
Mise en ligne des actes du colloque Autnonymie organisé à Paris 3 en octobre 2000 par le SYLED.
Appel à communication (mai 1999)
Si la réflexivité langagière - qu'on l'évoque comme faculté ou fonction métalinguistique - peut être considérée, par E. Benveniste par exemple, comme l'une des propriétés caractéristiques des langues naturelles, le fait sémiotique de l'autonymie - ou de la mention - en apparaît comme la pierre angulaire.
"Le mot 'chien' ne mord pas !", on le sait : que les signes de la langue puissent cesser de représenter - ou de seulement renvoyer - au "monde" pour renvoyer à eux-mêmes, c'est toute une tradition de réflexion de philosophes, de logiciens, de grammairiens, de linguistes qui s'attache à en rendre compte ; et c'est chaque enfant qui, à travers les "jeux de langue" qui lui sont consacrés - les "dis-moi pourquoi/ dis-moi "pourquoi", " -, refait l'expérience, jubilante et inquiète, de cette déstabilisation du "solide" rapport mot-chose.
Initiées par des travaux de fond - entre autres théories philosophico-pragmatique de l'opacité ou de la réflexivité généralisée proposées par F. Recanati, O. Ducrot, approche linguistique du métalangage naturel menée par J. Rey-Debove -, de nombreuses recherches ont été développées ces 20 dernières années, thématisant centralement - ou faisant une place significative à - ce fait langagier de l'autonymie (ou de la mention, citation, monstration de mots ), qui sous des formes extrêmement diverses, impose sa présence dans toute la gamme des discursivités : des discours métalinguistiques des dictionnaires et grammaires aux échanges conversationnels les plus quotidiens.
Il nous a paru que le temps était venu d'une synthèse et d'une confrontation des travaux sur ce phénomène, en l'envisageant au triple plan
- des approches théoriques dont il a été l'objet dans l'histoire de la pensée linguistique,
- des formes linguistiques par lesquelles il se réalise dans les langues,
- des fonctionnement discursifs auxquels il se prête,
constituant les trois axes dans lesquels nous souhaitons recevoir des propositions de communication pour ce colloque.
A. L'autonymie (mention) dans l'histoire des théories du langage et des langues
Quels places, statuts, traitements ont-ils été conférés au fait autonymique (à la mention) selon les périodes et les points de vue (philosophique, logique, sémiotique, linguistique, ) à travers lesquels il a été abordé ? Quelles filiations, glissements, contradictions, ruptures explicites ou implicites peuvent être mis au jour entre les diverses approches dans l'histoire et dans la "synchronie" contemporaine ?
B. Le fait autonymique dans la diversité des langues
S'il est permis de penser que toute langue dispose d'un marquage de la mention, de quelle nature est ce marquage dans la diversité des langues : statut grammatical, catégoriel, de l'autonyme, marques et indices à l'écrit et à l'oral, distribution, typographie, prosodie ?
On s'interrogera, en particulier, dans les langues (comme le français ) où le rapport entre autonymie et catégorie nominale semble clair, sur le fonctionnement "nominal" exact de l'autonyme, relativement au nom (noun), au nom propre, au syntagme nominal , selon qu'il renvoie à un "type" ou un "token", etc.
On questionnera aussi, dans les langues, le rapport entre formes "pures" de l'autonymie (mention) et formes complexes cumulant les deux ordres de référence - aux choses et aux mots à la fois -, désignées comme connotation ou modalisation autonymique : diversité (voire hétérogénéité) de ces formes de "cumul" (ou d'interférence entre usage et mention), oppositions marquées et ambiguïtés entre formes simples et formes complexes, fonctionnement de l'anaphore et de la coréférence dans ce champ,
C. Le fait autonymique en discours
1. sites discursifs.
Comment intervient la dimension réflexive de l'autonymie (simple ou complexe) dans une variété de "sites" - ou de configurations - linguistico-discursifs tels que : les formes du discours rapporté (avec la controverse toujours vive sur la question de l'autonymie comme élément caractéristique du discours direct, par exemple), l'énoncé proverbial, la maxime, la parole rituelle, le slogan, le titre, l'exemple en grammaire, des éléments du fonctionnement dialogal comme les réponses-"écho", les reprises immédiates, etc. ?
2. fonctionnalités discursives
Le mode sur lequel les discours sont marqués par ce "décrochage sémiotique" et les effets qu'il y entraîne - pragmatiques, argumentatifs, dialogiques, subjectifs, esthétiques, - peut-il apparaître comme propre à des genres, des champs discursifs, des situations de communication, des sujets parlant, des écritures littéraires et éclairer quelque chose de leur économie ?
CONTRIBUTIONS CLASSÉES PAR THÈME :
Thème 1 : Cadrages et points de vue
Thème 2 : L'autonymie dans les structures phrastiques
Thème 3 : Configurations linguistico-discursives
Thème 4 : Dialogue et dialogisme interlocutif
Thème 5 : Autonymie et discours autre : du discours rappoté au déjà-dit du discours
Thème 6 : Inconscient et jeu des mots
Table ronde : Echange de vues