Essai
Nouvelle parution
A. Régent-Susini, Bossuet et la rhétorique de l’autorité

A. Régent-Susini, Bossuet et la rhétorique de l’autorité

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Editions Honoré Champion)

Compte rendu publié dans Acta fabula : "Bossuet ou l’autorité en question" par Christabelle Thouin-Dieuaide.

 

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Anne Régent-Susini, Bossuet et la rhétorique de l’autorité

Paris : Honoré Champion, coll. "Lumière Classiques", 2011.

EAN 9782745322005.

840 p.

145 EUR

Présentation de l'éditeur :

La présente étude se propose de revisiter tout autant que de questionner une doxa, celle d’un Bossuet à la voix tonnante, au verbe triomphant. Apparemment monolithique, le discours de Bossuet se révèle en effet parcouru par de multiples tensions.

Poursuivant le rêve toujours réaffirmé d’une vérité universelle qui, intrinsèquement dotée d’autorité, n’aurait besoin que d’être énoncée, exposée, pour convaincre, Bossuet renonce en pratique à cette « antiéloquence » et développe dans la majeure partie de son oeuvre une argumentation se voulant, non sans paradoxe, construction d’immédiateté. Il élabore ainsi une rhétorique « anti-conversationnelle » : discours de combat, et non de débat ; de conversion, et non de conversation.

Pourtant, l’intimidation laisse bien souvent place à la construction d’un consensus (homonoia) – et l’affirmation du je à son effacement. Au pathos ouvertement autoritaire de la « pastorale de la peur » répond ainsi un pathos de la communion, trouvant son aboutissement dans ce sublime si souvent associé à la figure de « l’aigle de Meaux ». Surtout, tout en multipliant les postures d’autorité, Bossuet voit finalement sa propre image se dissoudre dans sa labilité même : il se donne dès lors pour le simple porte-parole d’une Voix (ou de multiples voix) qui le transcende(nt), dépossédé plus encore qu’inspiré, relais imparfait tendant en vain vers une pure transparence.

La véhémence de Bossuet et la puissance de son ton impérieux peuvent dès lors être comprises, non comme une mise en scène du je en majesté, mais comme une tentative d’imposer, dans un monde que l’unité et l’immuabilité ont déserté, la seule autorité possible : celle, foncièrement déficiente, de la médiation.

Ancienne élève de l’École Normale Supérieure de Paris et de l’Université de Cambridge, Anne Régent-Susini est maître de conférences en linguistique et littérature françaises à l’Université de la Sorbonne nouvelle – Paris 3. Elle est l’auteur de Bossuet. Sermons (Paris, Atlande, 2002) et de L’Éloquence de la chaire (Paris, Seuil, 2009).