APPEL À CONTRIBUTIONS
Colloque annuel de l’Association étudiante des cycles supérieurs du Département de français de l’Université d’Ottawa
L’Art pour le dire
La littérature comme espace de dévoilement de l’indicible
Le vendredi 27 mars 2026
Département de français, Université d’Ottawa
L’histoire regorge d’événements qui ont profondément marqué les sociétés humaines. Pandémie, guerres, famines, attentats, cataclysmes, massacres, catastrophes, révoltes, migrations, fractures sociales : autant de bouleversements qui ont mis à l’épreuve la parole, le témoignage et la mémoire. Tel que Beckett dans son poème Comment dire, qui met en scène la difficulté humaine à exprimer l’essentiel, les organisateurs du Colloque des étudiants des cycles supérieurs de l’Université d’Ottawa souhaitent soulever la question de l’indicible : comment s’exprime, dans la littérature, le traumatisme, la douleur de la perte, l’expérience de la violence et le choc d’une réalité extrême ou de la survie à une puissante secousse émotionnelle ? Le colloque propose d’explorer les formes littéraires qui s’aventurent là où le langage vacille.
Nous invitons les étudiantes et étudiants de toutes disciplines à réfléchir à la manière dont la littérature transforme le silence en discours, la blessure en création, l’expérience en mémoire narrative. Qu’il s’agisse d’un geste intime ou collectif, d’un récit fragmenté ou d’une œuvre engagée, ces pratiques diversifiées de l’écriture « de l’après-coup » (Laumier, 2024) révèlent les tensions entre mémoire et oubli, parole et silence, destruction et renaissance.
En prenant pour horizon l’idée d’un art qui dit autrement, le colloque souhaite interroger l’importance du langage, des procédés stylistiques et poétiques face aux crises d’hier et d’aujourd’hui. Dans le contexte de ce que l’on pourrait qualifier d’écriture refuge, en lien notamment avec les travaux de Felman, Laub, Hirsch, Herman, Wieviorka, Blanchot, Jabès, Duras, Beckett, Celan, Bataille, Starobinski et Todorov, la création littéraire devient un lieu de résistance, de témoignage et de réparation. Elle permet d’aborder les traumatismes personnels et collectifs, d’évoquer les crises majeures, de témoigner des fractures générationnelles et des transformations sociales. Par le dialogue des voix et des formes, nous proposons de penser la littérature comme un espace de dévoilement et de partage, où ce qui ne peut être dit trouve enfin à se dire.
Nous vous invitons à soumettre vos propositions de communication, inédites et en français, au plus tard le 23 décembre 2025, à l’adresse courriel suivante : aecs@uottawa.ca Les propositions devront comporter les informations suivantes :
1. Vos coordonnées (prénom, nom, cycle d’études, établissement et courriel).
2. Le titre de votre communication.
3. Un résumé de la communication proposée, d’un maximum de 300 mots, comprenant votre problématique générale et vos idées principales.
4. Une notice biobibliographique d’environ 50 mots.
Les personnes dont les propositions seront retenues seront avisées par courriel au courant du mois de janvier 2026. Le colloque se tiendra en personne sur le campus de l’Université d’Ottawa. En vous remerciant de votre intérêt.
Le comité organisateur
Emma Desjardins, Alexis Lacasse, Loutchka Télémaque,
Beverly Marchand et Leena McEwen.
Bibliographie critique
Blanchot, Maurice, L’écriture du désastre, Paris, Gallimard, 1980.
Brassard, Léonore et Véronique Guyaz, Clarence Lampron, Catherine Mavrikakis, « Comment dire, entendre la maladie ? », Ethnologies, vol. 47, nos 1-2, 2025.
Felman, Shoshana et Dori Laub, Testimony : Crises of Witnessing in Literature, Psychoanalysis, and History, New York, Routledge, 1992.
Haquin, André, « Langages de l’indicible. L’art, le sacré, la foi », Revue Théologique de Louvain, vol. 34, no 3, 2003.
Herman, Judith L., Trauma and Recovery : The Aftermath of Violence – From Domestic Abuse to Political Terror, New York, Basic Books, 1997.
Hirsch, Marianne, The Generation of Postmemory : Writing and Visual Culture after the Holocaust, New York, Columbia University Press, 2012.
Laumier, Alice, « Penser l’expérience traumatique avec l’après-coup », Études de la littérature française des XXe et XXIe siècles, no 13, 2024.
Jurgenson, Luba, « L’indicible : outil d’analyse ou objet esthétique », Protée, vol. 37, no 2, automne 2009.
Starobinski, Jean, L’encre de la mélancolie, Paris, Éditions du Seuil, 2012.
Todorov, Tzvetan, Face à l’extrême, Paris, Seuil, 1991.
Wieviorka, Annette, L’Ère du témoin, Paris, Plon, 1998.