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L’autobiographie au croisement des genres, dans le Monde arabe et en Occident (Moknine)

L’autobiographie au croisement des genres, dans le Monde arabe et en Occident (Moknine)

Publié le par Université de Lausanne (Source : wided dhrayef)

Appel à communications 
Colloque : L’autobiographie au croisement des genres, dans le Monde arabe et en Occident 
Institut Supérieur des langues appliquées- Moknine- Tunisie
5-6 avril 2018

« C’est moi et ce n’est pas moi », est la réponse de Roland Barthes dans Le Grain de la voix. Depuis la publication des premiers écrits de Jean Starobinski et de Philippe Lejeune, les travaux sur l’autobiographie sont devenus légion. Tant dans le Monde arabe qu’en Occident, elle est considérée comme une question cruciale à travers laquelle se joue la pertinence de la place et du rôle alloués au récit de vie dans leur société respective.

On peut d’ailleurs, d’une manière générale, se poser la question de savoir dans quelle mesure déjà une biographie est forcément le récit d’une existence au sens strict. S’agissant d’une autobiographie, le problème reste de savoir s’il convient de vérifier les faits évoqués ou l’image de soi que reconstitue l’auteur (peut-être plutôt le domaine de l’historien) ou s’il convient d’appréhender l’autobiographie comme moyen de compréhension de soi-même de l’auteur, homme ou femme, par l’écriture.

Certaines questions demeurent encore de grande actualité : que signifie pour un écrivain le fait de raconter sa vie à l’heure des grandes crises et fractures de notre temps ? En quoi un tel acte peut-il constituer un enjeu majeur dans l’économie générale de son œuvre ?  Questions qui méritent d’être examinées à la lumière aussi bien des textes du passé que celle d’aujourd’hui dans les deux mondes : arabe et occidental. Sachant que les modalités d’écriture n’ont cessé d’évoluer, et que les formes de narration et de construction continuent de bouleverser les convenances les mieux assurées de l’autobiographie.

Il semble désormais crucial de savoir par rapport à quel horizon d’attente l’œuvre autobiographique est aujourd’hui produite et reçue. Sans oublier de s’interroger sur les différentes options herméneutiques qu’elle suscite et qu’elle permet, quel que soit le pacte qu’elle déclare (directement ou indirectement) établir avec le lecteur ou la lectrice.

Cependant l’intérêt pour l’autobiographie, qui motive ce colloque, ne s’explique pas seulement par l’accroissement de la production de textes qui s’y apparentent, et dont il convient d’analyser le fonctionnement au regard des changements qui touchent l’individu et ses désirs d’expression. Ni uniquement par le fait que la théorie littéraire s’est évertuée à soumettre l’écriture autobiographique à toutes sortes de paradigmes qu’il devient nécessaire de repenser. La recherche, on le sait, ne se développe sur des bases solides qu’en remettant à distance ses propres outils méthodologiques, heuristiques et épistémologiques.

Par ailleurs, essayer de saisir les effets de langue que revêt le récit autobiographique quand il investit des territoires de l’imaginaire, du symbolique et de l’idéologique, nous paraît constituer une autre source d’intérêt de notre colloque. Ce n’est pas parce qu’elle se veut récit d’une vie que l’autobiographie est exempte de tout enjeu social et culturel. En prenant en compte cet aspect, nous souhaiterions faire émerger des analyses sur les dispositifs dont elle se sert pour « déstabiliser l’Histoire » (Marc Gontard). Et ce, au niveau de ses dits et de ses non-dits.

D’où la question inévitable : qu’est-ce qui fait que nous pouvons parler de l’engagement d’un texte autobiographique ?

Mais outre ces questions capitales, aux plans narratif et méta-narratif, nous voulons aussi que ce colloque fasse date et amorce un tournant. C’est pourquoi nous voulons que ses travaux s’attaquent à un aspect qui n’a pas eu tout l’intérêt qu’il doit avoir : le croisement de l’autobiographie avec d’autres genres et types de récits et de discours dans les aires culturelles et géographiques annoncées plus haut. Il s’agira de passer au crible l’autobiographie en relation avec d’autres formes de l’écriture du « je » et du « moi », en mettant à jour les glissements qui s’opèrent entre elles et les métamorphosent auxquelles elles donnent lieu. Seront examinés dans cette perspective : le journal, la biographie, les mémoires, le récit de voyage, l’autofiction -sans prétendre à l’exhaustivité- où les figures de l’identité et de l’altérité jouent un rôle déterminant… On se posera notamment à leur lumière la question déroutante que voici : comment, d’un genre à l’autre, les codes et les frontières du récit sont-ils bousculés, combinés ou réinventés ? De même qu’à propos d’un seul genre, nous inviterons à creuser cette problématique : comment y prennent corps de multiples réseaux discursifs, intertextuels, fictionnels, culturels ? Comme quoi il n’y a pas de genre « pur », à l’abri de toute « contamination ». Nous en voulons pour preuve justement l’autobiographie qui est riche en marques d’hybridation et de transmigration. Mais n’est-ce pas par là qu’elle force notre fascination ? Il suffit de revenir à certains genres classiques (le roman, la poésie) pour s’en convaincre. Il sera fort utile à ce titre de voir, par exemple, quels usages les romanciers et les poètes font de l’autobiographie et de ses formes limitrophes. C’est dire en somme que l’autobiographie n’est pas qu’un genre singulier. Elle est au cœur de la littérature dont elle active continuellement la dynamique multidirectionnelle. Et aussi hybride soit-elle, comment expliquer alors qu’elle jouit d’une autonomie esthétique qui fait à la fois sa « personnalité » et sa singularité ?

Axes  :

- L’autobiographie et la construction de l’identité

- Autobiographie et pratique scripturale

- L’autobiographie est-elle un genre ?

- L’autobiographie dans le croisement des genres

- L’autobiographie et la littérature engagée

- L’autobiographie et l’autofiction

- L’autobiographie et ses réceptions

- Autobiographie et style.

Participation :

Les propositions de communication d’une quinzaine de lignes accompagnées d’une notice bio-bibliographique (de dix lignes (appartenance, centres d’intérêt, publications), dans un document séparé, seront envoyées jusqu’au 20 décembre 2017, à :

Mme wided Dhrayef : wided_dh@yahoo.fr

Confirmations d’acceptation : 15 janvier 2018.

À chaque intervention seront allouées 20 minutes, suivies par des discussions.

Les langues du colloque sont : l’arabe, le français, l’anglais, l’italien et l’espagnol.

La taxe de participation sera de 120 euros, ou leur équivalent en dinars Tunisiens. Les doctorants tunisiens seront redevables de 150 dinars tunisiens. 

Les organisateurs prendront en charge l’hébergement de deux nuits pour les intervenants étrangers et tunisiens, hors les Universités de Monastir, Sousse et Kairouan.

Lieu du déroulement des séances : Université de Monastir, Institut Supérieur des Langues appliquées à Moknine, Tunisie.

Les communications feront l’objet d’une publication après évaluation d’un comité scientifique

Coordinateur général du colloque : Mohamed Saad Borghol

Comité scientifique :

Abderrahmane Tenkoul (Université de Kenitra), Catherine Gravet (Université de Mons),Farida Bouhassoune (Université de Kenitra), Othman Ben Taleb (Université de Tunis-El Manar), Moncef Louhaibi(Université de Sousse), Mansour Mhenni (Université Tunis-El Manar), Mustapha Trabelsi (Université de Sfax), Nizar Ben Saad (Université de Sousse), Samir Marzouki (Université Tunis- El Manar), Taoufik el Aloui (Directeur du Centre National de la Traduction-Tunis).

Comité d’organisation :

Coordinatrice générale : Wided Dhrayef.

Boutheina Boughraira, Dalila Limème, Imène Maalej, Mongi Lassoued, Nabil Najjara, Nadia Mili, Ridha Zairi, Saida Ben Salem, Sarah Kantaoui,

  • Responsable :
    wided dhrayef
  • Adresse :
    Institut Supérieur des langues appliquées- Moknine-Tunisie