
L’équipe de recherche : Littérature des Voyages et Littératures Francophones Contemporaines : Recherches Interdisciplinaires et Interculturelles, Laboratoire : Littérature Générale et Comparée : Imaginaires, Textes et Cultures
organise un Colloque international sous le thème :
Littératures francophones : quelles sociétés du XXIe siècle ?
Le 10 décembre 2025
Argumentaire :
La formule de Bonard « la littérature est l’expression de la société », bien qu’elle fût dictée par un contexte bien particulier, ne semble pas perdre de sa pertinence aujourd’hui. Les écrivains francophones contemporains semblent même renforcer l’idée par un ton injonctif : la littérature doit puiser son inspiration dans la société, dans l’immédiat, dans le quotidien et dans les « Arts de faire » selon l’expression de Michel de Certeau. Si la théorie du lien entre la littérature et la société a connu une fortune brillante avec les écrivains réalistes du XIXe siècle, elle retourne avec force à l’époque actuelle avec la littérature francophone qui offre un chantier très riche pour l’étude des questions sociales les plus épineuses. Certes, les problèmes que posent les sociétés d’hier ne sont pas ceux d’aujourd’hui, la société actuelle pose des problèmes sensibles et complexes à l’image de l’accélération vertigineuse des changements économiques, techniques et scientifiques, mais les écrivains ne fuient pas hors du réel et ne sollicitent donc pas un lecteur rêveur et distrait. La littérature contemporaine rivalise, de plus en plus, avec les projets sociaux les plus probants. Ce qui est remarquable, c’est non seulement le retour persistant aux faits sociaux, mais la diversité des représentations : projets encyclopédiques, retour aux archives, fragmentation du réel, autofiction ; visant à la fois un projet esthétique et éthique.
Ainsi, confrontée à la fragilité d’un monde caractérisé par la succession de catastrophes : pandémies, guerres, menaces nucléaires, effondrements environnementaux et sociétaux, la littérature francophone contemporaine a sensiblement modifié le paysage intellectuel contemporain, soucieuse de réparer le monde (Alexandre Gefen, 2017), et ce en puisant dans plusieurs disciplines (sociologie, médecine, Histoire, géographie, journalisme…). C’est un processus partagé entre l’écrivain qui transmet ce qu’il voit, ce qu’il ressent en fouillant dans les soubassements des faits sociaux, suggérant d’autres mondes possibles et le lecteur qui imagine des propositions alternatives.
Or, si les littératures francophones se distinguent de plus en plus par leur vocation universelle, leur expérience de la régionalisation atteint actuellement son apogée. En repensant l’articulation du local et du global, elles aspirent à une meilleure vision des sociétés et du monde. L’expérience singulière dont fait souvent part l’écrivain est, en contrepartie, une expérience humaine, partagée. Elle déplace les frontières intérieures pour atteindre de nouveaux horizons et abolit la distance entre soi et les autres. Conscient de cette réalité, Mabanckou n’a pas hésité à rappeler « que c’est en partant du local qu’on atteint le monde, l’universel » (Alain Mabanckou, 2007).
À cet effet, l’écrivain contemporain devient un catalyseur de manières de voir et de penser et participe activement aux débats de sa société. S’il recourt à l’individuation des personnages ou à la minutie des détails des événements (Pierre V. Zima, 2011), c’est pour inviter le lecteur à s’interroger sur ses propres positions et à mettre en question les valeurs de son époque. La part contributive de la littérature dans la vie publique relève ainsi d’une conscience collective, le texte littéraire se meut en espace de développement social et durable.
Notre colloque ambitionne de poser des réflexions sur les diverses manières dont les écrivains francophones ont posé les soubassements de la vie sociale contemporaine, contribuant ainsi à créer une conscience sociale chez le lecteur. Les études prendront en compte des espaces géographiques différents et aboliront les frontières entre les disciplines.
Les contributions pourraient explorer les axes ci-dessous tout en acceptant toute proposition en lien avec la problématique du colloque :
· Esthétique postmoderniste et immersion dans le social.
· L’écriture du quotidien, de l’ordinaire.
· Le sujet individuel et sa position dans la société.
· Littérature et thérapie : rapport lecture/écriture.
· La littérature comme laboratoire des possibles : résistances et contestations.
· Penser le social à travers les genres connexes : la chronique, le documentaire, le témoignage...
· Espaces géographiques : imaginaires et pratiques sociales.
· Les sciences sociales : quels enjeux dans la société moderne ?
· Littérature et développement durable.
· La littérature face au développement numérique.
Modalités d’envoi des propositions :
Les propositions (500 mots maximum) comprendront le titre de la communication, une courte notice bio-bibliographique précisant l’institution d’attache et l’axe de réflexion choisi, elles devront être envoyées avant le 30 septembre 2025 à l’adresse suivante :