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Pratiques métatextuelles et littératures francophones du Maghreb, d’Afrique subsaharienne et des Caraïbes (revue Arborescences)

Pratiques métatextuelles et littératures francophones du Maghreb, d’Afrique subsaharienne et des Caraïbes (revue Arborescences)

Publié le par Marc Escola (Source : Julia Galmiche-Essue)

Appel à contributions

 

Arborescences, numéro 13 (2023)

Pratiques métatextuelles et littératures francophones du Maghreb, d’Afrique subsaharienne et des Caraïbes

Revue du Département d'études françaises, Université de Toronto

 

Si, comme l’écrit Laurent Lepaludier dans Métatextualité et métafiction (2002), tout texte de fiction est métatextuel à partir du moment où il invite à une prise de conscience critique de lui-même, cette prise de conscience ne date pas d’hier. Au contraire, elle s’inscrit dans une longue tradition de réflexion sur le fait littéraire déjà présente chez Cervantès au XVIIe siècle, chez Diderot et Sterne au XVIIIe siècle ou bien encore chez Gide, Rilke et Joyce à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle. Cette tendance à l’autoréflexivité du texte littéraire a fait l’objet de nombreux travaux théoriques dans le domaine des littéraires française et québécoise. Citons à ce propos les travaux d’André Belleau (sur les notions de réflexivité ou d’auto-réflexivité), de Jean Ricardou et Lucien Dällenbach (sur les notions de mise en abyme, d’écriture en miroir, de spécularité) ou bien encore de Gérard Genette (sur la métatextualité). C’est à cette dernière notion que nous nous intéressons, non seulement au sens où l’entend Genette, à savoir toute relation de commentaire qui unit un texte à un autre texte, mais aussi au sens de relation critique qu’entretient un texte littéraire avec lui-même. La métatextualité qui retient ici notre attention est celle qui se manifeste à l’intérieur de l’œuvre littéraire et qui a pour particularité d’attirer l’attention du lecteur sur le processus de création de l’œuvre elle-même, sur ses procédés internes ou bien encore sur les conditions de sa publication, de sa diffusion et de sa réception.

Nombreux sont les écrivains francophones africains et antillais à opérer un retour critique non seulement sur leur statut d’écrivain, mais aussi sur la langue dans laquelle ils écrivent, le poids de l’écrit et de l’imprimé ou encore leur inscription dans une tradition littéraire. Que ce soit la figure de l’écrivain chez Patrick Chamoiseau et Fatou Diome, le romancier fictif et l’intertextualité chez Alain Mabanckou et Dany Laferrière, le personnage lecteur chez Sami Tchak ou encore la mise en abyme chez Ken Bugul, toutes et tous ont en commun d’avoir une conscience aiguë de leur condition. Dans Le roman comme atelier (2019), Lise Gauvin va même jusqu’à affirmer que cette tendance à l’autoréférentialité dans les littératures francophones se serait amplifiée au cours des dernières années. Et pourtant l’exploration de ces pratiques métatextuelles reste limitée dans le champ des littératures francophones d’Afrique et des Caraïbes par rapport aux études de même nature portant sur les littératures française, québécoise ou franco-canadienne. Kodjo Attikpoé et Josias Semujanga soutiennent ainsi que la figure de l’écrit, notamment dans les littératures africaines, « semble avoir échappé à la vigilance de la critique » (2018). Les spécificités de la métatextualité, ses causes et les types d’autoreprésentation qui en découlent restent donc à interroger.

Ce numéro d’Arborescences s’intéresse aux pratiques métatextuelles dans les littératures francophones contemporaines du Maghreb, d’Afrique subsaharienne et des Caraïbes. Alors que la légitimation institutionnelle de ces littératures ne va toujours pas de soi, dans quelle mesure le recours à la métatextualité permet-il aux écrivains originaires de ces espaces de (re)définir les modalités de leur écriture et les fonctions de la littérature ? Quels sont les stratégies et les modes de lecture métatextuels auxquels ont recours les écrivains francophones africains et antillais cherchant à (re)négocier leur rapport au champ littéraire, aussi bien au niveau local que mondial ? Quels procédés sont mis au service de la métatextualité : thème, style, genre, etc. ? Dans ce cadre, nous proposons une liste non-exhaustive d’axes de réflexion en lien avec la notion de métatextualité que nous souhaitons explorer :

Création

L’œuvre – Comment l’œuvre littéraire francophone aborde-t-elle la question de sa création et son rapport au contexte linguistique, culturel ou politique dont elle est issue ? Comment pense-t-elle sa relation à la littérature en général et aux autres œuvres en particulier, que ce soit à l’échelle locale, régionale, (sous-)continentale ou encore mondiale ?

L’auteur.e – Comment l’auteur se représente-t-il au sein de son/ses œuvres ? Quelles sont les difficultés auxquelles il doit faire face ? Pourquoi a-t-il recours à la métatextualité (fins esthétiques, idéologiques, politiques, philosophiques, autre chose restant à définir) ?

L’écriture – Comment l’auteur, à travers son œuvre, traite-t-il de la question de l’écriture, tant d’un point de vue formel que du sens donné à cette pratique ?

Le genre – Quelles sont les stratégies déployées par l’œuvre littéraire francophone pour interroger son inscription dans une tradition (théâtre, poésie, roman, etc.) ? Comment redéfinit-elle, ou non, le genre auquel elle appartient ?

Publication

L’éditeur – Comment l’auteur pense-t-il sa relation à l’éditeur, mais aussi aux grands centres d’édition francophones que sont Québec au Canada et Paris en France ?

Réception

Le lecteur – Comment l’œuvre aborde-t-elle la question de son lectorat dans l’espace de la fiction ? Comment joue-t-elle avec l’horizon d’attente de ses lecteurs ?

La critique – Comment l’œuvre pense-t-elle sa relation à la critique, notamment universitaire ? Comment envisage-t-elle les relations de pouvoir qui l’unissent aux acteurs institutionnels (Académie française, prix littéraires, programmes scolaires) ?

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Ouvrages cités

Attikpoé, Kodjo et Josias Semujanga, « Présentation ». Présence francophone, no. 91, 2018 : 5.

De Biasi, Pierre-Marc et Anne Herschberg (dir.). L’Œuvre comme processus. Paris : Éditions du CNRS, 2017 : 236.

Genette, Gérard. Palimpsestes : la littérature au second degré. Paris : Éditions du Seuil, 1982 : 11.

Gauvin, Lise. Le roman comme atelier. La scène de l'écriture dans les romans francophones contemporains. Paris : Éditions Khartala, 2019 : 8.

Lepaludier Laurent (dir.). Métatextualité et métafiction. Théorie et Analyses. Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2002 : 9.

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Les propositions en français de 300 mots maximum, accompagnées d’une brève notice bio-bibliographique de 150 mots maximum, sont à envoyer à Julia Galmiche-Essue (julia.galmiche@mail.utoronto.ca) et Morgan Faulkner (morgan.faulkner@utoronto.ca) avant le 27 septembre 2021.

Les auteurs dont la proposition de contribution aura été retenue en seront avisés au plus tard le 10 octobre 2021.

Les articles seront à remettre avant le 10 janvier 2022.