
Programme de rencontres :
dialogue entre chercheur.e.s et écrivain.e.s
Des insoutenables « catégories »
Deuxième semestre de l’année universitaire 2025-2026
EHESS, 54 bld. Raspail, 75006, Paris
Organisé par Mara Magda Maftei, LAP | UMR 8177 CNRS-EHESS[1]
en collaboration avec Chiara Palermo Université Paris 1 Panthéon Sorbonne
Le regard surplombant imposé par la modernité faisant, en général, de l’humain un agent dominant d’autres vivants est, non seulement inconcevable par d’autres cosmologies, mais aussi difficile à valider aujourd’hui par ceux et celles qui encouragent la complémentarité des vivants.
Dans la continuité des échanges organisés à l’EHESS, le programme de cette année se propose, par l’intermédiaire des chercheur.e.s et écrivain.e.s, d’interroger le franchissement des « catégories » qui semblèrent, jusqu’à récemment, parfaitement cloisonnées, leurs sensibilités ainsi que les formes d’expressions théoriques et poétiques.
Si la relation de l’homo humanus / l’homme christianus (François Hartog, 2024) avec d’autres vivants est examinée au prisme des travaux récents, celle que l’homo post-humanus entretient avec des outils qu’il a créés / des formes de vie modifiées (Frédéric Neyrat, Phoebe Hadjimarkos Clarke) nous intéresse également.
À l’heure à laquelle les frontières entre objets et sujets deviennent poreuses, les fictions qui s’inspirent de ce regard différent sur la cohabitation des vivants en ville (Laura Chomet) ou en forêt (Bernard Kalaoré) se multiplient en proposant de nouveaux récits qui convoquent des savoirs interdisciplinaires et multiculturels. Difficile d’imaginer que ces fictions récentes, orchestrées autour d’une trans-corporéité (Stacy Alaimo, 2010) et qui remettent en question les anciens récits dominants, répondent au partage selon des genres littéraires classiques et une théorie narrative classique.
Au-delà de leurs réflexions sur des contextes culturels et historiques affectés par le décentrement de l’humain et de leurs portées politiques et éthiques, ces fictions proposent une transformation esthétique du réel (Florence Jou). Ainsi l’ancienne interaction entre récit et environnement (modifié par la technoscience) qui intéressait auparavant les écrivain.e.s s’enrichit de nouveaux dispositifs narratifs en démontrant que l’espace dont se chargent ces fictions ne peut pas être abordé par un seul regard critique.
Interrogeant le langage pratiqué par les humains (Julia Sintzen, Marta Segarra), par les animaux non-humains (Florence Burgat), plongeant dans des espaces ouverts (la forêt) ou parfaitement cloisonnés (la ville), ces travaux (fictionnels ou théoriques) contribuent à un regard critique sur l’idée de « catégories ».
À la suite de discussions avec les écrivain.e.s invité.e.s, nous nous proposons d’enrichir le lexique narratologique ainsi que de démontrer que les fictions, qui s’intéressent aux relations de complémentarité entre les vivants, à l’humain et les outils qu’il crée lui-même, participent au discours interdisciplinaire en complétant les récits actuels dans le domaine des humanités environnementales et la narratologie post-classique (David Hermann, 1997).
Cette réflexion collective nous détermine à réfléchir à des ruptures dans le plaidoyer humaniste, mais aussi à donner de nouveaux sens au terme de « catégorie », à l’heure à laquelle de multiples crises idéologiques nous forcent à repenser les rapports entre l’humain, les vivants, le temps et les espaces qui les entourent.
Animaux, végétaux. La ville versus la forêt – le 29 janvier, salle AS1_23, de 16h à 19h
Intervenant.e.s
Bernard Kalaoré, LAP, EHESS
L’écrivaine Laura Chomet, La pulpe et le jus, Gallimard, 2025
Plusieurs langues des multiples paroles – le 19 février, salle AS1_23 de 16h à 19h
Intervenant.e.s
Frédéric Neyrat, Université Wisconsin-Madison
L’écrivaine Julia Sintzen, Sporen, Éditions Corti, 2025
Sensibilités de plusieurs formes de vie – le 19 mars, salle AS1 08, de 16h à 19h
Intervenant.e.s
Marta Segarra, CRAL, EHESS
L’écrivaine et performeuse Florence Jou, Xixi, Éditions MF Collection, 2025 ; Payvagues, L’Attente, 2025.
Subjectivité des animaux et des formes de vie hybrides - le 9 avril, salle AS1_24 de 16h à 19h
Intervenant.e.s
Florence Burgat, ENS-PSL-CNRS
L’écrivaine Phoebe Hadjimarkos Clarke, Aliène : roman, Paris, Éditions du Sous-sol, 2024 (Prix Livre Inter 2024) et Victor Duran-Le Peuch
[1] Contact magda.maftei@ehess.fr