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Appels à contributions
L’esthétique après la déconstruction : la philosophie à l’épreuve de l’art

L’esthétique après la déconstruction : la philosophie à l’épreuve de l’art

Publié le par Marc Escola (Source : Vangelis Athanassopoulos)

Appel à contributions

L’esthétique après la déconstruction: la philosophie à l’épreuve de l’art

(titre provisoire)

Sous la direction de Vangelis Athanassopoulos (Université Paris I Panthéon-Sorbonne), Aline Caillet (Université Paris I Panthéon-Sorbonne) et Marc Jimenez (Université Paris I Panthéon-Sorbonne).

Avec la participation de David Zerbib pour le texte de présentation.

 

Les définitions pourraient être bonnes si l’on n’employait pas des mots pour les faire.

Jean-Jacques Rousseau

 

Le point de départ de cette publication est le colloque international Esthétique et déconstruction. Parages de l'art et de la philosophie organisé à l’UFR Arts plastiques et Sciences de l’art de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne le 6 et 7 décembre 2012, sous la direction de Vangelis Athanassopoulos et Marc Jimenez. S’appuyant sur une sélection des communications présentées lors de ce colloque, nous avons voulu élargir l’appel à textes à des contributions scientifiques de qualité traitant de questions relatives aux rapports entre la philosophie de l’art, et tout particulièrement l’esthétique, et la déconstruction.

Il a souvent été noté que cette dernière, à travers les textes de son principal théoricien, Jacques Derrida, comme dans ceux de ses héritiers plus ou moins fidèles, tendait à articuler un « tournant esthétique » de la philosophie française. Pensée indissociable d'une forme d'écriture chez le premier, privilège des objets artistiques dans une conceptualité nouée à la littérature en premier lieu, mais aussi à la peinture, au théâtre, à la musique ou à l'architecture, la déconstruction semblerait  assez intuitivement, pour une part du moins, justiciable d'une inscription au registre des théories esthétiques. Inscription d'autant plus légitime en apparence que le terme même de déconstruction a connu une indéniable fortune, ces trente dernières années, dans les pratiques discursives des artistes et des critiques.

Or, cette inscription de la déconstruction dans le champ de l'esthétique pose problème, au moins à double titre. D’une part, l’œuvre de Derrida empêche, par sa manière de traiter l'art par ses abords et ses marges, d'identifier le projet d'une quelconque théorie esthétique, pas plus que celui d'une philosophie de l'art unifiée sous l'égide d'un concept d'art. D’autre part, en mettant en question le logocentrisme de la philosophie occidentale et les distinctions métaphysiques sur lesquelles se fonde son approche du phénomène artistique, la déconstruction semble se situer à l’opposé de l’esthétique en tant que discipline, voire parfois constituer une sorte d’« anti-esthétique », courante dans un large pan des théories postmodernes de l’art et de la culture, qui vise à invalider la prétention de l’esthétique à l’autonomie.

L’objectif de cet ouvrage est d'examiner à nouveaux frais ces contradictions, afin peut-être d'en déconstruire les plans hiérarchiques, et de remettre ainsi à jour l'agenda de la pensée esthétique dont les enjeux contemporains, marqués indissociablement par l'extension sans précédent de son champ de questionnement et par le défi corrélatif de son effectivité analytique et critique, appellent de nouvelles articulations. En réunissant des chercheurs qui, venant d’orientations diverses, partagent une réflexion commune sur les mutations contemporaines dans le champ du sensible, il s’agit d’explorer les régions de tension autant que les points de convergence entre des questions liées à la théorie et à la pratique artistiques et les perspectives, les enjeux et les modes opératoires de la critique déconstructive. Ne peut-on pas faire l'hypothèse, par exemple, que tout en démontrant les angles morts et les indéterminations de l’esthétique, sa déconstruction ne disqualifie pas nécessairement – tout au contraire – la prétention de saisir les conflits inhérents au processus créatif et la nature constitutivement ambiguë de l’expérience artistique ? Ou, encore, que l'esthétique, dans son rapport à l'art et à la philosophie, opère par définition comme un principe déconstructif, obligeant la pensée à sans cesse se tourner vers les conditions de son inscription et de son expérience propres ? À cet égard, n'y a-t-il pas lieu de questionner le potentiel critique de la déconstruction vis-à-vis d'une pensée postmoderne qui se serait trop vite réclamée d'elle ?

L’esthétique et la critique déconstructive semblent partager un double bind, une double limite qui détermine leurs conditions respectives de possibilité : d’une part la dialectique de l’œuvre d’art dont l’autonomie contient en elle-même le mouvement de son propre dépassement en vue de sa réinscription au sein du vécu ; et d’autre part le paradoxe qui fait que l’opérativité de la déconstruction ne cesse d’être fonction des principes mêmes contre lesquels elle dirige ses critiques. Envisager la déconstruction comme modalité esthétique revient en ce sens à mettre en mouvement ses contradictions internes en les rapportant au problème de la réflexivité de l’œuvre d’art, de ses rapports à l’histoire et à la valeur et de sa dimension politique. Souvent associée à la liquidation des critères d’évaluation, la théorie de la déconstruction peut-elle servir aujourd’hui, avec le recul historique, à l’élaboration d’un discours distinctif capable de démontrer les contradictions de l’universalisme sans tomber dans le relativisme pluraliste, de rendre compte de la mobilité des signes et des capitaux sans perdre de vue son impact dans la production du réel ?

Pistes de réflexion :

–   Déconstruction et théorie critique

–   Les rapports entre l’esthétique et les études culturelles et le débat autour de la    French Theory

–   Théorie « continentale » et philosophie analytique

–   Subjectivité, sensibilité, plasticité de la pensée

–   L’écriture sur l’art

 

Les textes, d'une longueur comprise entre 20 000 et 30 000 signes – notes de bas de pages comprises –, devront être introduits par un abstract de 600 à 800 signes et sa traduction en langue anglaise et envoyés avant le 30 novembre 2013 par voie électronique à Vangelis Athanassopoulos evangelos.athanassopoulos@sfr.fr.

Ils seront soumis sous anonymat au comité de lecture pour une double évaluation par les pairs.