, écologies et nouveaux médias
Colloque Jeunes Chercheurs
22, 23, 24 octobre 2015
LAboratoire de Recherche en Audiovisuel
Équipe Seppia
Ecole Doctorale Allph@
Université Toulouse II – Le Mirail
Direction scientifique : Raphaël Bergère
Codirection : Mathilde Murat
"Le rapport de l’homme à des lieux et, par des lieux, à des espaces réside dans l’habitation. La relation de l’homme et de l’espace n’est rien d’autre que l’habitation pensée dans son essence."
"Bâtir, habiter, penser", Martin Heidegger, 5 août 1951
De manière générale, l'écologie est comprise comme science qui étudie les rapports entre les êtres vivants et l'environnement dans lequel ils vivent. Elle renvoie à la façon dont on habite un espace, en tenant compte des flux et des échanges d'énergie entre différents éléments organiques ou inorganiques que cela implique. Nous pouvons dire qu'elle est une science systémique dans la mesure où elle s'intéresse davantage aux interactions entre différents objets qu'à la nature même de ces objets. L'écologie a déjà été impliquée dans le domaine de la création artistique à maintes occasions. La question des rapports entre l’homme et son environnement a inspiré différentes formes d’expressions artistiques (notamment picturales), mais c'est avec l'apparition au siècle dernier d'œuvres que l'on pourrait qualifier d'habitables qu'elle acquiert une importance sans précédent dans ce domaine.
La philosophie d'Heidegger enseignait qu'"habiter" c'est avant tout "être au monde", et que les hommes doivent au préalable savoir "habiter" avant de bâtir. Cette approche permet d’envisager l'écologie et l'habitat bien au-delà du simple fait de se loger. Il s'agit plus généralement d'une manière d'exister et d'appréhender sa propre expérience d'"être au monde" pour enfin envisager de bâtir, ou "faire-habiter" selon les termes du philosophe. Dans ce sens, le faire est relatif à l'expérience de l'être vis-à-vis de son milieu de vie, et se prolonge par l'acte de création d'un artefact médian ayant pour finalité de favoriser le bien-être dans l'environnement habité. C'est précisément ce "faire-habiter", dans le sens où il soulève des questionnements liés à la poïétique, qui alimentera notre réflexion au cours de ce colloque.
Les dispositions de l'homme pour fabriquer et bâtir sont liées aux techniques qu'il développe à travers le temps. Le terme média, du latin medium, peut être compris comme ce qui sert d'intermédiaire ou de support à la création et peut donc concerner autant l'outil de fabrication que le matériau employé. Les techniques liées à l'électronique et au numérique évoluent actuellement de manière considérable. Ces dernières nous intéressèrent particulièrement pour ce qu'elles apportent de nouveau dans ce "faire-habiter". Nous tenterons alors de comprendre comment, dans les pratiques artistiques contemporaines, la notion d'écologie est revisitée au regard des technologies actuelles, notamment en terme de programmation, de paramétrage, de contrôle ou de dispositif, en articulation avec la notion d'environnement.
En appui sur un corpus d’œuvres caractérisées par l'utilisation de nouveaux médias et de technologies émergentes, nous verrons comment se dessinent de nouvelles possibilités de concevoir et modeler un espace (une pièce, un site, un habitat, un territoire…). En plongeant le spectateur en immersion dans l'œuvre ou bien en configurant des œuvres en relation avec un milieu spécifique, comment les artistes explorent-il de nouvelles façons d'"habiter" ?
La notion d'écologie étant très variable selon l'objet et le type d'environnement pris en compte, la problématique ainsi posée donnera lieu à une réflexion structurée selon trois axes. Bien que des transversalités puissent être envisagées entre ces axes, aborder cette notion d'écologie sous différents angles permettra d'en saisir plusieurs subtilités dans sa relation à l'art.
La conception Heideggérienne de l'habitat constitue une base non négligeable. Cependant, afin de compléter cette dernière par des approches plus contemporaines de l'écologie, les trois axes proposés seront inspirés des trois écologies telles qu'elles sont définies par Felix Guattari autour de la notion d'écosophie dans son ouvrage Les trois écologies. En premier lieu, l'écologie environnementale concerne les rapports du vivant à la nature et à l'environnement. Ensuite, l'écologie sociale s'oriente davantage vers les rapports entre les êtres humains et à la manière dont ils se logent et échangent entre eux. Enfin, l'écologie mentale s'intéresse plus spécifiquement à la psyché humaine et à la cognition du monde.
1er axe : Immersion, interactivité et cognition
Le développement récent des technologies de l’interactivité donne au corps des possibilités sans cesse redéfinies d’interagir avec son environnement. De nombreux artistes ont su proposer des environnements immersifs, sensibles aux présences, aux mouvements, aux comportements. Que devient l'expérience d’être-au-monde, lorsque le corps est interfacé à son environnement sensoriel ? La tension permanente entre des situations de perturbation et d'adaptation produite par ces œuvres ne met-elle pas à l'épreuve les capacités et habitus perceptifs ou cognitifs des corps qui les fréquentent ? L'enjeu est double et concerne non seulement les expériences spectatorielles, mais aussi en amont l'implication et le rôle des artistes qui y sont liés.
2ème axe : Pratiques in-situ et nouveaux médias
Dans ce second axe, l'accent est porté sur les œuvres qui soulèvent des enjeux concernant les relations entre une création et son environnement. Quels rôles peuvent jouer les nouveaux médias dans ces relations ? Comment "faire-habiter" ou faire cohabiter l'artefact avec son environnement ? Comment la technologie peut s'inscrire comme intermédiaire entre un être vivant et son milieu ? Dans les œuvres de Land Art et plus généralement les œuvres dites in-situ, mais aussi toutes les œuvres qui sont concernées par les technologies embarquées et les notions de paysage ou de territoire, un dialogue entre la machine et la nature peut être envisagé comme un chantier fertile pour les plasticiens.
3ème axe : Habiter ensemble avec les technologies
L'habitat est considéré cette fois ci plus spécifiquement en lien avec le logement humain et la dimension sociale de l'écologie. De la domotique vers la maison contrôlée, de l'architecture évolutionnaire vers des structures complexes, de l'habitat connecté vers une porosité entre espace public et privé, quel regard posent les artistes sur ces différentes possibilités de "faire-habiter" ensemble de nos jours ? Si l'habitation peut être assimilée à l'idée de cloisonnement, les œuvres qui instaurent une pratique des nouveaux médias dans des dimensions architecturales et sociales tendraient à proposer, si ce n'est une rupture, au moins une redéfinition de cette idée de cloisonnement.
Table ronde : Création de lieux et lieux de création
L'utilisation des technologies en art n'implique pas seulement les modalités de réalisation de l'œuvre, mais oblige à repenser les espaces de création et de diffusion. En proposant une étude des lieux où l'art prend forme, à ceux dans lesquels il est donné à voir, peut-on parler aujourd'hui d'une écologie de l'art ? Ateliers, laboratoires, résidences, Fablabs, internet et création/diffusion en ligne sont autant d'éléments de réflexion qui témoignent d'un renouvellement des conduites créatrices des artistes et de leur manière d'investir des lieux. Par des échanges de plus en plus féconds entre les lieux de l'art et ceux de la science, de nouvelles méthodes et modèles sont inventés et soulèvent des enjeux importants dans un contexte non seulement culturel, mais aussi politique, économique et social.
Modalités de soumission
Les propositions doivent être transmises par courrier électronique jusqu’au 20 mai 2015 à :
raphael.bergere@hotmail.fr
La réception de chaque proposition donnera lieu à un accusé de réception par mail.
La proposition livrée en fichier attaché (titré « nom de l’auteur_arteco_2015 ») aux formats rtf, doc ou odt, sera composée de 3 parties :
- Un résumé de la communication de 4 000 signes maximum, espaces non compris ;
- Une courte biographie du (des) auteur(s)
- Une note de positionnement scientifique
Modalités techniques
L’article définitif devra respecter les conventions typographiques et de mise en page qui seront
envoyées dans une feuille de style type lors de l’acceptation de la proposition.
La taille de l’article sera comprise entre 20 000 et 30 000 signes, espaces compris.
Il sera envoyé par voie électronique sous la forme d’un fichier au format .doc, .rtf ou.odt, contenant le titre, le résumé, le texte et, le cas échéant, ses illustrations. Il sera envoyé avant le 15 septembre 2015.
Participation au colloque
Les auteurs retenus seront conviés à venir présenter leurs travaux à Toulouse dans le cadre d’une communication orale de 20 minutes.
Le LARA ne prend pas en charge les frais de transport et d’hébergement des communicants.
CALL FOR PAPERS
Art, ecologies and new media
Young Researchers Symposium
22, 23, 24 octobre 2015
Laboratoire de Recherche en Audiovisuel
Équipe Seppia
Ecole Doctorale Allph@
Université Toulouse II – Jean Jaurès
Scientific direction : Raphaël Bergère
Codirection : Mathilde Murat
"Man's relation to locations, and through locations to spaces, inheres in his dwelling. The relationship between man and space is none other than dwelling, strictly thought and spoken. "
"Building, Dwelling, Thinking", Martin Heidegger, August 5th 1951
Ecology is generally understood as the science of the relationships between living beings and their environment. It relates to the way one inhabits a space, including the implications in terms of flows and energy exchanges between different elements, organic or inorganic. We may call it a systemic science, to the extent that is more interested in the interactions between different objects than in the very nature of these objects. Ecology has already been involved on many occasions in the field of artistic creation. The question of relationships between man and his environment inspired different forms of artistic expression (including pictorial forms), but it is during the last century, with the appearance of works that can be called “livable”, that it acquired an unprecedented importance in this field.
Heidegger's philosophy has teaches that "dwelling" is above everything else "being in the world", which means we must first learn to "dwell" before building. This approach leads to view ecology and dwelling as something much more than having an accommodation. More generally, it is about finding a way to exist and to apprehend one's own experience of "being in the world", in order to finally consider building, or "making-dwelling", according to the philosopher's terminology. In that way, the "making" depends on one's experience relatively to their own living environment, and is extended by an act of creation of a medium artefact aiming at easing the well-being in the living environment. It is precisely this "making-dwelling", and the questioning it brings about poetry, which will feed our investigations during this symposium.
Man’s dispositions towards making and building are linked with technics that were developed throughout history. The term media, from Latin medium, can be understood as intermediary or support for creation, and can therefore concern the manufacturing tool as well as the material that is used. Technics pertaining to electronics and digital technology are currently evolving considerably. They are of particular interest to us, for the sake of the new elements they bring in this "making-dwelling". We will try to understand how the notion of ecology is revisited in contemporary artistic practices in relation to current technology, especially in terms of programming, configuration, control or apparatus, in articulation with the notion of environment.
Relying on a corpus of works characterized by the use of new media and emergent technology, we will see how new possibilities in designing and modeling space (room, site, accommodation, territory) being materializing. By immersing the spectator in their work or by configuring works relatively to a specific environment, how are the artists exploring new ways of "dwelling"?
Since the notion of ecology can vary a lot depending on the object and type of environment that are considered, this question will require a development structured around three lines of research. Although we can consider transverse thematics among these lines of research, approaching this notion of ecology from different angles will allow us to grasp several subtleties about its relationship to art.
Heidegger's conception of dwelling constitutes a significant basis. However, in order to complete it with more contemporary approaches, the three proposed lines of research will be inspired by the three ecologies as they are defined by Felix Guattai around the notion of ecosophy in his book The three ecologies. First, environmental ecology deals with the connections of living things to nature and environment. Then, social ecology leans more towards human beings and the way they dwell and exchange with each other. Finally, mental ecology is specifically interested in human psyche and cognitive experience of the world.
1st line of research: Immersion, interactivity and cognition
Recent developments in interactive technology are constantly giving our bodies new ways to interact with their environment. Regarding immersion, many artists were able to offer environments sensitive to presence, motion, behaviours. How is the experience of being-in-the-world affected, when the body is connected to its sensorial environment? While in a perpetual tension between situations of perturbation and adaptation, aren't these works testing our perceptive and cognitive abilities, by making us experience corporal immersions that we are not accustomed to? The very idea of corporality seems to be redefined through contact with interactive and immersive transmedia works.
2nd line of research: in-situ practices and new media
In this second line, the emphasis is on works that raise issues about the relationships between a creation and its environment. What part can new media play in these relationships? How to "make-dwell" or make coexist when referring to the artefact within its environment? How can technology be used as an intermediary between a living being and its environment? In Land Art and more generally in works said in-situ, but also in any work linked with on-board technology or with the notion of landscape or territory, one can think of a dialog between machine and nature as a fertile ground for visual artists.
3rd line of research: dwelling together with technology:
Habitat is now considered more specifically in terms of human housing and the social dimension of ecology. From domotics to controlled houses, from evolutionary architecture to complex structures, from connected habitat to porosity between public and private spaces, how do artists nowadays interpret these different possibilities of "making-dwelling" together? Although housing can be thought of as isolation from the world, works bringing the use of new media to an architectural and social dimension are proposing, if not a rupture, at least a redefining of this idea of partition.
Round table: Creation of places and places of creation
Use of technology in art is not limited to the modalities of creation of art piece, but forces us to rethink spaces of creation and diffusion. By proposing a study of places where art takes shape and where it is displayed, is it justified to speak nowadays about an ecology of art? Workshops, laboratories, residencies, Fablabs, internet and online creation/diffusion are all witnessing a renewal of artists' behaviours in creation and appropriation of places. Through increasingly fertile exchanges between places of art and places of sciences, new methods and models are being invented, and raise important issues in a context that is not only cultural, but also political, economic and social.
Terms of submission.
Proposal must be sended par e-mail before 20th may 2015 to this adress :
raphael.bergere@hotmail.fr
Each proposal receved will be notified by acknowledgement
The proposal will be contained in a 3 part attached file (titled « name_arteco_2015 ») rtf, doc or odt :
- 4 000 signes abstact maximum, space unincluded ;
- A short biography ;
- A note about the scientific profil.
Participation
Selected author will be invited in Toulouse for a 20 minutes oral communication.
The LARA will not cover travel and accommodation