
Ineffacer: l’oeuvre et ses fins
Colloque international à University College Dublin
13-14 décembre 2012
Appel à communications
En ces temps de changements accélérés et de violences cataclysmiques, le poète et philosophe Michel Deguy emploie le verbe « ineffacer » pour déjouer la fatalité de la fin. Le verbe implique également le renversement actif d’un processus d’oubli et d’oblitération. Considérée sous ce jour, l’oeuvre s’attache moins à ce qui est porté disparu qu’à ce qu’il lui revient de porter disparaissant. Ni chant d’un monde ressuscité ni deuil d’un monde irrémédiablement perdu, l’oeuvre sert à capter l’en aller irrévocable dont se double toute manifestation de présence sur terre. Ce colloque explorera la manière dont divers écrivains et artistes contemporains posent la question de la fin (terminus) et, ce faisant, nous invitent à réfléchir plus généralement aux fins (télos) de toute pratique esthétique. Il examinera une poétique du passage et du provisoire susceptible de joindre à des perspectives d’effondrement et de perte un incessant mouvement d’éclosion, ou ce que le critique Martin Rueff appelle « un faire apparaître dans la disparition en acte ». Après tout, « fin » rejoint « faim » par le biais de l’homophonie, et comme l’a bien noté Bernard Noël dans son étude de l’art occidental, le désir, qui se signale à la fois par son épuisement inévitable et son interminable résurrection, est ce flux pulsionnel que canalisent et intensifient la gestuelle et les formes de la peinture. Par conséquent, Noël propose de relire l’histoire de l’art comme un véritable « musée du désir ». Allant de l’ontologique et du poétique jusqu’au corporel et au matériel, le colloque considérera aussi le paradoxe que représente « ineffacer » – la tension perpétuelle entre soustraction et addition, surcharges et repentirs – au coeur même du cheminement créateur, et s’interrogera sur la place de l’inachevé et de l’inachevable dans la conservation et la transmission du patrimoine littéraire et artistique.
Avec la participation de l’équipe littéraire du laboratoire « Lexiques, Dictionnaires, Informatique CNRS UMR 7187 » de l’Université Cergy-Pontoise et son projet « Quand les écrivains font leur musée… », ainsi que celle de l’équipe du Centre de recherche interuniversitaire sur la littérature et la culture québécoises (Université de Sherbrooke et Université de Montréal) et son projet « Poétiques de la compassion : pauvreté et mort dans la poésie, l’essai et le récit ».
Comité organisateur : Michael Brophy et Mary Gallagher, French & Francophone Studies, School of Languages and Literatures, University College Dublin.
Les propositions de communication (sous la forme d’un résumé de 300 mots, rédigé en anglais ou en français) doivent être envoyées par courrier électronique à l’adresse suivante avant le 22 juin : michael.brophy@ucd.ie