
Être face à une peinture. Se laisser happer par sa présence matérielle autant que par l’image qu’elle donne à voir. Puis, en philosophe, interroger cette expérience, cet échange silencieux entre l’œil et la toile. Telle est la démarche singulière de Jacqueline Lichtenstein (1947-2019), dont la pensée a profondément marqué la philosophie de l’art et l’histoire des théories esthétiques. De La Couleur éloquente et La Tache aveugle, aux Raisons de l’art, son œuvre a mis en lumière l’importance du coloris face au dessin, le dialogue entre peinture et sculpture, ainsi que les discours qui façonnent notre regard sur l’art. Puisant aux sources des conférences de l’Académie Royale de peinture et de sculpture, elle a su articuler savoir théorique et savoir-faire artistique, renouvelant en profondeur notre compréhension des images. Sous le titre Jacqueline Lichtenstein. Une voie philosophique de l'art (Sorbonne Université Presses), un ouvrage lui rend hommage en réunissant des contributions critiques de philosophes et d’historiens de l’art inspirés par sa pensée. Il s’ouvre sur un inédit de Jacqueline Lichtenstein, consacré à la question du faux et de la copie en peinture, et se clôt sur la première traduction française d’un texte qu’elle affectionnait particulièrement : "Norme et forme du grand historien de l’art Ernst H. Gombrich".
(Illustr. : Charles, Le Brun : "L’admiration", série L'Expression des passions de l’âme, 1727, source utpictura18).