Collectif
Nouvelle parution
A. Morini (dir.), Objets étranges

A. Morini (dir.), Objets étranges

Publié le par Florian Pennanech

Agnès Morini (dir.), Objets étranges, Saint-Étienne, Publications des l'Université de Saint-Étienne, coll. "Cercli", 2008, 340 p.

ISBN : 978-2-86272-497-3

Prix : 30 €

Présentation de l'éditeur :

Ces études s'appliquent à mettre en évidence la fonction révélatrice des objets dans la relation de la poésie au monde, dans la relation de l'individu aux choses et aux êtres. Elles rassemblent des histoires d'objets littéraires et artistiques italiens sur un large panorama temporel, depuis les textes médiévaux aux auteurs du XXe siècle. Nul ne s'attend évidemment à ce que les études qui composent cet ouvrage constituent, par les objets qu'elles examinent, une disparate à la manière des cabinets de curiosité d'autrefois, ni même un inventaire au détour duquel nous ne serions pas surpris d'apercevoir certain " raton laveur " de notre connaissance.

Tout au plus y observe-t-on la stimulante rencontre des baromètres, du miroir convexe, d'un collier de chien, de trains fantômes, de prismes de Murano, du premier télescope et d'un bout de ficelle, parmi quelques autres " drôles d'objets ". Ce qui frappera le lecteur, c'est en revanche la régularité et la finesse avec lesquelles les auteurs mettent en évidence la fonction éminemment révélatrice de ces objets au regard de la relation de la poésie au monde, de notre relation aux choses et aux êtres de ce monde, donc.
Tous constatent le caractère tout autre qu'accessoire ou anecdotique de la présence d'objets curieux ou insolites dans l'art ou dans la littérature, laquelle ne tient pas (ou pas seulement) à la recherche de quelque " effet de réel ". Et si certains objets traduisent, il est vrai, notre fascination scientifique ou technologique, rendant éventuellement compte de rapports nouveaux de la société au temps ou à l'espace, d'autres - ou les mêmes dans un autre contexte - s'imposent dans une " apparente insignifiance " que veulent évidemment dépasser ces spéculations, débusquant, derrière le " miroir ", le paradoxe d'un sens qu'il convient de rendre visible.
Objets exotiques, rares, extraordinaires, que les arts font entrer dans leur monde intérieur afin d'y recréer l'émerveillement du " dehors ", objets familiers aussi, mais dont nous n'épuisons jamais la connaissance et dont il faut incessamment traquer le " détail inaperçu ", objets banals à nos yeux, nouveaux aux yeux d'autrui, enfin, qui disent l'altérité et qui construisent un lien de curiosité et de séduction valant langage dans la conquête d'un territoire humain encore inexploré, quand ces objets inquiètent, quand ils révèlent la dimension effrayante du réel, quand ils troublent la relation au monde, mais aussi au texte, quand les mots même se font étranges, leur mise en scène est alors une revanche sur leur pouvoir.
En corollaire, le thème du regard, regard émerveillé ou regard inquiet qui, plus que l'objet, est en réalité la source première du sentiment d'étrange, suscite de profondes interrogations sur la fonction poétique comme " oeil " qui figure et transfigure, comme modalité exploratoire littéralement inépuisable du monde. Sans doute n'est-ce point totalement novateur, mais encore ces études ont-elles le mérite de rassembler, pour le dire, des " objets " littéraires et artistiques italiens qui balaient un large spectre temporel et générique: de la médiévale Couronne des mois de Cenne da la Chitarra à divers auteurs du XXe siècle, en passant par un peintre du XVIe ou un homme des Lumières, Algarotti, pour ce citer que ces exemples.
Précisons enfin que ces études entrent dans le cadre d'un projet quadriennal de recherche qui doit amener à étudier, à partir d'oeuvres tout aussi ambitieuses au plan diachronique comme à celui de leur genre, personnages et lieux étranges, ce qui implique que les présentes pages gagneront à être croisées avec celles à venir.