
"Quand le Français ne rit pas, il faut toujours qu’il chante" (L. S. Mercier, Tableau de Paris). Formes, fonctions et circulation de la chanson en France (1700-1830)
Quand le Français ne rit pas, il faut toujours qu’il chante » (L. S. Mercier, Tableau de Paris)
Formes, fonctions et circulation de la chanson en France (1700-1830)
Orléans le 5 et 6 juin 2026
Organisé par
La Société des Amis des Poètes Roucher et André Chénier et le laboratoire POLEN (Université d’Orléans)
En déclarant dans son Dictionnaire de musique (1768) que « les Français l’emportent sur tous les peuples de
l’Europe, pour le sel et la grâce de leurs chansons ; ils se sont toujours plus à cet amusement et y ont toujours
excellé » Rousseau prépare la voie à l’idée, qui fera florès ensuite, du lien singulier qui existerait entre la chanson
et l’esprit français. Avant que le dernier vers des couplets de Brid’oison à la fin du Mariage de Figaro se mue en
dicton (« En France, tout finit par des chansons »), le XVIIIe siècle est marqué par l’épanouissement et la
diversification de la chanson. Elle s’insinue dans tous les milieux sociaux, de la cour aux salons les mieux
fréquentés jusqu’aux rues et boulevards, où, selon les termes de C. Duneton, elle « constitua avec la prière, pour
la totalité des populations laborieuses, l’unique occasion d’utiliser un langage élaboré ».
Elle est surtout le lieu d’une formidable créativité qui se déploie en de multiples genres, textuels et musicaux,
témoignant de l’évolution des goûts et des mentalités. Tour à tour légère, didactique, satirique, vecteur de l’esprit
ou des contestations du temps, elle accompagne la vie quotidienne, les célébrations et fêtes, les cérémonies
religieuses. On fait des chansons sur tout : les sentiments et leurs intermittences, mais aussi la naissance d’un
prince, une victoire militaire, une recette de court bouillon, une loi d’arithmétique ou une leçon de morale.
Malgré cette profusion, le discours critique sur la chanson est resté plutôt rare. Depuis Tacite jusqu’à Meusnier
de Querlon qui rédigea un Mémoire historique sur la chanson en préface à l’Anthologie française de chansons
parue en 1765, il va de soi d’affirmer que la « chanson est évidemment la première et la plus ancienne poésie »,
de la désigner comme une « poésie chantante » ou de lui accorder une rubrique dans les périodiques littéraires.
Pourtant, les poétiques classiques ont eu tendance à la délaisser et les travaux qui lui ont été consacrés par la suite
n’en ont pas épuisé la matière.
Le colloque se propose d’ouvrir la réflexion sur les multiples facettes de la chanson en France entre 1700 et
1830, d’en interroger les formes à un moment donné de la période envisagée ou sur le temps long, d’envisager les
différentes fonctions qu’elle a pu endosser, ainsi que les enjeux esthétiques, idéologiques et matériels qui lui sont
attachés.
Parmi les thèmes qui pourront être abordés :
• Formes et genres : typologie des chansons, hybridations génériques, évolution des formes poétiques
et musicales
• Texte et musique : usage des timbres et airs notés, accompagnements, interprétation
• Interaction avec les autres arts : chanson et théâtre, littérature, arts visuels ; adaptations, parodies,
réécritures
• Auteurs et éditeurs : chansonniers (personnes et recueils), rôle des éditeurs, des imprimeurs et des
colporteurs
• Chanson et société : pratiques sociales (sociétés chantantes, salons, rues), chanson comme vecteur de
sociabilité, de contestation ou de conformisme.
• Chanson et pouvoir : chansons politiques, satires, propagande ; censure et contrôle ; chanson comme
outil de légitimation ou de subversion
• Diffusion et réception : circulation des chansons (manuscrits, imprimés, oralité) ; publics et usages ;
archives, anthologies.
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Les propositions de communications (titre + résumé de 300 mots maximum, accompagnés d’une courte notice
bio-bibliographique) devront être envoyés avant le 1er janvier 2026 à :
Margaux Caquant (margaux.caquant@univ-lyon3.fr)
François Jacob (francois.jacob@univ-lyon3.fr)
Stéphanie Loubère (stephanie.loubere@univ-orleans.fr)
Les communications seront publiées dans les Cahiers Roucher-Chénier.