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"Délacement. La déconstruction, analyse frivole ou inventive ?", par J. Lèbre (Laviedesidees.fr).

Publié le par Marc Escola

« Qui délasse hors de propos, illasse », disait Pascal. Pour célébrer la période estivale et sesdélassantes activités, la Vie des Idées est heureuse de publier unessai original de Jérôme Lèbre sur le délacement, en hommage à Jacques Derrida.


Le texte offert sur le site laviedesidees.fr est issu d'une contribution à uncolloque international en hommage à Jacques Derrida organisé par laBibliothèque nationale d'Algérie et l'Université d'Alger, avec lesoutien du Centre culturel français d'Alger (25 novembre 2006).

" Commençons par une pause : par le délassement, tel qu'on l'entend ettel qu'il s'écrit habituellement. Ce contraire sans noblesse du travailn'a pas le sérieux du loisir, temps de la formation de soi qui culminedans une pensée non productive et pour cette raison même consacrée à lavérité et au bien. Il n'a pas, cela va sans dire, la teneurexistentielle du désoeuvrement. Il a même quelque chose d'aliénant,quand le travail ne laisse plus d'énergie à consacrer au loisir. Tempsperdu que le travail admet en l'encadrant, il peut bien trouver saplace dans le programme d'un colloque. Mais cependant, en évoquant cedélassement-là, nous prenons un risque. Car celui qui, par lapsus,déclare la séance close au moment de son ouverture, peut encore sefaire pardonner, non seulement son mot, mais encore son désir. Maiscelui qui, au milieu de la séance, propose un délassement impromptu,voit planer sur lui la menace de Pascal : « Qui délasse hors de propos,il lasse ». Nous ne prendrions cependant pas ce risque si ce n'étaitpour quelqu'un, en hommage à quelqu'un, à savoir Derrida. Car par-delàtous les débats sur le manque de sérieux de la déconstruction, Derridas'est toujours présenté explicitement comme se volant sa propre parole,se l'appropriant à tort pour un temps toujours trop long, et proposantsans assurance une pensée située à l'extrême, ou à la limite, dusérieux. Ses derniers mots écrits nous demandent de sourire. Et sespremiers mots peuvent être, au début d'une conférence : « Pardon, oui,pardon » ; ou encore, au début d'un séminaire : « c'est assez dire » "

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