
"Relever le lustre et le privilège des dames, opprimés par la tyrannie des hommes, de les combattre plutôt par eux-mêmes, c’est-à-dire par les sentences des plus illustres esprits de leur sexe profanes et saints, et par l’autorité même de Dieu": telle fut l'ambition de Marie de Gournay (1565-1645), "fille d’alliance" de Montaigne et éditrice de ses Essais. Dans les petits traités réunis sous le titre de l'Égalité des hommes et des femmes et autres textes (Folio Sagesse), elle défend la position des femmes, en réclamant pour elles un accès au savoir et aux débats intellectuels.
Le débat sur l'éducation féminine s'est prolongé, comme on sait, sur plus de deux siècles. Créée en 1672, Les Femmes savantes ne raillent pas tant l'accès des femmes au savoir que l'étroitesse de vues des pédantes, comme le montre Lise Michel dans la nouvelle édition du chef-d'œuvre de Molière le plus délicat à interpréter, procurée pour la collection GF-Flammarion.
"Venez apprendre comment, nées compagnes de l’homme, vous êtes devenues son esclave. Apprenez qu’on ne sort de l’esclavage que par une grande révolution. Cette révolution est-elle possible ? C’est à vous seules à le dire": au siècle suivant, c'est l'auteur des Liaisons dangereuses qui plaide la cause des femmes dans De l'éducation des femmes, opportunément réédité aux éditions des Équateurs avec une préface de Geneviève Fraisse.
Sur ces questions, le lecteur de Fabula pourra se reporter au compte rendu proposé naguère par Isabelle Matamoros de l'essai d'Adeline Gargam, Les Femmes savantes, lettrées et cultivées dans la littérature française des Lumières ou la conquête d’une légitimité (1690-1804), et à l'entrée Femme de l'index de notre revue des parutions Acta fabula.