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Á partir de Venise : héritages, passages, horizons : Cinquante ans de l'AILC

Á partir de Venise : héritages, passages, horizons : Cinquante ans de l'AILC

Publié le par Camille Esmein (Source : Samuel Minne)

Colloque international
Venise, 22-25 septembre 2005

Ce colloque célèbre le cinquantenaire de l'AILC/ICLA (Association Internationale de Littérature Comparée/ International Comparative Literature Association) et en particulier le jubilée de son premier congrès qui s'est tenu à Venise en septembre 1955 sur le thème « Venise dans les littératures modernes ».

Le colloque se veut :
1. Un moment de réflexion sur le développement d'une association qui, née comme un cercle restreint de chercheurs européens et nord-américains, est devenue dans les dernières décennies une organisation mondiale avec des milliers d'adhérents appartenant aux cinq continents.
2. Un débat théorique sur l'état d'une discipline fondamentale pour la compréhension des littératures et des cultures dans une perspective interdisciplinaire, et sur le projet scientifique et didactique qui la soutient dans cette phase.
3. Une réflexion et une discussion sur le rôle que Venise a tenu et qu'elle aura encore à tenir dans ce projet.
Si, de fait, il y a cinquante ans, Venise a été choisie, conformément aux perspectives des études de ces années, comme thème littéraire, aujourd'hui, la ville et sa région se présentent, par son passé et son futur, comme un carrefour des héritages et des perspectives qui permettent d'exemplifier leur rôle constant dans les processus interculturels entre Nord et Sud, entre Orient et Occident, entre Europe et Asie, Afrique, Amérique.

Comité d'Honneur (constitué de la Présidente en exercice et de tous les anciens présidents de l'AILC) : Roland Mortier, Eva Kushner, Douwe Fokkema, Maria Alzira Seixo, Gerald Gillespie, Jean Bessière, Koji Kawamoto, Tania Franco Carvalhal.
Comité consultatif : Yves Chevrel, Milan Dimic, Haga Toru.
Comité organisateur international :
Paola Mildonian (Présidente du Comité de l'AILC)
Manfred Schmeling (Vice-président européen de l'AILC)
Dorothy Figueira (Vice-présidente américaine de l'AILC)
Eduardo Coutinho (Organisateur du XVIIIe congrès à Rio de Janeiro en 2007)
Christine Baron (Paris III-AILC)
Isabel Gil (Université Catholique de Lisbonne-AILC)
Comité Unesco : Giovanni A. Puglisi (Président de l'Unesco-Italie)
Comité organisateur de l'Université de Venise :
Paola Mildonian, Francesca Bisutti, Eric Bou, Daniela Ciani, Gregory Dowling, Patrizio Rigobon, Alessandro Scarsella

Programme (prévisionnel) du colloque
Thèmes proposés (première circulaire du 20 décembre 2004)

1. La littérature comparée : du positivisme du XIXe siècle aux perspectives supranationales et transculturelles de la deuxième moitié du XXe siècle
La littérature comparée s'est définie depuis les premières décennies du XIXe siècle comme un pont nécessaire entre les sciences de la nature et les sciences historiques, les premières étant caractérisées par des systèmes fondés sur une méthode hypothético- inductive du positivisme, les secondes liées à l'herméneutique de la compréhension défendue par l'historicisme idéaliste. La littérature comparée aujourd'hui est certainement sur le plan méthodologique la résultante (certes non définitive et « ouverte ») de théories littéraires et d'instances historiques qui ont mis l'accent sur les principes de différence et de transformation même lorsqu'elles tendaient à une systématicité, à des accommodements fonctionnels qui permettaient synchroniquement et diachroniquement la description et la confrontation d'objets et d'événements littéraires dans le contexte de l'histoire des expériences esthétiques. Dans les quarante dernières années, cela a conduit soit à des systèmes de comparaison analytique d'origine positiviste, formaliste et structuraliste, soit à des lectures de type herméneutique, celles de Schleiermacher, de Heidegger, de Gadamer, jusqu'aux plus récentes de Derrida, Ricoeur, Rorty, qui se sont interrogées sur le rapport entre compréhension et interprétation dans la création et dans la réception des textes littéraires et de leurs interactions avec les diverses formes d'expression artistique. La littérature comparée a apporté une contribution unique à la définition des traditions et à la clarification des processus de mémoire collective et individuelle, au rôle nécessaire de la littérature dans la vie humaine, autant, et plus encore sans doute, à l'ère technologique. La confrontation de la littérature et des propositions des Cultural Studies, ainsi que des Etudes Postcoloniales a ouvert de nouveaux champs sur l'émergence des cultures aliénées, sur « les technologies de soi » (Foucault) et sur les perspectives de la post-histoire.


2. L'étude de la littérature comparée aujourd'hui dans le monde et la recherche menée dans l'AILC
La politique de recherche de l'AILC s'est transformée depuis ces vingt dernières années dans ses formes et dans la nature de ses programmes. A partir des années 80, la préoccupation constante des présidents a été la promotion des études comparatistes en Amérique latine, en Asie, en Australie, en Afrique et parallèlement, l'ouverture de la discipline à toutes les sollicitations méthodologiques suggérées par la théorie littéraire, la philosophie, les sciences humaines, et la connexion traditionnelle de la littérature comparée avec la musique et les arts plastiques et visuels, sollicitations pressantes et riches. La décision d'adosser les grandes initiatives de recherche historique à d'autres visant à l'approfondissement théorique ou à des champs privilégiés comme ceux des études de traduction littéraire d'abord, puis à d'autres études interculturelles ont multiplié les comités de recherche.
Les trois tables rondes seront introduites à partir d'une présentation plénière sur la politique de recherche et seront organisées de la manière suivante :

1) Histoire littéraire et théorie de la littérature dans la recherche supranationale de l'AILC.
2) La diffusion des réseaux régionaux et des Etudes Interculturelles.
3) Perspectives de recherches futures

3. Venise : « les restes du futur ». Un parcours exemplaire pour la littérature comparée
Depuis ses lointaines origines, Venise a eu un rôle d'intermédiaire privilégié dans la culture et la géopolitique de l'Europe et de l'Orient. Si les grandes découvertes de la fin du XVe siècle ont marqué sa décadence sur le plan économique, c'est à la fin du Quattrocento que s'est affirmée sa prééminence dans le domaine de la littérature et de la vulgarisation des connaissances relatives aux nouveaux mondes. Grâce au travail de ses ambassadeurs , de ses géographes, de ses lettrés, de ses imprimeurs, de Gasparo Contarini à Andrea Navagero, a Giovan Battista Ramusio et Aldo Manuzio, grâce à la liberté idéologique qui distinguait la Sérénissime, Venise devint un centre de diffusion des nouveaux savoirs. Au même moment, se constituait son imaginaire iconique ; l'étonnement suscité par Tenochtitlàn, la capitale du Mexique, s'est exprimée par la comparaison antithétique entre cette ville et Venise, et le nom premier de « Petite Venise » ou Venezuela fut donné aux villages sur pilotis qu'Alonzo de Hojeda construisit à Macaraïbe, sans imaginer que ce nom se serait étendu à une nation entière, et que les populations de la Sérénissime y contribueraient de manière significative, ainsi qu'à la construction de la plupart des nations des deux Amériques qui font face à l'Atlantique, et bien au delà de la fin de la République de Venise.

La session dédiée à Venise propose deux lectures interdisciplinaires et transculturelles de Venise, qui constituent des champs de recherche d'une grande actualité dans les études comparatistes
A. L'une théorique : Venise comme image de la diffraction et des découvertes et des projets qui se diffusent au-delà des coordonnés communes du temps et de l'espace pour permettre les hypothèses les plus hardies
B. Une lecture historique : les Venises du monde, sur les processus qui définissent en littérature la transmission et l'intégration des cultures migrantes.