
CALIGRAMA : Revue d'études romaniques
Appel à contributions pour un numéro thématique :
Que peuvent l’art et la littérature face à la crise socioécologique ?
Faculté des Lettres, Université Fédérale du Minas Gerais (UFMG)
Organisatrices:
Elisa Maria Amorim Vieira (FALE∕UFMG)
Lia Araújo Miranda de Lima (FALE∕UFMG)
En parcourant des textes littéraires, des essais historiographiques, des traités scientifiques et des oeuvres d’art visuel de différentes périodes, on peut constater que des menaces et de la violence contre la nature ont été une constante dans la trajectoire humaine sur la planète au long des derniers siècles. L’invasion européenne du continent américain, par exemple, a signifié non seulement le génocide des peuples autochtones, mais également la dégradation de vastes régions et d’écosystèmes divers, ainsi que la dissémination de l’exploitation minière sur une grande échelle et l’insertion d’espèces d’origine exogène, avec des conséquences nocives qui retentissent jusqu’à nos jours.
À partir de la fin du XVIIIe siècle, l’avènement de l’industrie et la consolidation des formes capitalistes de production ont accentué exponentiellement la détérioration socioécologique, en établissant la domination progressive de la logique prédatrice du capital sur toutes les régions du globe. La complexification des rapports productifs et, par conséquent, de la sociabilité, a produit graduellement une aliénation de l’être humain à l’égard de la nature dont celui-ci fait partie, ce qui a rendu l’humain de plus en plus un étranger à lui-même. Sous cette perspective, le rôle de l’avance du capital sur la dissociation matérielle et culturelle entre les humains et la nature devient de plus en plus patent, ainsi que l’hostilité de ce mode de production, dénoncé depuis le romantisme, envers l’art en général et la littérature en particulier. Dans ce cadre, la consolidation d’un projet civilisationnel appuyé sur la marchandise se poursuit à la charge d’un appauvrissement humain et naturel progressif, ce qui dessine la contradiction insoluble entre l’accumulation capitaliste, insatiable et potentiellement limitée, et les limites organiques de la Terre et des humains qui en dépendent.
Les dernières décennies, marquées par des crimes et des tragédies telles que celle de Chernobyl, les ruptures des barrages miniers de Bento Rodrigues/MG et Brumadinho/MG, la pandémie de Covid-19, les incendies en Amazonie et au Pantanal, parmi de nombreuses autres, nous mettent devant de paysages dystopiques, dans le constat de pertes irréparables et la perception du danger imminent. Dans les réflexions contemporaines, qui embrassent la période appelée par les uns Anthropocène, pas d’autres Capitalocène, parmi d’autres dénominations, les imaginaires autour de la nature sont traversés par des expériences de catastrophes imprégnées par des traumatismes et par un sentiment de dévastation. Na nature, soumise ainsi à des processus continus de violence devient, ainsi, dénature.
D’autre part, la littérature et les arts, à travers de différents chemins, ne se montrent pas insensibles à la réalité à laquelle on tient tête. Autant dans leurs productions qu’en leurs critiques et réflexions théoriques, elles semblent avoir beaucoup à nous dire. Devant ce cadre, quelques questions se posent : comment la littérature et les arts se placent-ils devant la crise socioécologique ? De quelle manière sont-ils affectés ? Comment l’art et la littérature contemporains peuvent-ils conjuguer l’individuel et le collectif, le particulier et l’universel, de façon à permettre que les grandes questions écologiques qui mettent en échec la continuation de l’existence humaine et celle de nombreuses autres espèces dans la planète soient assimilées par les collectivités, non seulement en tant que conscience, mais en tant que praxis transformatrice ? Et encore : l’art a-t-il ce pouvoir ?
Sous cette perspective, nous invitons des chercheuses et des chercheurs à contribuer avec ce dossier thématique en soumettant des articles qui se penchent sur l’enchevêtrement entre, d’un côté, la littérature et les arts en général et, de l’autre, la réflexion, la critique et les formulations concernant la crise socioécologique structurelle dans laquelle on se voit immergé, toujours en dialogue avec de différentes perspectives et conceptualisations qui se disposent à réfléchir sur cette crise: l’écocritique, le décolonialisme, les cosmogonies indigènes et des peuples traditionnels, l’écosocialisme, les théories sur l’Anthropocène et le Capitalocène, ainsi que des concepts voisins.
Date de tombée: 30/11/2025.