
"« DPLA ». Acronyme, sigle ou nom de code, peu importe, on verra bien puisqu’on a un an pour d’y faire. Car dans une douzaine de mois, «l’utopie » imaginée par Robert Darnton, qui dit en avoir puisé l’énergie dans l’activisme démocratique des Pères Fondateurs des Etats-Unis, sera déjà réalité. Rien moins que réussir là où Google a échoué : une grande bibliothèque numérique, et en libre accès ! Des millions d’oeuvres consultables gratuitement en ligne, dont bon nombre sont dans le domaine public, et le cas échéant dans le respect du droit d’auteur, étant entendu que les oeuvres dites orphelines sont exclues de la liste en attendant qu’une solution juridique soit inventée pour assurer leur protection. Il prévoit de faire aussi figurer dans ce catalogue des livres parus récemment mais déjà sortis du circuit : inscrit sur « un mur mouvant », ils seront susceptibles d’en sortir à tout moment à la demande des ayants droit.
C’est un vaste et ambitieux programme que Robert Darnton a révélé cette semaine lors d’une conférence aux étudiants en droit de Columbia (NY). L’historien de l’Europe des Lumières et de l’histoire du livre, par ailleurs directeur du réseau des bibliothèques universitaires de l’université de Harvard, est persuadé que le DPLA verra le jour en avril 2013 avec deux millions de livres en ligne, pour commencer. Il lui faudra vaincre certaines résistances du côté des éditeurs et des auteurs, quand bien même a-t-il pris soin de faire entrer ces derniers dans le comité de direction de son projet ptoléméen. Comme il s’affiche « sans but lucratif », on se doute bien que la nature et l’origine de son mécénat seront étudiées à la loupe."