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Le palmier dans la littérature, les langues, les discours et les arts (Tozeur, Tunisie)

Le palmier dans la littérature, les langues, les discours et les arts (Tozeur, Tunisie)

Publié le par Eloïse Bidegorry (Source : Ahleme Charfeddine)

Colloque international pluridisciplinaire

Le palmier dans la littérature, les langues, les discours et les arts

Institut Supérieur des Études Appliquées en Humanités de Tozeur

Les 07-08-09 octobre 2026

Bien dressé vers le ciel, le palmier s’impose depuis des millénaires comme une figure emblématique, à la fois naturelle, spirituelle, linguistique et culturelle. Nourri par une source intérieure, renaissant de ses cendres et défiant les conditions extrêmes du désert, il incarne une pluralité de valeurs : longévité, fécondité, victoire, paix, justice et espérance. Plus qu’une simple plante, le palmier est un monument vivant, une présence silencieuse qui structure l’espace et le temps, et qui se déploie dans les récits, les poèmes, les toiles picturales, les images et la langue. Sa silhouette élancée et sa générosité symbolisent la force de la vie et la résilience des cultures humaines, en particulier dans les oasis d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient. Dans de nombreuses traditions religieuses, le palmier symbolise la vie, la prospérité et la victoire spirituelle. Dans le judaïsme, il apparaît lors de la fête de Souccot comme symbole de droiture et de bénédiction, tandis que dans l’islam, il est associé au paradis, à la générosité divine et à la résilience face à l’adversité, souvent mentionné dans le Coran comme arbre nourricier et protecteur. Sa verticalité et sa longévité en font un emblème de foi, de droiture et d’espérance à travers les âges.

Comme le souligne Roland Barthes, tout objet ou image peut devenir signe et véhiculer de multiples sens, dépassant sa matérialité pour entrer dans le domaine du mythe et de la culture. Le palmier, dépasse, à ce titre, sa fonction agricole pour devenir mythe vivant : il incarne un ensemble de valeurs collectives, une mémoire et un imaginaire culturel où se croisent nature, langage et symbolique. Le palmier joue également un rôle majeur dans l’imaginaire exotique, que l’on retrouve chez des auteurs comme Guy de Maupassant, pour qui les paysages orientaux sont autant de décors fascinants où le palmier accentue la sensation d’ailleurs, de mystère et de luxuriance, ou chez Eugène Fromentin, où il devient un élément poétique et pictural, structurant la perception du désert et des oasis. Ces motifs exotiques construisent une vision romantique et sensorielle de l’Orient, où le palmier se fait à la fois repère visuel et symbole d’émerveillement. En parallèle, le palmier peut incarner la dimension de l’identité locale, comme le montre le poète tunisien Taher Bekri, pour qui l’arbre n’est pas seulement un élément du paysage, mais un marqueur de mémoire collective et de racines culturelles. Dans les textes de ce poète tunisien, le palmier est le témoin des traditions et de l’histoire des sociétés oasiennes, un signe d’enracinement dans un territoire et un héritage commun.

Le motif de la spiritualité et de la sensualité traverse aussi le palmier, notamment dans les Mille et Une Nuits, où il apparaît comme arbre du désir, de l’ombre et du refuge, structurant à la fois la géographie des récits et l’expérience sensorielle des personnages. Le palmier devient alors vecteur de plaisir, d’émerveillement et de méditation, un trait d’union entre nature et transcendance.

Enfin, le palmier n’est pas seulement un symbole culturel et poétique : il est au cœur des écosystèmes oasiens, jouant un rôle crucial dans la régulation de l’eau, la protection des sols et la biodiversité locale. Sur le plan écologique, les palmeraies sahariennes constituent de véritables microclimats, offrant refuge à de nombreuses espèces animales et végétales, et permettant une agriculture durable dans des environnements arides. Des projets contemporains, comme la réhabilitation des palmeraies de Tozeur ou de Douz en Tunisie, montrent comment le palmier contribue à la résilience écologique et économique des oasis.

Sur le plan écopoétique, le palmier inspire une écriture qui relie nature et mémoire, comme chez Samia Kassab-Charfi (La Chute du Palmier dattier avec Sophie Morgaine pour les aquarelles), où l’arbre devient métaphore de mémoire, de survie et de continuité, ou chez Valentine Goby (Le Palmier), où il incarne résistance et endurance. Dans la poésie contemporaine, les palmiers sont aussi des signes de fragilité et de durabilité, rappelant l’interdépendance entre l’homme et son environnement. Ainsi, la dimension écopoétique du palmier dépasse sa simple fonction productive : elle invite à une lecture sensible et éthique de la nature, où le végétal devient partenaire et témoin de la vie humaine, capable de nourrir réflexion sur la durabilité, la protection des territoires et l’harmonie entre culture et nature.

Ainsi, le palmier, en traversant les siècles et les cultures, tisse un univers d’images et de significations où nature et culture, langue et mémoire, patrimoine matériel et imaginaire spirituel s’entrelacent. Sa présence dans la langue, la littérature, la poésie et les arts révèle combien les mots et les images façonnent la perception de l’arbre et de ses valeurs. C’est dans cette perspective que l’Institut Supérieur des Études Appliquées en Humanités de Tozeur organise un colloque international dédié au palmier, envisagé comme objet de discours, de culture et de savoir, où se croisent les approches linguistiques, littéraires, artistiques, écologiques et patrimoniales.

Dans la langue arabe, le palmier n’est pas seulement un objet naturel, il est inscrit dans le langage comme un vecteur de sens et de valeurs. La racine n‑kh‑l (نخل) renvoie à la noblesse et à la verticalité, tandis que tamr (تمر), la datte, évoque la douceur et la récompense. Ces mots apparaissent dans des proverbes, métaphores et expressions idiomatiques, où le palmier symbolise la force, la générosité et la continuité. Par exemple, des expressions comme « être droit comme un palmier » ou « partager ses dattes » font émerger des valeurs sociales et éthiques. L’étude du palmier dans le langage permet ainsi de croiser la linguistique, la sémiotique et l’anthropologie, en révélant comment la langue façonne et transmet une relation intime entre nature, culture et mémoire collective.

Le palmier occupe aussi une place centrale dans les arts visuels et culturels. En peinture, il apparaît chez les peintres orientalistes comme Eugène Delacroix, Prosper Marilhat, où il contribue à l’évocation de l’Orient romantique et luxuriant, et chez Henri Rousseau, dont les jungles imaginaires s’ornent souvent de palmiers pour suggérer l’exotisme et le mystère. Dans le cinéma, le palmier est un motif récurrent des films sur le désert ou les oasis, de Lawrence d’Arabie (1962) à Le Désert des Tartares (1976), où il marque l’espace et rythme les plans par sa verticalité. La musique traditionnelle et contemporaine des régions sahariennes et moyen-orientales s’inspire du palmier, de la célébration de la récolte à des chants et mélodies qui accompagnent les cérémonies, les fêtes ou les contes, transformant l’arbre en instrument symbolique et culturel. Enfin, dans l’anthropologie et l’ethnologie, le palmier est étudié comme marqueur social et identitaire : il structure l’économie oasienne, l’artisanat local et les rituels communautaires, du tressage des palmes à la construction des maisons traditionnelles, illustrant comment un arbre peut être à la fois matériel, symbolique et esthétique. Ainsi, à travers peinture, cinéma, musique et sciences sociales, le palmier se révèle un motif pluriel, un pont entre nature, culture et imagination humaine.

C’est dans cet esprit que l’Institut Supérieur des Études Appliquées en Humanités de Tozeur organise un colloque international et interdisciplinaire dédié au palmier, envisagé comme objet de discours, de culture et de savoir.
Ce colloque ambitionne de croiser les approches linguistiques, littéraires, artistiques, économiques, écologiques et patrimoniales, en replaçant le palmier au cœur d’une réflexion sur la durabilité, la spiritualité et la création humaine. 

Comment le palmier, à la fois symbole naturel, culturel, spirituel et mémoriel, structure-t-il les relations entre nature, société et imaginaire humain, et de quelle manière inspire-t-il les langues, les arts et les pratiques humaines à travers le temps et les cultures ?

Pour saisir la richesse et la pluralité du palmier, il est possible de l’analyser à travers divers axes complémentaires qui révèlent ses dimensions symbolique, culturelle, écologique et sociale. Nous citerons, à titre d’exemple, les axes suivants :

Ø  Axe linguistique et symbolique

Ø  Axe littéraire et mémoriel 

Ø  Axe mythique, spirituel et religieux 

Ø  Axe artistique et culturel 

Ø  Axe écologique et écopoétique 

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Les propositions de communication, d’environ une demi page (titre et résumé) accompagnées d'une courte notice bio- bibliographique sont à envoyer uniquement par voie électronique avant le 31 mars 2026 à l’adresse suivante :

Colloque.palmier2026@gmail.com  

Les notifications d’acceptation seront envoyées avant le 06 mai 2026.

Une publication des actes du colloque est prévue.

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Comité scientifique :

Emna Beltaief (Université de Tunis)

Arselène Ben Farhat (Université de Sfax)

Nizar Ben Saad (Université de Sousse)

Radhouane Briki (Université de Sousse)

Samia Kassab Charfi (Université de Tunis)

Mustapha Trabelsi (Université de Sfax)

Farah Zaïem (Université de Manouba)

Sonia Zlitni-Fitouri (Université de Tunis)

Comité d’organisation :

Ahleme Charfeddine, Sabrine Herzi, Sonia Jerbi, Hadhria Mbarki, Manel Rebhi, Wael Tabbabi et Majed Zoghlemi.

Responsables du colloque :

Ahleme Charfeddine, Sonia Jerbi et Manel Rebhi 

 

Bibliographie indicative :

Antoon, Sinan. Ave Maria. Sindbad, Actes Sud, mai 2018, trad. arabe (Irak) de Philippe Vigreux. 

Ben Jelloun, Tahar, L’Enfant de sable, Seuil, Paris, 1988. 

Ben Jelloun, Tahar, La Nuit sacrée, Libris, Paris, 1987. 

Bekri, Tahar. Chants du pays d’enfance. Paris: L’Harmattan, 1987. 

Bekri, Tahar, Je te nomme Tunisie, Al Manar, 2011. 

Cherif, Zohra. Colloque : Le Sahara et l'homme un savoir pour un savoir-faire. Douz, Tunisie, 27-29 décembre 2003. Tunis : La Chaire de Ben Ali pour le Dialogue des Civilisations et des religions, 2006.

Michel-Dansac Fanny et Caubet Annie . « L’iconographie et le symbolisme du palmier dattier dans l’Antiquité (Proche-Orient, Égypte, Méditerranée orientale). » Revue d’ethnoécologie [En ligne], 4 | 2013, mis en ligne le 07 janvier 2014, consulté le 01 novembre 2025. URL : http://journals.openedition.org/ethnoecologie/1275 ; DOI : https://doi.org/10.4000/ethnoecologie.1275

Faulkner, William. Les Palmiers sauvages, Traduit de l’anglais (États-Unis) par René-Noël Raimbault et Henri Delgove, Paris : Gallimard, collection « Du monde entier », 1953.

Frager, Tim, Les Palmiers, en cours de publication, 2025.

Fromentin, Eugène. Un été dans le Sahara, Michel Lévy Frères, Paris, 1857. 

Fromentin, Eugène, Une Année dans le Sahel, Michel Lévy Frères, Paris, 1859.  

Goby, Valentine. Le Palmier, Paris, Actes Sud, 2025.

Kassab-Charfi, Samia et Morgaine, Sophie. La chute du Palmier dattier. Éditions Tunisiennes, Tunis, 2024.

Matossian, Chaké. « La fonction symbolique du palmier ou les transformations de la Phoenix dactylifera. » In L’arbre ou la Raison des arbres, édité par Jackie Pigeaud, Presses universitaires de Rennes, 2013, https://doi.org/10.4000/books.pur.54016.

Maupassant, Guy de, Au soleil, Paul Ollendorff, 1884.

Maupassant, Guy de, La Vie errante, Paul Ollendorff,1890.

Maupassant, Guy de, Lettres d’Afrique, (1881-1882). Édition établie, présentée et annotée par Jacques Suffel. Paris : Librairie Nizet, 1979.

Meddeb, Abdelwahab. Talismano. Paris : Christian Bourgois Éditeur, 1979.

Meddeb, Abdelwahab. Tombeau d’Ibn Arabi, Paris, Éditions du Seuil, coll. « La Librairie du XXIᵉ siècle », 1990.

Monbrun, Philippe. « Artémis et le palmier dattier. » Pallas, 35/1989. Les religions antiques. Un inédit d'archéologie régionale. La seconde mort des Gracques. pp. 69-93. DOI : https://doi.org/10.3406/palla.1989.1205.

Saïd, Amina, dans L’Une et l’Autre Nuit , Chaillé-sous-les-Ormeaux, Ed. Le dé bleu, 1993.

Saïd, Edward. Orientalism, Pantheon Books, 1978.

Zenchi, H., et Abdoun, F. « Palmier-dattier : Antiquité. » Encyclopédie berbère, 37, 3365. OpenEdition Journals, 2015 

 

Url de référence :   https://iseahtz.rnu.tn

Adresse :  Institut Supérieur des Études Appliquées en Humanités de Tozeur