L’ésotérisme connaît, depuis quelques années, un intérêt renouvelé tant dans le champ culturel que dans le champ académique, où une curiosité croissante se manifeste à l’égard des savoirs dits « cachés » et de certains imaginaires littéraires. Pourtant, si la littérature française du XIXe siècle a été largement explorée sous cet angle, la richesse des lettres belges sur le plan des savoirs occultes reste encore largement méconnue. Supervisé par Laurence Brogniez et Stéphanie Peel, le nouveau dossier de la revue belge Textyles entend combler cette lacune en examinant les formes et les fonctions de l’ésotérisme dans la littérature belge, du symbolisme fin-de-siècle à la première moitié du XXe siècle, de Maurice Maeterlinck à Jean Ray, en passant par Charles Van Lerberghe, Georges Rodenbach, Jeanne de Tallenay ou encore Pierre Goemaere. Théâtre mystique, récits visionnaires, nouvelles initiatiques, critiques musicales ou réécritures fantastiques de mythes anciens : les œuvres analysées témoignent d’une profonde perméabilité entre lettres et pensée ésotérique. Avec pour objectif de rendre compte de la diversité des formes, des registres et des imaginaires mobilisés, il s’agit d’inviter à une relecture inédite d’œuvres patrimoniales, pour en révéler les dimensions originales, mais aussi d’exhumer des textes peu connus qui méritent attention tout en éclairant la place, dans les lettres belges, qu’a occupée cette subculture – ou cette occulture – qui fascine autant qu’elle interroge.
Illustr. : Portrait d’Irène Hamoir (ca. 1935) ©D.R. – Archives Tom Gutt – Archives & Musée de la Littérature)