Actualité
Appels à contributions
La réception de la Grèce ancienne en Europe par le dialogue entre textes et images dans et hors du livre (XIVe-XVIe siècle)

La réception de la Grèce ancienne en Europe par le dialogue entre textes et images dans et hors du livre (XIVe-XVIe siècle)

Publié le par Eloïse Bidegorry (Source : Lorène Bellanger)

La réception de la Grèce ancienne en Europe par le dialogue entre textes et images dans et hors du livre (XIVe-XVIe siècle)

Colloque international - ERC AGRELITA

18-19 juin 2026 à l’Université de Caen Normandie

 

Ce colloque propose d’explorer la réception littéraire, artistique et culturelle de la Grèce ancienne au prisme des relations entre les textes et les images en Europe, du xive au xvie siècle. Comment associe-t-on les différentes formes du visuel et du textuel dans ce contexte ? Comment l’alliance entre le texte et l’image a-t-elle été intégrée dans les processus de la réception de la Grèce ancienne au sens large du terme défini par Lorna Hardwick, c’est-à-dire à la fois la réception de ses savoirs et de ses textes, et l’élaboration de représentations de la Grèce ancienne ? Qu’apporte la collaboration de la création littéraire et de la création visuelle aux différentes formes de la réception de la Grèce ancienne ? Quels aspects de l’Antiquité grecque, réelle ou imaginée, sont particulièrement mis en valeur grâce au dialogue entre les textes et les images dans les œuvres littéraires, historiques et philosophiques ?

Le colloque aura lieu à l’Université de Caen Normandie les 18 et 19 juin 2026. Il portera sur le dialogue entre les textes écrits en Europe du xive au xvie siècle (éditions, traductions et commentaires d’œuvres grecques antiques, mais aussi nouveaux textes littéraires, historiques, philosophiques, didactiques) et les images. Deux axes seront envisagés. 

Le premier axe – textes et images dans le livre – concerne le dialogue entre textes et images à l’intérieur du livre manuscrit et imprimé, du point de vue de sa matérialité et de ses contenus. Il s’agira d’étudier les différents liens établis entre textes et images, les rôles donnés à l’image dans les multiples formes de réception de la Grèce ancienne et l’évolution de cette collaboration des représentations textuelles et visuelles du xive siècle au xvie siècle. On s’intéressera aux différentes formes d’illustrations et de décorations qu’offrent les manuscrits et les imprimés (peintures, gravures, dessins, décorations marginales, frontispices, inscriptions…).

Le deuxième axe – textes et images hors du livre – porte sur la création d’images qui s’inscrivent en dehors du livre, mais qui prennent leur origine dans un ou des livres, et qui illustrent, développent ou retravaillent une tradition textuelle sur la Grèce ancienne et en contiennent une trace textuelle, un signe textuel (légende, inscription, poème sous l’image, phylactère, représentation d’un livre dans l’image ou l’objet visuel…). Ce corpus inclut diverses catégories d’œuvres appartenant aux arts visuels (dessins, gravures, emblèmes, peintures, sculptures, architectures…), aux arts décoratifs (ameublement, orfèvrerie, vitrail, tapisserie, objets précieux…), aux arts scéniques (cérémonies, théâtre, danse, opéra…) ou aux arts appliqués (mode, objets du quotidien…).

Ces deux axes nous engagent à réfléchir sur l’importance de l’intermédialité dans la réception de la Grèce ancienne, autrement dit sur les transferts de formes et de sens entre différents media qui contribuent à cette réception. Par ailleurs, l’approche intermédiale n’est pas née ex nihilo mais se fonde sur un héritage des théoriciens de l’Antiquité grecque, comme le souligne Jürgen E. Müller, qui a développé ce concept dans les années 1980[1].

L’affirmation de liens étroits, voire d’une parenté entre les différents arts, est en effet très ancienne, puisqu’Aristote évoquait déjà, dans la Poétique, les similitudes entre le travail du poète et celui du peintre : « le poète est un auteur de représentations, tout comme le peintre ou tout autre faiseur d’images »[2]. La célèbre formule du poète Horace, ut pictura poesis[3], se situe au cœur de la théorie des arts à la Renaissance, justifiant l’idée que le travail des peintres n’est pas moins noble que celui des écrivains. Si le dialogue des arts est fortement affirmé et valorisé à partir du xvie siècle, il n’est cependant pas absent aux siècles précédents, bien que ce soit sous une forme moins théorisée.

La perspective de l’intermédialité permet ainsi d’aborder les processus de création et les transferts de forme et de sens entre texte et image au sein d’un vaste champ d’étude interdisciplinaire. Sans exclure d’autres approches, les propositions mettront en lumière des aspects encore peu explorés concernant la polyvalence des artistes, la circulation de modèles et les stratégies de représentation de la Grèce antique au sein de la transmission depuis les livres vers d’autres œuvres visuelles.

Dans l’espace du livre, notre premier axe, quels types de dialogue se nouent entre le texte et l’image, et dans quelles formes de livres illustrés ? Quels rôles jouent le texte par rapport à l’image qui l’illustre, et inversement, l’image muette par rapport au texte parlant ? L’image illustre le texte, elle complexifie une histoire ou, au contraire, simplifie le récit ; l’image interprète le texte, elle allégorise ou personnifie un concept, elle modifie parfois aussi sa signification, elle peut mettre en présence (« re-présenter ») ce qui n’est pas dit ; elle déploie une fonction d’ornement là où on ne l’attend pas nécessairement (dans la marge, par exemple), s’autonomisant peu à peu par rapport au texte. 

D’autres questionnements sont soulevés par le deuxième axe : comment des images liées à la Grèce ancienne s’incarnent-elles en dehors de l’espace du livre, tout en s’inspirant de traditions textuelles sur la Grèce antique ? Comment révèlent-elles cet héritage par la présence dans l’image de textes courts ou de signes textuels ? et comment interpréter ces formes différentes de liens entre le texte et l’image, et ces dispositifs de mise en abyme ? Comment les artistes s’en emparent-ils dans leurs représentations de la Grèce ancienne ?

Les diverses modalités d’émergence et d’ordonnance de l’image vis-à-vis d’un texte ne s’excluent pas les unes des autres, et d’autres restent sans nul doute encore à étudier dans le champ des études sur la réception de la Grèce ancienne.

 

Modalités de soumission

Les propositions de communication, en français ou en anglais (titre et résumé de 200-300 mots), sont à adresser, accompagnées d’un bref CV, au plus tard le 15 décembre 2025 aux adresses suivantes : 

•    catherine.gaullier-bougassas@unicaen.fr

•    lorene.bellanger@unicaen.fr

Après examen des propositions, l’acceptation sera notifiée vers le 15 janvier 2026.

Les frais de déplacement et d’hébergement seront pris en charge selon les modalités de l’Université de Caen Normandie.

Les actes du colloque seront publiés dans la collection « Recherches sur les Réceptions de l’Antiquité » de Brepols (https://www.brepols.net/series/RRA). Les articles proposés devront être inédits.

 

Organisation

•       Catherine Gaullier-Bougassas, Professeure des universités en langue et littérature médiévales françaises, ERC Agrelita (Principal Investigator), CRAHAM (UMR 6273), Université de Caen Normandie 

•       Julie Labregère, Post-doctorante ERC Agrelita, CRAHAM (UMR 6273), Université de Caen Normandie

•       Giulia Parma, Post-doctorante ERC Agrelita, CRAHAM (UMR 6273), Université de Caen Normandie

•       Lorène Bellanger, Project Manager ERC Agrelita, CRAHAM (UMR 6273), Université de Caen Normandie

*

ERC Advanced Grant AGRELITA • The Reception of Ancient Greece in Premodern French Literature and Illustrations of Manuscripts and Printed Books (1320–1550) : How Invented Memories Shaped the Identity of European Communities. 

The AGRELITA project was launched on October 1st, 2021. It is a 6-year project (2021-2027), which has received funding from the European Research Council (ERC) under the European Union’s Horizon 2020 research and innovation programme (grant agreement No 101018777).

En savoir plus sur le projet : https://agrelita.hypotheses.org/


 
[1] « En Occident, on analyse les médias séparément, alors qu’il semblerait que Aristote voyait la poésie et la musique comme une unité intermédiatique […]. Le mot de Simonides de Kéos, “la peinture comme une poésie muette”, dans les Moralia de Plutarque, est une des premières réflexions sur l’interaction entre les médias » (MÜLLER, Jürgen E., « Vers l’intermédialité : histoires, positions et options d'un axe de pertinence », Médiamorphoses. L’identité des médias en questions, n°16, 2006, p. 101). 
[2] ARISTOTE, Poétique, VI, 1460b.
[3] HORACE, Art poétique v. 361-365.