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André Belleau et le multiple

André Belleau et le multiple

Publié le par Perrine Coudurier (Source : David Bélanger)

André Belleau et le multiple

 

Depuis son implication au sein de la revue Liberté dans les années 1960 jusqu’à la publication posthume de ses réflexions sur l’œuvre de François Rabelais, André Belleau a participé de différentes manières à la vie intellectuelle québécoise. Certaines de ses hypothèses ont été reprises ou réévaluées dans les études littéraires. Ainsi en est-il, en littérature québécoise, de l’opposition entre le roman de la parole et le roman de l’écriture (Le romancier fictif), du conflit des codes (Surprendre les voix) qui serait au centre de sa genèse ou encore de la carnavalisation du roman québécois (Notre Rabelais). On reconnaît également sa contribution sur des questions politiques ou, à tout le moins, volontiers polémiques : le séparatisme, la recherche en littérature ou la place de l’intellectuel dans la culture québécoise. Pionnier d’une sociocritique dite de « l’école de Montréal », ayant contribué à la diffusion et à la compréhension des travaux de Mikhaïl Bakhtine, André Belleau a également proposé les premières réflexions sur la métafiction, au Québec − en cela nourri des intuitions de Jean-Charles Falardeau et des observations d’Erich Auerbach. Passeur de théories, il a commenté le structuralisme, les premières études narratologiques ou encore la sociologie littéraire naissante, celle du jeune Lukács et de Lucien Goldmann ; ce travail, constitué tout au long d’essais et d’articles a également pris la forme d’un enseignement, puisqu’il fut professeur à l’Université du Québec à Montréal durant plusieurs années. André Belleau a, en ce sens, une importance première dans la théorie littéraire du Québec et dans sa diffusion.

Professeur donc, mais également théoricien, penseur, essayiste, acteur de la vie intellectuelle ou polémiste (pensons seulement à son « M. Mordecai Richler est un parfait salaud » (1983)), de même que nouvelliste à ses heures, André Belleau a multiplié les statuts, joué de ses voix multiples qu’il faisait dialoguer au fil de ses publications. En cela, il est également écrivain ; d’ailleurs, ne disait-il pas lui-même que la distinction entre créateur et critique « se révèle maintenant tout à fait désuète et quétaine » (1986 : 86) ? C’est l’œuvre de ce penseur, son statut, son rôle que nous vous invitons à analyser. Le dialogue des discours d’André Belleau porte évidemment à différents constats, et parfois l’écrivain pointe dans la théorie quand ce n’est pas l’essayiste qui tâte du pamphlet. Toutefois, il ne s’agira pas, dans ce colloque, de rendre hommage ou de dresser une hagiographie du grand homme, mais bien de discuter de son apport ; en ce sens, il n’est pas interdit de critiquer ses hypothèses ou de relever les failles de ses discours. C’est à l’analyse, la critique, l’étude que nous vous convions.

            Approches

Pour ce faire, les analyses peuvent prendre diverses formes : dans une perspective descriptive − c’est alors l’analyse de la « manière Belleau » à laquelle on vous invite − prospective − la pérennité de ses hypothèses pourra alors être discutée − ou socio-historique − on s’intéresse, ici, à la place qu’il a occupé au sein des institutions et débats auxquels il a participé.

            Corpus

Les principaux recueils d’essais d’André Belleau sont bien connus et affirment, chacun, un aspect particulier de ses recherches : Le romancier fictif, Y a-t-il un intellectuel dans la salle ?, Surprendre les voix et Notre Rabelais. Or, on connaît moins les publications de Belleau avant 1970 − seulement 5 des 55 textes publiés au cours de cette période auraient fait l’objet d’une publication en recueil (Melançon, 1991 : 123). Il a également commis plusieurs nouvelles, toutes publiées uniquement en revue ou dans des collectifs. Ses cours, ses correspondances ou tout autre matériel d’archives peuvent également faire l’objet d’analyses.

Il est néanmoins possible d’analyser les textes autour d’André Belleau ou ceux qui permettent que résonne l’une de ses voix ; le carnavalesque québécois, en ce sens, a fait l’objet de plusieurs discussions (Cliche, 1987 ; Popovic, 1995 ; Biron, 2011) qui sauront être observées avec profit. C’est le dialogue constant que la littérature et la pensée québécoises entretiennent avec les fondements de l’œuvre d’André Belleau que nous voulons, dans ce colloque, mettre en lumière.

Le colloque se tiendra les 17 et 18 septembre 2015 à l’Université du Québec à Montréal.

Les propositions de communication (150 mots) pourront être envoyées au plus tard le 31 octobre 2014 à David Bélanger (belanger.david.8@courrier.uqam.ca), accompagnées d’une notice biobibliographique.

 

Comité organisateur

Jean-François Chassay, Professeur, Université du Québec à Montréal.

Michel Lacroix, Professeur, Université du Québec à Montréal.

David Bélanger, Doctorant, Université du Québec à Montréal.

 

Bibliographie

Belleau, André,  « M. Mordecai Richler est un parfait salaud », Liberté, no 150, 1983, p. 136-138.

Belleau, André, Le romancier fictif. Essai sur la représentation de l’écrivain dans le roman québécois, Québec, Nota Bene (Visées critiques), 1999 (1980).

Belleau, André, Y a-t-il un intellectuel dans la salle ?, Montréal, Presses de la cité (Primeur), 1984.

Belleau, André, Surprendre les voix, Montréal, Boréal (Papiers collés), 1986.

Belleau, André, Notre Rabelais, Montréal, Boréal, 1990.

Biron, Michel, « Il est permis de rire », Études françaises, vol. 47, no 2 (2011), p. 109-120.

Cantin, Serge, « André Belleau ou le malheur d’être touriste », Liberté, no 122, vol. 36 : 6 (décembre 1995), p. 27-69.

Cliche, Anne Élaine, « Un romancier de carnaval ?», Études françaises, vol. 23, no 3, 1987, p. 43-54.

Dumont, François, « Le fond des formes : la dynamique des genres chez André Belleau », Revue belge de philologie et d’histoire, vol. 75, no 75-3 (1997), p. 761-769.

Liberté, no 169, vol. 29 : 1 (février 1987) : hommage à André Belleau.

Marcotte, Gilles, « André Belleau, essayiste », dans Littérature et circonstances, Montréal, L’Hexagone (Essais littéraires), 1989, p. 305-312.

Melançon, Benoît, « Le statut de la langue populaire dans l’œuvre d’André Belleau ou La reine et la Guidoune », Études françaises, vol. 27, no 1, 1991, p. 121-132.

Popovic, Pierre, « Le festivalesque (La ville dans le roman de Réjean Ducharme) », Tangence, 1995, p. 116-127.

  • Responsable :
    David Bélanger
  • Adresse :
    Université du Québec à Montréal