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Des humains aux terrestres. Pour un nouveau récit du vivant (Paris)

Des humains aux terrestres. Pour un nouveau récit du vivant (Paris)

Publié le par Marc Escola (Source : Lucia della Fontana)

Colloque international intitulé Des humains aux terrestres. Pour un nouveau récit du vivant organisé par Davide Luglio, Professeur - Directeur d'ELCI (Équipe Littérature et Culture Italiennes - UR 1496) à Sorbonne Université, Lucia della Fontana, Doctorante à Sorbonne Université et par Carla Benedetti, Professeure à l'Université de Pise avec le soutien de l'IEA de Paris. 

Événement disponible en présentiel et en visioconférence.
Colloque en français et en anglais 
Ouvert au public, inscription obligatoire via le lien suivant ou via le QR Code présent dans le programme joint ci-dessous. 

Présentation

Face à la crise environnementale, ce colloque interdisciplinaire interroge les récits et représentations de l’humain dans sa condition de « terrestre », en dialogue avec les sciences de la nature, la philosophie, la littérature, le droit et les arts. Dans le sillage de la rencontre Terrestri tenue à Naples en 2019 avec Bruno Latour et Amitav Ghosh, il s’agit de réfléchir aux transformations narratives et conceptuelles qu’impose l’urgence écologique, au-delà de la séparation nature/culture. Chercheurs et artistes exploreront l’impact de l’Anthropocène sur les imaginaires contemporains, les difficultés à dépasser l’anthropocentrisme et les possibilités d’un récit partagé du vivant.

Programme

9h00  Accueil

10h00  Carla Benedetti (Université de Pise)
La « République des Terrestres » : les raisons d’un projet

Présidence : Carla Benedetti
10h30  Maurizio Bettini (Université de Sienne)
Humanité arrogante. Les Romains et l’environnement

11h - Pause café 

11h30  Olivier Remaud (École des Hautes Études en Sciences Sociales)
La vie des éléments

12h00  Francesco Zizola (Rome)
Hybris : sur l’arrogance de l’homme et la vulnérabilité de la nature

12h30 Débat

13h00 Pause déjeuner

Colloque international intitulé Des humains aux terrestres. Pour un nouveau récit du vivant organisé par Davide Luglio, Professeur - Directeur d'ELCI (Équipe Littérature et Culture Italiennes - UR 1496) à Sorbonne Université, Lucia della Fontana, Doctorante à Sorbonne Université et par Carla Benedetti, Professeure à l'Université de Pise avec le soutien de l'IEA de Paris. 

Programme

Présidence : Cristina Savettieri

14h30  Federico Luisetti (Université de Saint-Gall)
Planetary Subjects: A Pluriversal Paradigm

15h00 Manuele Gragnolati (Sorbonne Université) & Francesca Southerden (Université d’Oxford)
Vers une humanité-compost ? Sol et affect chez Boccace, Keats et Pasolini

15h30  Bruno Locatelli (Forêts et Sociétés, Cirad)
Ecologies of Relation: Exploring Human–Nonhuman Entanglements through Socio-Ecological Networks

16h Pause café

Présidence : Marguerite Bordry
16h30  Mario Carparelli (Université du Salento)
Un philosophe « terrestre » du XVIIe siècle : Giulio Cesare Vanini

17h00  Antonio Moresco
L’espèce folle

17h30  Débat

« Dire: ‘ Nous sommes des terrestres au milieu des terrestres’, n’introduit pas du tout à la même politique que : ‘Nous sommes des humains dans la nature’. » (Bruno Latour) 

La crise environnementale a ouvert une phase dramatique et absolument nouvelle de l'histoire de l'humanité, qui pourrait conduire soit à la destruction de l'espèce humaine et de nombreuses autres espèces vivantes, soit à un changement radical de comportement et de paradigme. D'où l'urgence de remettre en question non seulement nos structures économiques et productives, mais aussi nos structures mentales et notre sensibilité, et parmi celles-ci en particulier la façon dont les humains sont habitués à se percevoir dans le monde, dans leurs relations avec les autres humains et les autres espèces vivantes. 

Bien que notre condition première soit celle d'habitants de la planète Terre, cette condition est continuellement oubliée, cachée sous des « identités » plus petites et partielles : nationales, religieuses, ethniques. Et tandis que la première identifie, non seulement les humains avec les humains, mais aussi les humains avec les autres vivants non humains, les « identités » partielles divisent et ne peuvent que pousser au conflit et aux guerres ainsi qu'à l'utilisation effrénée des ressources de la planète. La politique ignore notre condition d'habitants de la Terre lorsqu'elle s'appuie sur ces identités conflictuelles, comme c'est de plus en plus le cas aujourd'hui. Quant à la logique économique qui guide le système de production actuel elle ne tient en aucun compte les limites de la planète et les répercussions sur le « système Terre » d’un modèle de développement et de croissance illimités. 

Mais on retrouve une omission similaire dans les savoirs modernes. La plupart des oeuvres philosophiques, littéraires, juridiques et scientifiques qui ont dominé au cours des derniers siècles considèrent les êtres humains en faisant abstraction de leur condition de terrestres. Les récits littéraires modernes sont emblématiques à cet égard car, dans les modèles narratifs qui se sont imposés, les personnages évoluent dans un environnement composé exclusivement de relations sociales, culturelles et économiques, comme s'ils agissaient sur un fond inerte, sans bactéries, sans atmosphère, sans photosynthèse, sans liens avec tous les autres éléments et êtres qui rendent possible la vie sur Terre. Comment pouvons-nous changer cette représentation de l'être humain ? L'objectif de ce colloque est de réunir des représentants de différents domaines du savoir - philosophie, littérature, art, droit, histoire, sciences de la terre, physique, biologie - pour discuter des stratégies qu'ils mettent en oeuvre dans leurs champs respectifs afin que les représentations et les récits de l'être humain intègrent sa « condition terrestre » dans toute son extension relationnelle avec le système dont il fait partie - une relationnalité qui est un aspect primordial de notre condition de vivants. Les contributions attendues seront centrées sur les questions suivantes :

1) Quel est l'impact de l'urgence environnementale sur la transformation des représentations et des récits de l'humain ?

2) Quelles caractéristiques la narration du vivant devrait-elle avoir pour inclure la perspective relationnelle propre à la notion de terrestre et libérer une force imaginative et proactive proportionnelle à la gravité de l'urgence ?

3) Quelles difficultés rencontrent les différents savoirs pour dépasser un modèle narratif anthropocentrique ?

4) Quelle « zone d'échange » existe-t-il entre les sciences et les arts dans la construction d'un nouveau récit partagé du vivant ?

5) Quels sont les exemples, dans les différents domaines, de récits du vivant qui intègrent le dépassement de l'opposition entre nature et culture ?

De Naples à Paris

« Des humains aux terrestres » fait suite à une précédente rencontre internationale intitulée «Terrestri », qui s'est tenue à Naples du 14 au 17 novembre 2019. Nous avions choisi cette ville, située au pied du Vésuve, le volcan le plus dangereux d'Europe, car elle est à même de rappeler, à nous, les vivants d'aujourd'hui, la fragilité de notre espèce, comme Giacomo Leopardi l'avait déjà fait il y a deux siècles. Des écrivains, des archéologues, des artistes, des philosophes, des spécialistes du changement climatique et d'autres scientifiques de la Terre avaient participé à cette rencontre. Parmi eux, le philosophe Bruno Latour, les écrivains Amitav Ghosh et Antonio Moresco. Le dernier jour, à Pozzuoli, la constitution de la République des Terrestres a été proclamée : une république dont le territoire est la Terre tout entière, avec son passeport et son hymne. C'est certes un acte symbolique, mais même les gestes symboliques peuvent semer une graine qui, espérons-le, germera. De cette rencontre est né un livre collectif intitulé Siamo tutti terrestri (Effigie, 2020). Le colloque de Paris est animé par la même urgence face à la plus grande crise que l'humanité ait connue au cours de sa longue histoire. Dans ce cas également, le choix du lieu où se tient le colloque a un lien significatif avec ce que nous espérons susciter. Paris a été le berceau de toutes les révolutions modernes, de l'âge des Lumières à la Commune, qui, malgré leurs limites, ont ouvert des brèches dans les visions du monde et ont préfiguré des parcours alternatifs à l'évolution de l'histoire humaine. Aujourd'hui, il s'agit d'inventer quelque chose d'aussi fort, mais complètement différent dans la situation absolument nouvelle dans laquelle nous nous trouvons

Comité scientifique

Davide Luglio (Sorbonne Université), Carla Benedetti (Cantiere umanistico dell’Antropocene, Università di Pisa), Cristina Savettieri (Università di Pisa), Davide Faranda (CNRS), Stefania Achella (Università di Chieti-Pescara), Marguerite Bordry (Sorbonne Université), Alessandro Fiorillo (Università di Pisa)

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