Sonorités du vivant dans la littérature et le texte musical des XIXe, XXe et XXIe s. : chants, bruits, vocalisations
Sonorités du vivant dans la littérature et le texte musical des XIXe, XXe et XXIe siècles :
chants, bruits, vocalisations.
Approches écopoétiques, écocritiques, zoopoétiques, intermédiales et postcoloniales.
Colloque international
English version below
Maison de la Recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle, 4 rue des Irlandais, Paris.
Les 15 et 16 octobre 2026.
Délai de soumission des propositions de communication
Les propositions comprenant un intitulé, un descriptif d’une dizaine de lignes et quelques références bibliographiques essentielles seront adressées conjointement à Cécile Leblanc (cecile.leblanc@sorbonne-nouvelle.fr), Sophie Milcent-Lawson (sophie.lawson@univ-lorraine.fr) et François Sagot (francois.sagot@sorbonne-nouvelle.fr) avant le 4 mai 2026.
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Introduction
« Chant de la pluie », « chant de la forêt », « chant du monde », « chant de la terre », « harmonie du monde », « clavecin des prés », « arbres musiciens », « orchestre des animaux » : la métaphore musicale intervient couramment pour exprimer la beauté des univers sonores autres qu’humain. Elle revêt chaque fois un sens différent, mais le fait linguistique demeure, reliant le langage, la sonorité musicale et la perception des phénomènes acoustiques naturels.
Ce colloque sera consacré aux représentations des sonorités du vivant dans les œuvres littéraires et les textes qui accompagnent ou prennent part aux œuvres musicales des XIXe, XXe et XXIe siècles. Il s’intéressera en particulier aux formes poétiques et narratives des perceptions sonores du vivant et des espaces dits « naturels », dans une perspective écopoétique, zoopoétique, écocritique ou postcoloniale. Il explorera également les phénomènes d’intermédialité entre texte et musique pour la mise en œuvre des « voix du vivant ». La publication des actes du colloque est envisagée. Les textes retenus feront l’objet d’une sélection par le comité scientifique, sur la base des versions définitives soumises après le colloque.
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Porteuses et porteur du projet
- Cécile Leblanc, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, UFR Langues, littératures, cultures et sociétés étrangères ; CRP19 - Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle - EA 3423
- Sophie Milcent-Lawson, Université de Lorraine, UFR Arts, lettres et langues ; Littérature, imaginaire, sociétés, - EA 7305
- François Sagot, doctorant contractuel à l’Université Sorbonne Nouvelle, UFR Langues, littératures, cultures et sociétés étrangères ; Thalim - UMR 7172, et à l’Université de Gand, CMSI - Cultural Memory Studies Initiative
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Présentation du projet
Les études écopoétiques et écocritiques ont montré que l’écoute peut jouer, aussi bien que la vue, un rôle essentiel dans la manière dont le monde naturel est perçu et décrit, en particulier à partir des nouvelles esthétiques de la nature et du paysage au début du XIXe siècle. Le chapitre « Sounds » dans Walden de Henry David Thoreau, et les sonorités dépeintes par William Wordsworth dans Le Prélude, ont ainsi offert au premier ecocriticism d’importants objets d’analyse. La sonorité, sans être toujours considérée pour elle-même, y compte parmi les manifestations du vivant dont l’observation concrète est garantie par une approche non exclusivement visuelle. Une rupture historique dans les théories du paysage a été provoquée par Murray Schafer en 1977 et son concept de « paysage sonore », qui a mis l’accent sur les spécificités de la perception sonore et ouvert la voie à de nouvelles esthétiques, attentives à l’écho, aux diffractions du son, et aux compositions par mixage. Dans son sillage et en se fondant sur des expérimentations de plus longue date, Bernie Krause théorise à partir de la décennie 2010 la valeur esthétique et écologique des paysages sonores constitués par le vivant qu’il appelle « biophonies », par opposition à l’anthropophonie, d’origine humaine, et la géophonie produite par les matières inorganiques. Les critiques universitaires françaises, telles que l’écopoétique proposée par Pierre Schoentjes, attentive aux « realia » et observations concrètes du milieu naturel, et celle de Michel Collot, plus centrée sur les paysages et le sentiment de la nature, ont permis de trouver dans la littérature francophone de semblables explorations de ce « toucher à distance » [1] qu’est l’ouïe. Des auteurs et autrices comme François-René de Chateaubriand, Charles Ferdinand Ramuz, Jean Giono, Gustave Roud, Claudie Hunzinger ou Fabienne Raphoz ont ainsi représenté concrètement et avec minutie les milieux naturels ou exprimé un lien intime avec eux, au moyen des perceptions sonores. Dans un ouvrage paru en octobre 2025, Caroline Audibert reprend au compositeur Michel Redolfi le terme d’ « audionaute » pour désigner les arpenteuses et arpenteurs dont le parcours est guidé par l’expérience acoustique, au croisement du paysage sonore, de l’écrit de nature et du récit d’aventure.
Si des études approfondies se sont attachées à la façon dont la rencontre du regard de l’animal pouvait déterminer le rapport du locuteur avec celui-ci, ses manifestations sonores ont été moins explorées dans les études littéraires, à l’exception du chant de l’oiseau. L’ensemble des vocalisations et gestes sonores de l’animal peuvent toutefois nourrir la description et permettre d’écrire le son, comme le « cœur bourdonnant » chez Jules Supervielle ou, chez Proust, « les mouches qui exécutaient devant moi, dans leur petit concert, comme la musique de chambre de l’été ». Représenter les voix animales par des mots implique non seulement de mettre à l’épreuve la capacité du langage à dénommer et reproduire, mais aussi de réinterroger les ressemblances et des différences entre bruit et parole, entre langage humain et communication animale, entre musique et vocalisations non utilitaires parmi les espèces autres qu’humaines, et ainsi de revoir les frontières entre les êtres humains et les autres formes du vivant.
L’attention aux signaux acoustiques de l’animal et aux paysages sonores dans les représentations littéraires entre en résonance avec celle dont ils ont fait l’objet dans le texte musical. Après les très fructueuses recherches des bruitistes au début du XXe siècle, la plupart des manifestations culturelles et conférences universitaires portant sur le rapport entre nature et musique ces dernières années, en France et dans le monde, ont laissé une place à l’intervention d’écrivains, à des créations littéraires, ou à des analyses universitaires sur des corpus textuels. L’œuvre musicale peut alors faire l’objet d’une analyse du point de vue de son titre programmatique, comme « La Mer » de Claude Debussy [2], ou « Nature by Emerson » du Chico Hamilton Quintet [3]. L’étude peut aussi porter sur des paroles ou du livret d’opéra sur quoi le chant repose. Parlées, ou chantées, ou les deux, comme dans la mélodie « Thoreau » de Charles Ives [4], les sonorités se répondent dans un croisement intermédial. Les études de l’intermédialité permettent ainsi d’envisager la diversité des liens entre les sons enregistrés et reproduits depuis le monde naturel, les sonorités produites par un dispositif instrumental ou vocal et les représentations littéraires, pour la mise en œuvre d’une voix du vivant.
Les travaux de Murray Schafer sur le paysage sonore se sont d’emblée consacrés au silence, en particulier pour noter comment les cultures occidentales l’ont abordé négativement. La négativité du silence ne contribue pas moins à une rhétorique environnementale soucieuse de rendre expressive la menace d’une disparition du vivant : l’alerte concrète et scientifique de Rachel Carson sur la disparition des oiseaux dans Silent Spring en 1962, est rejointe en musique par celle de Jean Ferrat dans sa chanson « Restera-t-il un chant d’oiseau ? » [5] en 1976. Plus récemment, Jérôme Sueur dans L’Histoire naturelle du silence et Laurence Paoli dans Le Chant perdu des baleines décrivent comment la pollution sonore anthropique réduit au silence les espèces autres qu’humaines. Les études zoopoétiques ont par ailleurs noté l’équivalence de la présence du vivant et de l’existence de sons signifiants (à tout le moins d’un souffle ou de vibrations), si bien qu’en parlant de silence du vivant, l’on trahit surtout sa propre surdité. Les « confuses paroles » de la nature chez Charles Baudelaire [6], tout comme les araignées « chanteuses silencieuses » de Vinciane Despret [7], invitent alors à adopter une autre posture, plus attentive, pour faire apparaître le clair au milieu de l’obscur. L’intermittence du son fait que l’attente est inhérente à toute perception sonore, de sorte que la sonorité animale est toujours appréhendée dans une dialectique, que le contexte anthropocène peut associer à l’angoisse.
Les études postcoloniales ont par ailleurs montré que les catégories occidentales de « mimésis environnementale » et de « réalisme » étaient telles quelles inadaptées à la littérature africaine [8], si bien que les questions tenant à la représentation sonore du vivant s’en trouvent déplacées. La thématique du « silence du vivant » a notamment fait l’objet d’une mise en situation dans l’Histoire plus globale d’une réduction au silence des populations colonisées. Les dissonances et résonances y deviennent des armes poétiques contre l’effacement des voix et de la mémoire, et contre la compartimentation des identités et des espaces de vie.
En définitive, l’exploration des sonorités du vivant dans la littérature et la musique des XIXe et XXe siècles (Sounds studies) révèle un vaste territoire d’expériences sensorielles, éthiques et politiques. Qu’il s’agisse du chant de la terre, du cri animal, du silence des milieux ou des résonances postcoloniales, toutes ces formes d’écoute invitent à repenser la place de l’humain dans le monde sonore qu’il habite et qu’il transforme. La biophonie, ainsi envisagée, ne relève pas seulement d’une esthétique de la nature, mais d’une poétique de la relation — une manière de faire entendre, par les voix multiples du vivant, une autre écoute du monde.
[1] Murray Schafer, Le Paysage sonore : le monde comme musique, trad. Sylvette Gleize, Paris, Wildproject, 2024 [États-Unis d’Amérique, Knopf, 1977], p. 41.
[2] Claude Debussy, La Mer : trois esquisses symphoniques pour orchestre, manuscrit, 1905.
[3] Chico Hamilton Quintet, Nature by Emerson, dans Gongs East, Warner Records Inc., 1958.
[4] Charles Ives, Thoreau, dans 114 Songs, État-Unis d’Amérique, C.E. Ives, 1922.
[5] Jean Ferrat, Restera-t-il un chant d’oiseau, dans Premières chansons, nouvel enregistrement, 1976,
[6] Charles Baudelaire, « Correspondances », Œuvres complètes. 1, édition publiée sous la direction d'André Guyaux et Andrea Schellino, Paris, Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 2024, p. 667.
[7] Vinciane Despret, « L’enquête des acouphènes ou les chanteuses silencieuses », Autobiographique d’un poulpe et autres récits d’anticipation, Actes Sud, coll. « Mondes sauvages », 2021, p. 14-33.
[8] Sara Buekens, Écologies littéraires africaines : l’imaginaire de l’environnement dans la littérature francophone postcoloniale, Pays-Bas, Brill, 2025, p. 14-18.
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Axes du colloque
Selon quels moyens les sonorités du vivant – ou biophonies – se manifestent-t-elle dans les textes ou dans leur mise en œuvre musicale, musique symphonique ou opératique ? De quelle manière et dans quelle mesure la médiation entre texte et littérature permet-elle de mettre en œuvre les voix du vivant ? Les représentations textuelles de la biophonie contribuent-elle à un déplacement des frontières entre bruit et paroles ou entre bruit et musique, et des frontières entre l’humanité et les autres formes du vivant ?
1. Paysages biophoniques : enjeux écocritiques et écopoétiques, écoutes postcoloniales, intermédialité texte et musique.
2. Les chants et les bruits des animaux dans la textualité : stratégies de représentation zoopoétiques.
3. Les silences du vivant : stratégies d’une rhétorique éco-sensible, dialectique de l’intermittence sonore.
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Bibliographie
Introduction
KRAUSE Bernie, Le Grand orchestre des animaux, Flammarion, 2013, [2012].
SPITZER Leo, L’Harmonie du monde : histoire d’une idée, trad. Gilles Firmin, Paris, l’Éclat, 2012, [1963].
Sonorités et espaces naturels dans la littérature (XIXe-XXIe siècles)
ABRAM David, Comment la terre s’est tue : pour une écologie des sens, trad. Didier Demorcy et Isabelle Stengers, Paris, la Découverte, 2021 [États-Unis d’Amérique, Vintage books, 1996].
AUDIBERT Caroline, Les Audionautes : à l’écoute des chants de la Terre, Arles, Actes Sud, coll. « Mondes sauvages », 2025.
BAUDOUIN Sébastien, Poétique du paysage dans l’œuvre de Chateaubriand, Paris, Classiques Garnier, 2011.
_______________________, Aux origines du nature writing, Marseille, le Mot et le reste, 2020.
BATE Jonathan, The Song of the earth, États-Unis d’Amérique, Harvard University Press, 2000.
BÖHME Gernot, « Acoustic Atmospheres, A Contribution to the Study of Ecological Aesthetics », trad. Norbert Ruebsaat, I: Soundscape: The Journal of Acoustic Ecology, vol. 1, n° 1, 2000.
BUEKENS Sara, Émergence d’une littérature environnementale : Gary, Gascar, Gracq, Le Clézio, Trassard à la lumière de l’écopoétique, Suisse, Droz, 2020.
BUELL Lawrence, The Environmental imagination : Thoreau, nature writing, and the formation of American culture, États-Unis d'Amérique, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande du Nord, Belknap Press of Harvard University Press, 1995.
COLLOT Michel, Le Chant du monde, Paris, Éditions Corti, 2019.
_________________, La Face sensible de la Terre : paysage et écologie, Paris, le Pommier, 2024.
DUPUIS Sylviane et RUEFF Martin, Charles Ferdinand Ramuz, silence(s), bruit(s), musique(s), Actes du colloque international à l’Université de Genève, 12 et 13 octobre 2017, https://www.fabula.org/colloques/sommaire5895.php.
- DUPUIS Sylviane, « C’est la musique qui l’a fait se lever ». Ramuz musicien de la langue »
- RENAUD Philippe, « Passage du poète comme « symphonie » ? »
- BARKATAKI Siba, « Etude de la narrativisation des sons dans Présence de la mort. »
- POULOUIN Gérard, « La ville : bruits et silence »
- LABORIE Laura, « À l’écoute des bruits de la nature dans Derborence : animisme, chaos originel et crise de l’expression »
- MORZEWSKI Christian, « La montagne ramuzienne : du « chant du monde » au « silence éternel de ces espaces infinis »
KELLER Lynn, Recomposing ecopoetics: North American poetry of the self-conscious anthropocene, États-Unis d’Amérique, University of Virginia Press, 2017.
KNICKERBOCKER Scott, Ecopoetics: the language of nature, the nature of langage, États-Unis d’Amérique, University of Massachussetts Press, 2012.
KRAUSE Bernie, Chansons animales et cacophonie humaine : manifeste pour la sauvegarde des paysages sonores naturels, traduit par Amanda Prat-Giral, Arles, Actes Sud, 2016 [2015].
LEMEUNIER Samantha, « ‘There is a sound and alteration’ : musicalité, mécanisation sonore et silence dans Adam & Eve & The City (1936) de William Carlos Williams », Revue française d’études américaines, 180(3), p. 41-54. https://doi-org.ezproxy.univ-paris3.fr/10.3917/rfea.180.0041.
MACÉ Marielle, Une pluie d’oiseaux, Paris, Corti, 2022.
MOTTET Jean (dir.), La Forêt sonore : de l’esthétique à l’écologie, Ceyzérieu, Champ Vallon, 2017.
- NADRIGNY Pauline, « L’écho des bois : une création originale de la nature ? », p. 49-64.
- BERGÉ Aline, « La geste forestière de Robert Marteau », p. 117-129.
- THILTGES Sebastian, « Une écologie du chant d’oiseau : poétique de l’écoute dans L’Arrière-Saison d’Adalbert Stifter », p. 198-213.
PAUWELS Laura, RAPHOZ Fabienne, « “L’oiseau, cette évidence non domestiquée qui apporte toute la forêt sous nos yeux, dans nos oreilles”. Entretien de Fabienne Raphoz avec autour de Parce que l’oiseau », Literature.green, décembre 2020, https://www.literature.green/entretien-fabienne-raphoz-parce-que-loiseau/.
RIGBY Kate, Reclaiming Romanticism: Towards an Ecopoetics of Decolonization, Bloomsbury Publishing Plc, 2020.
RYAN John, « Recalling Walden: Thoreau's Embodied Aesthetics and Australian Writings on Place », The Journal of Ecocriticism, 2011, 3(2), 43-57, http://ro.ecu.edu.au/cgi/viewcontent.cgi?article=1583&context=ecuworks2011.
SCHAFER Murray, Le Paysage sonore : le monde comme musique, trad. Sylvette Gleize, Paris, Wildproject, 2024 [États-Unis d’Amérique, Knopf, 1977], p. 41.
SCHOENTJES Pierre, Ce qui a lieu: essai d'écopoétique, Marseille, Éditions Wild Project, 2015.
____________, « L’écopoétique aujourd’hui : mise à jour et mise au point », Réinventer la nature, pour une écopoétique des littératures de langue française, dir. Sonia Zlitni-Fitouri, Belgique, Éditions Académia, 2024.
SKINNER Jonathan, « Dialectical Sonorities: Carbon Footprints in Peter Culley's The Climax Forest », Études anglaises, 2021 n°1, vol. 74), p. 82-103.
_________________, « What Sounds: Larry Eigner's Environments », Momentous Inconclusions: The Life and Work of Larry Eigner, dir. George Hart et Jennifer Bartlett, États-Unis d’Amérique, University of New Mexico Press, 2020.
SUBERCHICOT Alain, Littérature et environnement : pour une écocritique comparée, Paris, H. Champion, 2012.
Vocalisations et bruits d'animaux dans la littérature (XIXe-XXIe siècles)
BAILLY Jean-Christophe, Le Parti pris des animaux, Paris, C. Bourgois, 2013.
BARATAY Éric, Écrire du côté des animaux, Paris, Éditions de la Sorbonne, 2023.
BECK Corinne et CLOUZOT Martine (dir.), Les Oiseaux chanteurs : sciences, pratiques sociales et représentations dans les sociétés et le temps long, Dijon, Éditions universitaires de Dijon, 2014.
BAUDOUIN Sébastien, « Des bois de Combourg aux forêts américaines, transfigurations du modèle sylvestre dans l’œuvre de Chateaubriand », Eidôlon n° 103, La Forêt romantique, Éd. Vigor Caillet, Bordeaux, Presses universitaires de Bordeaux, 2012, p. 19-28.
BUEKENS Sara et DEFRAYE Julien (dir.), Animal et animalité : stratégies de représentations dans les littératures d’expression française, Paris, Classiques Garnier, 2022.
- BUEKENS Sara et DEFRAYE Julien, « Introduction », p. 7-28.
- CHAVOZ Ninon, DESQUILBET Alice et GARNIER Xavier, « Une piqûre contre l’exotisme », p. 101-124.
DANIEL Yvan, MONTANDON Alain et WILKER Jessica (dir.), Poétiques et poésie de l’insecte, Paris, Honoré Champion éditeurs, 2023.
- LAGET Laurie-Anne, « Poétique du minuscule et de la métamorphose chez Ramón Gómez de la Serna, ‘Atrapamoscas de la greguería’ », p. 207-226
- SOUCHARD Flore, « ‘Cœur bourdonnant’ et folie fourmillante : l’insecte intime de Jules Supervielle », p. 245-262
- BOROWCZYK Héléna, « ‘Un vibrant séjour’ : l’essaim chez Gustave Roud et Philippe Jaccottet », p. 327-336
DESBLACHES Lucile (dir.), Écrire l’animal aujourd’hui, Clermont-Ferrand, Presses universitaires Blaise Pascal, Centre de recherches sur les littératures modernes et contemporaines, 2006.
- DESBLACHES Lucile, « Préface », p. 5-11.
- ANDRIOT-SILLANT Caroline, « Le défi de la poésie du XXe siècle : ‘déchiffrer le regard du lézard’ », p. 151-162.
- TOMICHE Anne, « ‘We do not encourage a nightingale’ : avatars du rossignol romantique dans la poésie du vingtième siècle », p. 135-150.
FLORENCE Hercule, À la découverte de l’Amazonie. Les carnets du naturaliste Hercule Florence, présenté par Mario Carelli, Paris, Gallimard, Coll. « Découvertes Gallimard Albums », 1992.
FONTENAY (DE) Elisabeth, Le Silence des bêtes : la philosophie à l’épreuve de l’animalité, Paris, Fayard, 1998.
GOUDET Laura, PAVEAU Marie-Anne et RUCHON Catherine (dir.), « Discours animal. Langages, interactions, représentations », Itinéraires. Littérature, textes, cultures, n° 2, mis en ligne le 18 décembre 2022, https://doi.org/10.4000/itineraires.6587
- KOR CHAHINE Irina, « De l’animalisation à la neutralisation : fonctionnement des verbes de bruit associés aux animaux »
- MILCENT-LAWSON Sophie, « Imaginaires zoolinguistiques : des langues animales dans la fiction littéraire »
- PLAS Elisabeth, « ‘(Ainsi parlent les araignées)’ : Les prosopopées sans anthropocentrisme de l’histoire naturelle romantique »
- PAVEAU Marie-Anne et RUCHON Catherine, « La linguistique et le langage animal. Résistances, décentrements, propositions »
KERBRAT-ORECCHIONI Catherine, Nous et les autres animaux, Limoges, Lambert-Lucas, 2021.
MILCENT-LAWSON Sophie, « Bruits et chant du monde chez Giono. Petite poétique de l’onomatopée », Bulletin de l’Association des Amis de Jean Giono, n° 66, automne-hiver, 2006, p. 35-50.
____________________________, « Chant du monde et paroles d’animaux dans l’œuvre de Giono », Revue Giono, n° 11, 2018, p. 211-233.
PLAS Elisabeth, Le Sens des bêtes : rhétoriques de l'anthropomorphisme au XIXe siècle, Paris, Classiques Garnier, 2021.
RIGBY Kate, « Animal calls », Divinanimality : animal theory, creaturely theology, États-Unis d’Amérique, Fordham university press, 2014.
SCHOENTJES Pierre, Nos regards se sont croisés : la scène de la rencontre avec un animal, Marseille, le Mot et le reste, 2022.
SIMON Anne, « La zoopoétique, une approche émergente : le cas du roman », Revue des Sciences Humaines, 2017, Zoopoétique. Des animaux en littérature moderne de langue française, 328, p.71-89.
____________, Une bête entre les lignes : essai de zoopoétique, Marseille, Éditions Wild Project, 2021.
Intermédialité entre texte et musique pour une voix du vivant (XIXe-XXIe siècles)
BROWN Calvin S., Music and literature, a comparison in the arts, États-Unis d’Amérique, the University of Georgia press, 1948.
GEORGE, Isabelle, et BOITARD, Clotilde « Au-delà des mots, quels signes pour transcrire les chants d’oiseaux ? », Écrire du côté des animaux, édité par Éric Baratay, Éditions de la Sorbonne, 2023, https://doi.org/10.4000/books.psorbonne.114967.
LATTARICO Jean-François, Le Chant des bêtes : essais sur l’animalité à l’opéra, Paris, Classiques Garnier, 2019.
MACÉ Marielle, « Des oiseaux, des voyelles et des rivières », colloque « La nature et ses musiques : rechercher, enregistrer, composer, transmettre », Philharmonie de Paris, 19 et 20 janvier 2023 (inédit).
MONTANDON Alain, « Saisons en robe musicale », Écrire les saisons : culture, arts et lettres, dir. Alain Montandon, Paris, Hermann, 2018, p. 347-384.
MARTIN Marie-Pauline et MARTIN Jean-Hubert (dir.), Musicanimale : le grand bestiaire sonore, catalogue, Paris, Gallimard, Musée de la philharmonie de Paris, 2022
ROTHENBERG David et ULVAEUS Marta (dir.), The Book of music and nature : an anthology of sounds, words, thoughts, États-Unis d’Amérique, Wesleyan university press, 2009.
- ROTHENBERG David, « Introduction : Does Nature Understand Music ? », p. 1-12.
- CHIH-CHUNG Tsai, « The music of the earth », p. 69-75.
- LACY Steve, « Sax can moo… », p. 81-83.
- FELD Steven, « Lift-up-Over Sounding », p. 193-206.
- KRAUSE Bernie, « Where the Sounds live », p. 215-224.
Les silences du vivant non humain (XIXe-XXIe siècles)
BAILLY, Jean-Christophe. « Ouverture : Les animaux sont des maîtres silencieux ». La Question animale, édité par Georges Chapouthier et al., Presses universitaires de Rennes, 2011, https://doi.org/10.4000/books.pur.38496.
BRIENS Sylvain, « Le Nord comme territoire. Poétique et écologie du paysage dans les haïkus de Tomas Tranströmer », Nordiques [En ligne], n° 30, 2015, En ligne depuis le 21 avril 2022, URL: http://journals.openedition.org/nordiques/4484; DOI: https://doi.org/10.4000/nordiques.4484
CARSON Rachel, Printemps silencieux, trad. Jean-François Gavrant, révisée par Baptiste Lanaspeze, Marseille, Wildproject, 2020 [1962].
FOGLIA Aurélia, « Le « silence austère » de la Nature : écopoétique de Vigny », Fabula / Les colloques, Vigny poète (dir. Jean-Marc Hovasse, Henri Scepi, Sophie Vanden Abeele ), URL : http://www.fabula.org/colloques/document13093.php.
PAOLI Laurence, Le Chant perdu des baleines : quand la pollution sonore étouffe les voix de l'océan, Arles, Actes sud, 2025.
PINSON Jean-Claude, Habiter en poète, Seyssel, Champ Vallon, 1995.
SUEUR Jérôme, Histoire naturelle du silence, Actes Sud, coll. « Mondes sauvages », 2023.
Écoutes postcoloniales et décoloniales
BUEKENS Sara, Écologies littéraires africaines : l’imaginaire de l’environnement dans la littérature francophone postcoloniale, Pays-Bas, Brill, 2025.
COOKE Stuart, « Etholigical Poetics », The Routledge companion to music and modern literature, éd. Rachael Durkin, Peter Dayan, Axel Englund, et Katharina Clausius, États-Unis d’Amérique, Routledge, Taylor & Francis Group, 2022
GARNIER Xavier, Écopoétiques africaines : une expérience décoloniale des lieux, Paris, Karthala, 2022.
LORIN Marie, La Poésie orale peule des pêcheurs de la vallée du Fleuve Sénégal (Pékâne) : approche géopoétique (thèse), Littératures, Université Sorbonne Paris Cité, Université Cheikh Anta Diop, 2015.
TAJJIOU Azzedine, « Spectral Ecologies and Decolonial Haunting in Edgar Mittelholzer’s My Bones and My Flute (1955): Landscape, Sound, and Somatic Memory », Critique: Studies in Contemporary Fiction, 2025, https://doi.org/10.1080/00111619.2025.2547876.
VOURLOUMIS Hypatia. « The Sonic Ecologies of Anticolonial Writing », The Contemporary Journal 3, février 2021.
WACHIRA James Maina, « Animal oral praise poetry and the Samburu Desire to survive », Natures of Africa, Ecocriticism and Animal Studies in Contemporary Cultural Forms, Afrique du Sud, Wits University press, 2016.
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English version
Sounds of the Living in Nineteenth- Twentieth- and Twenty-first-Century Literature and Musical Texts: Songs, Noises, Vocalizations.
- Ecocritical, Ecopoetic, Zoopoetic, Intermedial, and Postcolonial Approaches
International Symposium
Location: Maison de la Recherche de l’Université Sorbonne Nouvelle, 4 rue des Irlandais, Paris, France
Date: 15 and 16 October 2026.
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Submission guidelines for paper proposals
Proposals should include a title, a description of approximately ten lines, and a few essential bibliographical references. They should be sent jointly to Cécile Leblanc (cecile.leblanc@sorbonne-nouvelle.fr), Sophie Milcent-Lawson (sophie.lawson@univ-lorraine.fr) et François Sagot (francois.sagot@sorbonne-nouvelle.fr) no later than 4 May 2026.
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Introduction
“Song of the rain,” “song of the forest,” “song of the world,” “song of the earth,” “harmony of the world,” “harpsichord of the fields” “musician trees”, “animal orchestra”: musical metaphor is a frequent means of expressing the beauty of what is not human. Its meaning varies according to context, yet the linguistic fact remains—linking language, musical sound, and the perception of natural phenomena.
This symposisium will be devoted to the representations of the sounds of living beings in literary works and in the texts accompanying or forming part of musical compositions of the nineteenth, twentieth, and twenty-first centuries. It will focus in particular on the poetic and narrative forms of sonic perceptions of the living and of so-called “natural” spaces, within ecopoetic, zoopoetic, ecocritical, or postcolonial frameworks. It will also explore intermedial phenomena between text and music that give rise to “voices of the living”.
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Project coordinators
- Cécile Leblanc, Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, UFR Langues, littératures, cultures et sociétés étrangères ; CRP19 - Centre de Recherche sur les Poétiques du XIXe siècle - EA 3423
- Sophie Milcent-Lawson, Université de Lorraine, UFR Arts, lettres et langues ; Littérature, imaginaire, sociétés, - EA 7305
- François Sagot, PhD student at Université Sorbonne Nouvelle, UFR Langues, littératures, cultures et sociétés étrangères ; Thalim - UMR 7172, et à l’Université de Gand, CMSI - Cultural Memory Studies Initiative
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Project presentation
Ecopoetic and ecocritical studies have shown that listening, no less than seeing, can play a crucial role in the way the natural world is perceived and described, particularly since the emergence of new aesthetics of nature and landscape in the early nineteenth century. The “Sounds” chapter in Thoreau’s Walden and the sonorities depicted by William Wordsworth in The Prelude provided early ecocriticism with significant objects of analysis. Sound, when not considered for its own sake, remains one of the manifestations of the living, whose concrete observation is ensured by an approach that is not exclusively visual. A historical shift in landscape theory was initiated by Murray Schafer in 1977 with his concept of the “soundscape,” which emphasized the specificity of auditory perception and paved the way to new aesthetics attentive to echoes, sound diffractions, and re-compositions through mixing. Following in his wake – and drawing on earlier experiments – Bernie Krause, from the 2010s onward, theorized the aesthetic and ecological value of soundscapes produced by living beings, which he calls “biophonies,” as opposed to anthropophony of human origin and geophony produced by inorganic matter. French academic criticism – such as the ecopoetics developed by Pierre Schoentjes, attentive to the realia and concrete observations of the natural environment, and that of Michel Collot, more focused on landscapes and on the sentiment of nature – has identified similar explorations in Francophone literature of that “touch at a distance”[1] which is hearing. Writers such as François-René de Châteaubriand, Étienne de Senancour, Charles Ferdinand Ramuz, Jean Giono, Gustave Roud, Claudie Hunzinger, and Fabienne Raphoz, have meticulously represented natural environments or expressed an intimate connection with them through sonic perception. In a book published in October 2025, Caroline Audibert borrows from the composer Michel Redolfi the term “audionaut” to describe those wanderers whose paths are guided by acoustic experience, at the intersection of soundscape, nature writing, and adventure narrative.
While in-depth studies have examined how the encounter with an animal’s gaze can shape the speaker’s relationship with it, its sonic manifestations have been less explored in literary studies, with the exception of birdsong. Yet all cries and vocal gestures can enrich description, enable to write sounds, as in Jules Supervielle’s “buzzing heart” or, in Proust, “the flies performing before me, in their little concert, like the chamber music of summer.” Representing animal voices through words not only tests the capacity of language to name and reproduce, but also invites a reconsideration of the similarities and differences between noise and speech, between human language and animal communication, and between music and non-utilitarian vocalizations among non-human species—thereby prompting a re-evaluation of the boundaries between humanity and the other realms of the living.
Attention to animal acoustic signals and to soundscapes in literary representations resonates with the attention they have received in musical texts. Following the highly productive research of the early twentieth-century sound poetry, most cultural initiatives and academic conferences in recent years, in France and internationally, addressing the relationship between nature and music, have incorporated contributions from writers, literary creations, or scholarly analyses of textual corpora. A musical work can then be analyzed from the perspective of its programmatic title, as in Claude Debussy’s La Mer [2] or the Chico Hamilton Quintet’s Nature by Emerson[3]. Analysis may also focus on the lyrics or opera libretto on which the singing is based. Whether spoken, sung, or both—as in Charles Ives’ song Thoreau [4] —the sounds interact in an intermedial crossing. Studies of intermediality thus make it possible to explore the diversity of connections between sounds recorded or reproduced from the natural world, sonorities produced by instrumental or vocal means, and literary representations, in the service of articulating a “voice of the living.”
Murray Schafer’s work on the soundscape was from the outset devoted to silence, particularly in order to note how Western cultures have approached it negatively. The negativity of silence nonetheless contributes to an environmental rhetoric aimed at making the threat of the disappearance of life expressive: Rachel Carson’s concrete and scientific warning about the decline of birds in Silent Spring (1962) is echoed in music by Jean Ferrat’s song “Restera-t-il un chant d’oiseau?” [5] (1976). More recently, Jérôme Sueur in L’Histoire naturelle du silence and Laurence Paoli in Le Chant perdu des baleines describe how anthropogenic noise pollution silences non-human species. Zoopoetic studies have also noted the equivalence between the presence of life and the existence of meaningful sounds (or at least a breath), so that speaking of the silence of the living primarily betrays one’s own deafness. Charles Baudelaire’s “murmur […] half strange, half understood” [6] of nature, as well as Vinciane Despret’s “silent-singing” spiders, invite the adoption of a more attentive posture to reveal clarity amid obscurity. The intermittence of sound means that expectation is inherent to all auditory perception, so that animal sonorities are always apprehended dialectically, with the Anthropocene context often associating them with anxiety.
Postcolonial studies have shown that Western categories of “environmental mimesis” and “realism” prove inadequate as such when applied to African literatures[14], displacing questions of how the living and its sounds are represented. The theme of the “silence of the living” has been reframed within a broader history of the silencing of colonized peoples. In such contexts, dissonance and resonance become poetic weapons against the erasure of voices and memories, and against the compartmentalization of identities and living spaces.
Ultimately, the exploration of the sounds of the living in nineteenth- and twentieth-century literature and music (sound studies) reveals a vast terrain of sensory, ethical, and political experience. Whether in the song of the earth, the animal’s cry, the silence of environments, or postcolonial resonances, these diverse forms of listening invite us to rethink humanity’s place within the sounding world it inhabits and transforms. Biophony, thus understood, pertains not only to an aesthetics of nature but also to a poetics of relation—a way of making heard, through the manifold voices of the living, another listening of the world.
Conference Themes
How does biophony—the sounding of the living—manifest itself in literary texts or in their musical realizations, whether symphonic or operatic? In what ways, and to what extent, does mediation between text and music contribute to articulating a “voice of the living”? Do the textual representations of biophony shift the boundaries between noise and speech, or between noise and music—and the limits of the human realm within that of the living?
Biophonic Landscapes: Ecocritical and ecopoetic issues, postcolonial listening, and intermedial relations between text and music.
Animal Songs and Noises in Textuality: Zoopoetic strategies of representation.
Silences of the Living: Rhetorics of eco-sensitivity and the dialectics of sonic intermittence.
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[1] Murray Schafer, The tuning of the world, United States of America, Knopf, 1997.
[2] Claude Debussy, La Mer : trois esquisses symphoniques pour orchestre, manuscrit, 1905.
[3] Chico Hamilton Quintet, Nature by Emerson, in Gongs East, Warner Records Inc., 1958.
[4] Charles Ives, Thoreau, in 114 Songs, État-Unis d’Amérique, C.E. Ives, 1922.
[5] Jean Ferrat, Restera-t-il un chant d’oiseau, in Premières chansons, nouvel enregistrement, 1976,
[6] Charles Baudelaire, « Correspondences », Flowers of evil, translated by George Dillon and Edna St. Vincent Millay, United States of America, NYRB Poets, 1936.
[7] Vinciane Despret, « L’enquête des acouphènes ou les chanteuses silencieuses », Autobiographique d’un poulpe et autres récits d’anticipation, Actes Sud, coll. « Mondes sauvages », 2021, p. 14-33.
[8] Sara Buekens, Écologies littéraires africaines : l’imaginaire de l’environnement dans la littérature francophone postcoloniale, Pays-Bas, Brill, 2025, p. 14-18.