Essai
Nouvelle parution
Anthologie du romantisme allemand

Anthologie du romantisme allemand

Publié le par Marc Escola (Source : Librairie José Corti)

La Forme poétique du monde, anthologie du Romantisme allemand
éditions Corti, 2003. 760 pages
ISBN : 2-7143-0816-3
28 Euros

Compte rendu publié dans Acta fabula (Printemps 2001, vol. 1, n°3) : D. Peyrache‑Leborgne, « La totalité romantique » 

***

Cette anthologie conçue par trois jeunes spécialistes (Olivier Schefer, Laurent Margantin et Charles Leblanc) comblera une lacune tant par les présentations de ce que fut le romantisme allemand que par lampleur des auteurs et des uvres citées (la grande majorité étant inédite). Les chronologie, bibliographie, index, permettront aux lecteurs de circuler aisément dans louvrage.

 

 

 

 

Le romantisme ne tient pas en une formule ou en un axiome. La célèbre lettre de Friedrich Schlegel confiant à son frère quil lui faudrait 2000 pages pour coucher sa propre définition du mot romantique est, dans toute son extravagance, une illustration de linhérente ambiguïté rattachée à ce concept.

 

Dans l´histoire littéraire, peu de mots ont été autant galvaudés que celui de romantisme. Le surréalisme, une fois ses représentants disparus, a nourri le discours et l´imaginaire publicitaires. Le terme de romantisme, quant à lui, n´a cessé d´être repris tout au long du dix-neuvième siècle par des « descendants » qui, souvent, ignoraient tout de ce premier romantisme apparu en Allemagne à la fin du siècle. Recouverte en quelque sorte par les uvres et les discours ultérieurs qui se réclamaient de cette esthétique, la Romantik finit par n´évoquer qu´un ensemble très vague de notions littéraires, qu´une nébuleuse de sentiments qui n´avaient que peu à voir avec les premiers écrits de ses représentants les plus illustres. Il se produisit même ce phénomène curieux : on en vint à interpréter, à lire, voire à éditer ces derniers qu´ils s´appellent Novalis, Friedrich Schlegel ou Tieck simplement en fonction de l´idée confuse qu´on se faisait du romantisme, mouvement littéraire que l´on disait seulement tourné vers lunivers du rêve et le fantastique, se désintéressant du monde réel.

Pourquoi revenir sur les traces du romantisme ? À quoi bon lire des auteurs qui nous parlent de temps, de lieux et despérances qui ne sont plus ? Pour rêver quelques heures, diront certains, fuir le monde et nos tâches accablantes. Anywhere out of the World Mais le rêve est ici lenvers de la raison, comme le corps la doublure de lâme. Les premiers romantiques allemands nous fascinent parce quils furent les plus libres et les plus inventifs de tous nos modernes.

 

 

 

 

Table des matières du volume

 

 

 

 

 

 

 

 

 

INTRODUCTION : Quest-ce que le romantisme ?

 


1. Lévénement intérieur 9
1. 1. Du mot à lidée 9
1. 2. À propos du Sturm und Drang 13
1. 3. La connaissance immédiate 18
1. 4. Limmédiateté romantique 23
1. 5. Lachèvement du criticisme 26
1. 6. De la découverte du Moi à celle de linconscient 30
1. 7. Lévénement intérieur 35

2. La connaissance romantique 38
2. 1. Affinités romantiques : lamitié 39
2. 2. Moraliser lunivers 41
2. 3. La question des sciences : du chaos à lharmonie 45
2. 4. Les fonctions du système ou la grande santé
romantique 54
2.4.1. Système et combinatoire 54
2.4.2. Musique du chaos 59
2.4.3. Le système-corps : technique et religion 63

3. Lesthétique de la totalité 67
3. 1. Problèmes de définition 67
3. 2. Histoire et Révolution ou la modernité romantique 70
3. 3. La philosophie romantique 76
3.3.1. La matrice fichtéenne 78
3.3.2. Nature, dialogue et imagination 82
3. 4. Luvre infinie 85
3.4.1. Une poétique du sujet créateur 85
3.4. 2. Poésie, philosophie et critique dart 87
3.4. 3. Linachèvement et la question du fragment 92
3.4. 4. uvre dart totale et mélanges esthétiques 94

 

 

 

 

 

 

 

 

I. DE LA RAISON CRITIQUE
À LA RAISON ABSOLUE


1. Les problèmes du kantisme 99
1. 1. La question de la liberté 99
1. 2. Lécueil du noumène 104

Texte 1 : K. Reinhold : « La chose en soi est représen-
table non pas comme objet, mais comme concept » 109
Texte 2 : G. E. Schulze : « La chose en soi est contra-
dictoire » 113
Texte 3 : S. Maimon : « La chose en soi est impossible » 122

2. Le Sturm und Drang 127
2. 1. Considérations générales 127
2. 2. Le problème du goût 127
2. 3. Du paradigme à linstant 129
2. 4. Lespace intersubjectif 130
2. 5. Lesprit faustien 132

Texte 4 : J. G. Herder : « La condition actuelle de
lhomme est, vraisemblablement, le lieu de passage
unissant deux mondes » 135
Texte 5 : J. G. Hamann : « La poésie est la langue
maternelle de lhumanité » 143
Texte 6 : F. H. Jacobi : « Propositions sur la sujétion
et la liberté de lhomme » 155
Texte 7 : G. A. Bürger : « Les morts chevauchent avec
furie » 163

3. LIdéalisme 168
3. 1. La synthèse de la pensée et de lêtre 168
3. 2. Linfinité du Moi et louverture à la totalité 170
3. 3. La totalité romantique 173
3. 4. Perspectives 176
Texte 8 : J. G. Fichte : « Les trois principes de la
Doctrine de la Science » 178
Texte 9 : Novalis, « Lêtre nexprime pas lidentité » 186
Texte 10 : F. W. J. Schelling : « Conciliation du réa-
lisme et de lidéalisme » 197
Texte 11 : Fr. Schlegel, « Toute vérité est relative ; tout
savoir est symbolique ; la philosophie est infinie » 203
Texte 12 : G. W. F. Hegel : « La philosophie comme
totalité du savoir » 221

 

 

 

 

 

 

II. RELIGION ET SENTIMENT


1. La recherche romantique de lAbsolu 225
1. 1. Le primat de lontologie sur lépistémologie 225
1. 2. Sources de la religiosité romantique 230

Texte 1 : J. G. Fichte, « La liberté exige une existence
infinie » 233
Texte 2: W. H. Wackenroder/L. Tieck : « Celui qui
croit en un système a extirpé de son cur
lamour universel » 236
Texte 3 : Novalis : « Dieu est lamour. Lamour est
la réalité suprême le fondement originaire » 241
Texte 4 : F. W. J. Schelling : « Dieu est la cause
immédiate de tout art » 246
Texte 5 : H. von Kleist : « Fais ton devoir ! Cette
proposition contient les doctrines de toutes les religions » 248


2. Le sentiment de linfini 252
2. 1. La religion comme action morale du Moi 252
2. 2. La religion comme sentiment 255
2. 3. Lintuition de linfini 257

Texte 6 : Fr. Schlegel : « Toute relation de lhomme
à linfini est religion » 261
Texte 7 : F. D. E. Schleiermacher : « La religion est
sentiment, un goût de linfini » 268
Texte 8 : J. G. Fichte : « La religion est lesprit intime
qui pénètre et vivifie chacune de nos pensées et de nos
actions » 274
Texte 9 : Novalis : « Dieu lui-même nest pour nous
effectif que par la foi » 277

3. Mythologie, Christianisme et âme du monde 281
3. 1. Théophanie romantique 281
3. 2. Mythologie et esthétique 283
3. 3. Dieu comme devenir 284

Texte 10 : J. G. Fichte : « Dieu comme ordre moral du
monde » 286
Texte 11 : Fr. Schlegel : « La mythologie est lexpres-
sion hiéroglyphique de la nature environnante » 293
Texte 12 : Novalis : « Il me semble que de labysse
Un écho répond à notre deuil » 297
Texte 13 : Jean Paul : « Il ny a point de Dieu » 302
Texte 14 : F. W. J. Schelling : « Tout fini nest que la
modification de linfini » 308
Texte 15 : G. W. F. Hegel : « Le désir est laspiration
à la religion » 315

 

 

 

 

 

 

III. LA SCIENCE ROMANTIQUE


1. Une renaissance de la philosophie de la nature 323
1. 1. Le romantisme, les Lumières et lhéritage
leibnizien 323
1. 2. Un empirisme actif 326
1. 3. La question du système 330

Texte 1 : Schiller : « Le monde et la créature pensante » 332Texte 2 : Kant : « De la nécessairesubordination
du principe du mécanisme sous le principe téléologique
dans lexplication d´une chose comme fin naturelle » 338
Texte 3 : F. W. J. Schelling : « La nature nest que
lorganisme visible de notre entendement » 342
Texte 4 : Goethe : « Théorie de la métamorphose des
plantes dans toute sa dimension » 345
Texte 5 : Hemsterhuis : « Que lordre est relatif, et
quil nexiste pas dordre en général » 355
Texte 6 : Novalis : « Lidée d´ordre [] tient à notre
façon de penser dans létat où nous sommes » 360

2. Le fragment expérimental 364
2. 1. La fragmentation comme méthode 364
2. 2. La science du fragment 366

Texte 7 : Fr. Schlegel : « Les pierres précieuses sont des
fleurs minérales » 368
Texte 8 : J. W. Ritter : « Notre tâche est dêtre des
premiers hommes » 380
Texte 9 : Novalis : « La force mathématique est la force
dorganisation » 387
Texte 10 : Novalis : « La médecine doit devenir tout
autre chose » 391
Texte 11 : Hölderlin ?/Hegel ?/Schelling ? :
« Lacte suprême de la raison [...] est un acte esthétique » 397

3. Science et art - Paysage poétique et paysage
historique 400
3. 1. La tekhnè originelle 400
3. 2. De Goethe à Schelling : lart comme apogée de
la science 402
3. 3. La question de la représentation 406
3. 4. Poème de la Terre ou fin de lart ? 408

Texte 12 : Goethe : « Lauteur raconte lhistoire de ses
études botaniques » 411
Texte 13 : Novalis : « Goethe est le premier physicien
de son temps » 415
Texte 14 : Ph. O. Runge : « Lettre à Goethe du
3 juillet 1806 » 420
Texte 15 : C. G. Carus : « Lettre sur la physiogno-
monie des montagnes » 428
Texte 16 : A. von Humboldt : « La culture efface
quelque chose du caractère naturel et originaire » 433

IV. LESTHÉTIQUE ROMANTIQUE 439

1. Problèmes fondamentaux de lesthétique
romantique 439
1. 1. Anciens et Modernes 439
1. 2. Du néoclassicisme au romantisme 440
1. 3. La naissance de lesthétique comme discipline
autonome 444

Texte 1 : Schiller : « La fin ultime de lart est la
présentation du suprasensible » 447
Texte 2 : Hölderlin : « Lart est le premier enfant de
la beauté humaine, de la beauté divine » 452
Texte 3 : A. W. Schlegel : « La beauté sans caractère est
impensable » 460
Texte 4 : Novalis : « Les uvres dart supérieures sont
déplaisantes » 462
Texte 5 : A. W. Schlegel : « La poésie des Anciens se
caractérisait par la possession, la nôtre se définit
par laspiration » 464
Texte 6 : Jean Paul : « En tant que sublime inversé,
lhumour » 477
Texte 7 : Fr. Schlegel : « Le Witz est une explosion
desprit comprimé » 484
Texte 8 : Novalis : « La force productive de limagination » 489
Texte 9 : F. W. J. Schelling : « Lintuition esthétique est
lintuition intellectuelle devenue objective » 496

Texte 10 : K. W. F. Solger : « Lironie est lessence la
plus intime de la vie de tout art » 501

2. Poétologie 514
2. 1. Poésie et philosophie, une nouvelle alliance 514
2. 2. La « poésie de la poésie » 516
2. 3. Le roman romantique et le conte poétique 518
2. 4. La critique réflexive et poïétique 521
2. 5. Poésie dart et poésie de nature 522

Texte 11 : Fr. Schlegel : « La poésie romantique est
une poésie universelle progressive » 524
Texte 12 : A. W. Schlegel : « Lart et la poésie roman-
tique expriment laspiration mystérieuse au chaos » 526
Texte 13 : Fr. Schlegel : « La poésie mène les dieux
sur Terre » 528
Texte 14 : Novalis : « La poésie est en somme la clef
de la philosophie » 537
Texte 15 : Novalis : « Cest vraiment une chose bien
folle que de parler et décrire » 542
Texte 16 : W. H. Wackenroder : « Le langage des mots
est un grand don du ciel » 545
Texte 17 : G. H. Schubert : « Cette langue dabréviations
et de hiéroglyphes » 549
Texte 18 : Fr. Schlegel : « Il sagit dun de ces livres qui
se jugent eux-mêmes » 551
Texte 19 : Fr. Schlegel : « Chez nous autres modernes,
critique et littérature sont nées ensemble » 558
Texte 20 : L. Tieck : « Les poètes de Provence furent les
modèles des poètes allemands, français et italiens » 563

3. Musique et arts plastiques 568
3. 1. Musique et poésie 568
3. 2. Peinture de paysage et religion naturelle 570
3. 3. Architecture gothique et Moyen-Âge 573
3. 4. Correspondance des arts et uvre dart totale 575
Texte 21 : W. H. Wackenroder : « Les enthousiasmes
des peintres et des poètes » 577
Texte 22 : Ph. O. Runge : « Une uvre dart qui ne
se fonde pas sur notre propre existence éternelle ne
dure pas » 582
Texte 23 : Ph. O. Runge : « Le point [] provient
de Dieu » 592
Texte 24 : C. D. Friedrich : « Seule létroitesse de vue
de juges artistiques sans cur [] leur fait croire quune
seule et unique voie conduit à lart » 592
Texte 25 : H. von Kleist : « On a limpression, en le
contemplant, davoir les paupières coupées » 603
Texte 26 : E. T. A. Hoffmann : « Pensées très
détachées » 604
Texte 27 : W. H. Wackenroder : « La musique est le
seul art qui ramène les mouvements les plus divers et
opposés de notre âme à une seule et belle harmonie » 609
Texte 28 : Fr. Schlegel : « Larchitecture gothique peut
présenter directement linfini » 615
Texte 29 : Ph. O. Runge : « Dialogue sur lanalogie
entre les couleurs et les sons » 620
Texte 30 : A. W. Schlegel : « ...des tableaux se
transformeraient en poèmes, des poèmes en musique... » 623

 

 

 

 

 

 

V. HISTOIRE ET POLITIQUE


1. Une approche romantique de l´Histoire 627
1. 1. De lAufklärung au romantisme 627
1. 2. Esthétique de lHistoire 630
1. 3. Histoire et combinatoire 633
1. 4. De la scène historique au monde romantique 636

Texte 1 : J. G. Herder : « Une autre philosophie de
lHistoire pour la formation de lhumanité » 639

Texte 2 : J. G. Fichte : « Tous les individus font partie
de la grande unité de lesprit pur » 642
Texte 3 : Fr. Schlegel : « Condorcet et la philosophie
de lHistoire » 646
Texte 4: Fr. Schlegel: « Des plus anciennes migrations
des peuples » 650
Texte 5 : J. Görres : « LAllemagne et la Révolution » 654

2. La polis et la question de lÉtat 658
2. 1. Critique de lÉtat 658
2. 2. De lÉtat poétique à lÉtat absolu 661
2. 3. La question de la Nation 664

Texte 6 : Fr. Schlegel : « Il doit y avoir un État, et
celui-ci doit être républicain » 666
Texte 7 : Novalis : « Lhomme ne doit obéir quà ses
propres lois » 670
Texte 8 : A. Müller : « On ne peut pas penser lhomme
en dehors de lÉtat » 676
Texte 9 : Schiller : « LÉtat esthétique » 682

3. Utopie et nouvelle mythologie 685
3. 1. Utopie et révolte 685
3. 2. « La forme poétique du monde » 687

Texte 10 : Novalis : « un nouvel âge dor au regard
sombre et infini » 691
Texte 11 : F. W. J. Schelling : « On peut chercher
dans la physique spéculative supérieure la possibilité
dune mythologie et dune symbolique à venir » 695

 

 

 

 

 

 

Chronologie 701
Bibliographie 709
Index thématique 725