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Appels à contributions

"Je prends l’humour très au sérieux" : la langue de Fabrice Caro

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne (Source : Cécile Narjoux)

« Je prends l’humour très au sérieux » : la langue de Fabrice Caro
Colloque des 4 et 5 juin 2026

Université Paris Cité, en partenariat avec Sorbonne-Université

Appel à communications

Après les recueils de contributions consacrés, notamment, à la langue de Sylvie Germain, de Laurent Mauvignier, d’Éric Chevillard, de Maylis de Kerangal, de Marie-Hélène Lafon ou encore de Régis Jauffret, et plus récemment de Jérôme Ferrari, nous souhaitons poursuivre cette exploration des voix singulières de la littérature contemporaine française avec l’œuvre de Fabrice Caro, alias Fabcaro, dont les multiples productions (romans, bandes dessinées, chroniques et adaptations) manifestent une écriture à la fois immédiatement identifiable et insaisissable, légère autant que grave, absurde autant que mélancolique.

Auteur de bandes dessinées à succès – dont l’incontournable Zaï zaï zaï zaï (2015) et de nombreux albums remarqués chez les éditeurs 6 pieds sous terre et La Cafetière (Moins qu’hier (plus que demain), Formica, Moon river) –, romancier (Le discours, Figurec, Broadway, La Disparition de Jim Sullivan, Journal d’un scénario, Fort Alamo, Les Derniers Jours de l'apesanteur), chroniqueur, scénariste de bandes dessinées (pour les éditions Jungle et pour la poursuite des Astérix), Fabrice Caro est aussi musicien, parolier et désormais auteur adapté au cinéma (Zaï zaï zaï zaï par François Desagnat, Le discours par Laurent Tirard) et même au théâtre (Le discours, adapté par Simon Astier, Formica, adapté par Amélie Étasse). Son œuvre, protéiforme et nourrie par des codes populaires, interroge la norme sociale, les automatismes du quotidien et les impasses du langage avec un humour décalé et une remarquable économie de moyens.

La critique évoque une mécanique comique bien huilée (« C’est vraiment une histoire de rythme. L’humour, c’est de l’horlogerie, donc ça ne tient à rien. Moi j’aime bien qu’on me prenne de court et être perdu.[1] »), une justesse d’observation du monde social, une simplicité travaillée, un humour absurde proche du nonsense (« J’adore le nonsense, c’est quelque chose qui me permet de traiter des sujets sociétaux de manière indirecte, pas frontalement.[2] »), une poésie du décalage, une mélancolie rieuse (« Ma seule contrainte est de me faire rire[3] ») , et une manière très particulière de faire surgir l’émotion dans l’anodin qui fait que l’on peut parler à son propos de « style atypique » ou « moins académique[4] ».  

Le colloque entend ainsi proposer une exploration stylistique, poétique, linguistique, mais aussi intermédiale et sémiotique de l’œuvre de Fabrice Caro et de son style « moins académique » ou « atypique ». On pourra notamment s’interroger sur :

- Les propriétés de sa langue : phrasé, ponctuation, structures de la chute et du gag ; structures humoristiques ; construction du comique de répétition ou de glissement ;

- La poétique de l’absurde et les héritages revendiqués (Desproges, Kafka, Ionesco ?) ;

- Le traitement du langage social et des conventions discursives (langue des couples, éléments de langage politique, injonctions publicitaires…) ;

- Le jeu avec les genres et les formats (roman, BD, autofiction, roman-photo, feuilleton, script, etc.) ;

- La manière dont le style graphique de Fabcaro, singulier mais nourri d'influences marquées (Goscinny, Gotlib, Drucker, Trondheim, De Crécy, etc.), se développe et se manifeste au fil des albums ;

- Les passages entre texte, image et musique : comment se configure ou se refigure le style de Fabrice Caro dans des formes intersémiotiques (bande dessinée, chanson, cinéma) ?

- La place de l’auteur dans ses œuvres, entre voix narrative et effacement comique ;

- Les formes de mélancolie, de vide, d’ennui, de ratage, de solitude, que l’humour désarme. 

Nous accueillons aussi bien les communications issues de la stylistique, de la narratologie, des sciences du langage, de la bande dessinée, de la théorie littéraire ou de l’analyse filmique, que des propositions à la croisée des disciplines.

Le colloque se tiendra les 4 et 5 juin 2026 à l’Université Paris Cité, en présence  de l’auteur.

Les propositions (titre, résumé de 1500 signes max et brève bio-bibliographie) sont à envoyer avant le 15 novembre 2025 à :

- Cécile Narjoux, Université Paris Cité : cecilenarjoux.univpariscite@gmail.com

- Anne-Marie Paillet, ENS Ulm : paillet.anne-marie@wanadoo.fr

- Florent Perget, Université Paris Cité : florent.perget@gmail.com.

 


 
[1] Entretien de Fabcaro pour SoFilm n°66, décembre 2018, en ligne : https://sofilm.fr/fabcaro/. Consulté le 25/07/25.
[2] Actualitté.com, interview de Fabcaro par Robin Boude, 2016, en ligne : https://actualitte.com/article/24482/interviews/fabcaro-l-absurde-me-permet-de-traiter-des-sujets-de-societe-indirectement? Consulté le 25/07/25.
[3] Macha Sery, « Fabrice Caro : ‘Ma seule contrainte est de me faire rire’ », Le Monde, 15 mai 2022.
[4] Ibid.