Christen Bryson, Hélène Le Dantec-Lowry, Favian Mostura (dir.), Pour une société meilleure ? La littérature prescriptive aux États-Unis, entre mise en conformité et approche émancipatrice
Cet ouvrage offre une analyse détaillée de sources écrites, illustrées et filmiques produites aux États-Unis (XIXᵉ-XXIᵉ siècles) et relevant de la littérature prescriptive, à savoir un ensemble de documents destiné à renseigner et à conseiller un individu ou un groupe sur des pratiques spécifiques ou bien à enjoindre ceux-ci à les adopter ou à les rejeter afin d’améliorer leur situation personnelle ou collective. Ces sources, longtemps écartées, notamment pour leur vision étroite ou idéalisée des rapports sociaux, nous apprennent pourtant beaucoup sur ces derniers et sur les modèles hégémoniques à une époque donnée, sur les codes attendus ainsi que sur les attentes de ceux et celles à qui elles sont adressées.
La première partie étudie des sources qui se veulent normatives et qui visent à renforcer les usages en cours, en particulier ceux des groupes dominants (classes aisées, groupe blanc, hommes) ou à informer sur une société en mutation, par un biais institutionnel ou par des auteurs et autrices reconnu•e•s pour leur expertise ou leur autorité (membres d’une classe dite supérieure, enseignants et pédagogues, médecins, hommes d’Église, parmi d’autres). L’ambivalence de ces documents aussi bien que leurs limites face à des changements sociétaux ou au libre-arbitre de ceux et celles qui les lisent ou bien les regardent sont alors pointées.
Afin de montrer ces productions prescriptives dans leur diversité, au-delà des seules sources dites normatives, la seconde partie porte sur des documents émanant de groupes réformistes ou militants qui cherchent précisément à changer la société, régulièrement dans une vision émancipatrice. Elles se révèlent souvent contestataires ou subversives mais elles peuvent parfois reproduire certains schémas rigides.