La geste de l’exploration menée par les Européens aux époques moderne et contemporaine a longtemps tendu à reconnaître dans leurs entreprises protéiformes de documentation du monde des « voyages scientifiques », dont la cohérence tenait au postulat du désintéressement des savants et des voyageurs, et d’un progrès linéaire de la science. Une fois l’anachronisme mis à distance, comment reconnecter ces voyages avec leur véritable contexte de production et de réception ? En rassemblant, pour les faire mieux dialoguer, des approches illustrant les avancées méthodologiques développées au cours des trente dernières années aussi bien dans le domaine de la littérature que de l’histoire et de la sociologie des sciences, cet ouvrage propose une nouvelle contribution à la réflexion sur les liens entre les voyages et la production des savoirs. Plutôt que de les isoler dans une perspective généalogique, elle invite à prendre en compte la diversité et la combinaison des facteurs culturels et sociaux qui ont participé à configurer les voyages et leurs façons de contribuer à l’inventaire du monde.