Questions de société
Ella Shohat, Langues et mémoires juives-arabes

Ella Shohat, Langues et mémoires juives-arabes

Publié le par Marc Escola

"La guerre est l'amie des binarismes, elle laisse peu de place aux identités complexes."

Née dans une famille juive bagdadienne, Ella Shohat a grandi en Israël et vit aujourd'hui à New York. 

Écrits à différents moments de sa carrière de chercheuse en études culturelles, les trois textes ici réunis abordent la question de l'identité d'une voix vibrante et personnelle, à la fois fidèle à une méthodologie rigoureuse et marquée par une profonde réflexivité. 

Ils suivent les itinéraires de la mémoire et des langues parlées par les juif.ves-arabes, la manière dont elles sont traitées par le discours sioniste, et enfin les détours de ce qui rend acceptables, aux Etats-Unis, les identités composées. Dans un contexte où les récits nationalistes embarquent, opposent, gomment, réécrivent ou rejettent des cultures, des mémoires, des communautés entières, Shohat rappelle l'importance d'écrire des contre-histoires situées, et par exemple celle-ci : on peut être juive et arabe.

On peut lire sur en-attendant-nadeau.fr un article sur cet ouvrage :

"De l’importance des traits d’union", par Sonia Dayan-Herzbrun (en ligne le 21 juin 2025).

Née en Israël de parents originaires de Bagdad, Ella Shohat enseigne à l’université de New York les cultural studies, discipline qui a été le berceau anglo-saxon des études postcoloniales. Les trois essais composant Langues et mémoires juives-arabes ont été publiés entre 1992 et 2016 et visent un même objectif : mettre fin aux oppositions binaires et aux représentations simplistes des identités au Moyen-Orient mais aussi aux États-Unis.

Ella Shohat réfléchit à partir de sa propre histoire éclatée et disloquée entre l’Irak, Israël et les États-Unis, et de sa pratique scientifique de la linguistique et de l’analyse des textes et des images. Ce qu’elle met en évidence sur les entités oxymoriques est un magnifique pied de nez aux récits canoniques qui construisent les nationalismes belliqueux.