
Interstudia, n°16/2014, « Miroirs obliques : auto-représentations biaisées dans le discours et dans les arts»
Interstudia, n°16/2014, « Miroirs obliques : auto-représentations biaisées dans le discours et dans les arts», Alma Mater, Bacau, 2014
ISSN : 2065-3204.
Tracer les contours de son être, révéler son moi, créer une image authentique et véridique de soi au moyen des mots ou d’autres formes d’expression constitue un vrai défi pour les hommes. Des facteurs d’ordre ontologique, psychologique, social, historique, moral, culturel, linguistique, etc. sont autant d’entraves à l’accomplissement du désir du locuteur/écrivain/artiste de s’auto-représenter aussi fidèlement que possible. Des interdits en tous genres, la spécificité d’un certain projet créateur ou d’une situation de communication, la prise de conscience de l’inadéquation entre la réalité subjective - fatalement fuyante et protéiforme - et le langage - limité et trompeur -, ou bien un certain penchant pour les détours, tout cela peut amener le sujet à s’inventer des rôles et des masques, à emprunter des voies tortueuses, à (re)présenter son moi d’une manière biaisée. Le vrai est dissimulé quelquefois derrière les allégories, les analogies, les symboles, le trompe-l’œil, l’illusion, les rêves ou les mythes, déguisements par lesquels la représentation discursive ou visuelle de soi montre son obliquité, son ambiguïté ludique, ainsi que son recours constant à l’altérité. Le langage chiffré, le trucage, la fiction révèlent et cachent à la fois, leurrent et démystifient, pouvant dévoiler le dedans des choses et nous montrer ainsi le chemin vers la pensée la plus profonde.
Les 28 contributions du présent numéro de la revue Interstudia s’attachent à cerner les causes et les enjeux de ces modalités retorses de représenter le moi dont on use parfois dans l’espace discursif et dans divers domaines de l’art.
TABLE DES MATIÈRES
Avant-propos
I. FORMES ET ENJEUX
DE LA VÉRITÉ SUR SOI EN LITTÉRATURE
Eva Ahlstedt
L’autofiction en Suède. Les stratégies autofictionnelles de deux écrivaines contemporaines : Kerstin Ekman et Birgitta Stenberg
Britt-Marie Karlsson
Traces autofictionnelles dans l’œuvre de Jonas Hassen Khemiri
Maricela Strungariu
Eugène Ionesco et l’ambiguïté du regard sur soi
Mathilde Bataillé
Michel Tournier et « le miroir à deux faces » : portrait oblique d’un écrivain au croisement du dire et de l’être
Mükremin Yaman
La vie privée de Michel Tournier à travers ses romans
Ruxandra Vulcan
Catherine Safonoff ou une vision romande contemporaine fragmentée
Cătălina Onofrei
Représentation du moi dans les poèmes de deuil de Denise Levertov
Elena Ciobanu
La corporalité impersonnelle de l’intellect dans la poésie contemporaine
II. JEU, MASQUE, IRONIE : L’AMBIGUÏTÉ LUDIQUE
DU DISCOURS SUR SOI
Dominique Bertrand
La fiction diogénique et burlesque de Dassoucy : un espace de mentir-vrai
Claude Fintz
Autoportrait, autobiographie et auctorialité en dérision
Ela Vălimăreanu
Autofiction, obliquité et autres «æncrages» dans la représentation discursive du moi intime
Pascaline Payard
Autoreprésentation ironique dans les romans français de Milan Kundera
Tatiana Ciocoi
Elsa Morante: la mémoire comme examen patomorphologique des mensonges romanesques
Veronica Grecu
« Savés pour quoi j’ai mon abit cangiet ? » Adam de la Halle ou la mise en scène d’une utopie personnelle
Emilia Munteanu
Être de discours/être du monde ou dialogue de monsieur avec monsieur dans le théâtre de Tardieu
Viviane Araújo Alves da Costa Pereira
Eugène Ionesco entre les influences et les silences
III. ÉTHOS ET IMAGE DE L’ÉNONCIATEUR :
ENTRE ÊTRE ET PARAÎTRE
Jean-Christophe Pitavy
«Où est je ?» : présence et absence du moi en langue et en discours
Simina Mastacan
Effacement énonciatif et représentation biaisée de soi dans le discours
Felicia Dumas
L’autodésignation dans le discours liturgique orthodoxe
Adriana-Gertruda Romedea
Parler autrement. Le langage codé derrière les allégories
Florinela Floria
L’éloquence des sens. Pour une sociosémiotique gastronomique
Djamel Benkrid
Le langage de l’être et les chemins de l’impensée : entre vérité / (men)songe et (dé)croyance ; style de Nietzsche
IV. REPRÉSENTATIONS ARTISTIQUES
ET NUMÉRIQUES DU MOI
Raluca Bălăiță
Le silence de la peinture, l’autre langage de Ionesco
Julien Rault
Roland Barthes par la photographie. Discours sur soi, engendrement et filiation dans La Chambre claire
Caroline Ziolko
Jean Le Gac : Autoportrait réel et imaginaire
Margot Burident
Autoportrait et altérité dans l'œuvre photographique de Francesca Woodman
Marion Zilio
Le masque, un organe artificiel ?
Damien Messager
Représentation du moi à l’ère du numérique
COMPTES RENDUS
Odette Arhip, Opera picturală – o lectură semiotică (Cristina Hermeziu)
Frédéric Beigbeder et son œuvre : un menteur qui dit la vérité! (Kamil Civelek)
Responsable : Simina Mastacan