
Face aux guerres dans lesquelles les pays d’Europe sont impliqués, nous oscillons en permanence entre anesthésie et frénésie. Certaines situations guerrières donnent lieu à un échauffement affectif, un « regain » d’énergies psychi-ques et sociales, tandis que d’autres sont à peine nommées, reléguées au loin. Cette enquête philosophique creuse l’ambivalence de nos rapports à la guerre, inscrite au coeur de l’histoire sensible de la modernité.
Inspiré des écrits de Walter Benjamin, de W. G. Sebald ou encore de Klaus Theweleit, l’ouvrage explore ces affects guerriers à travers le XXe siècle, et interroge leur héritage : la froideur de la mise à distance, le déni des ruines après 1945, le désir d’intensification de l’expérience de soi, qui mobilise les imaginaires en 1914-1918 et s’engloutit dans les tranchées… voire mute en passions fascistes qui se nourrissent activement de la dévastation.
Déborah V. Brosteaux prend au sérieux ces désirs, y compris dans leurs attraits. Et se demande : quelles transformations affectives activer pour résister aux mobilisations guerrières ?
Déborah V. Brosteaux est chercheuse en philosophie à l’Université Libre de Bruxelles (ULB), membre du Centre de Recherche sur l’Expérience de Guerre (CREG, MSH-ULB) et chercheuse associée au Centre Marc Bloch à Berlin. Elle est également éditrice aux éditions Météores.
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Des rencontres avec l'autrice sont prévues à 19h le 6 avril à Bruxelles (Pianoktail des Marolles), à 18h le 17 avril à Bruxelles (librairie Le Corner), et à 19h le 24 avril à Montreuil (librairie Michèle Firk).
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On peut lire sur enattendantnadeau.fr un article sur cet ouvrage :
"Pourquoi la guerre est-elle encore si jolie ?", par Richard Figuier (en ligne le 6 mai 2025).
La modernité est puissance, elle possède le pouvoir scientifique, technique et industriel de changer, transformer, métamorphoser le monde. Mais attention, « puissance » est un grand mot, qui désigne une réalité plus haute que des pouvoirs, une domination qui vient de l’homme mais lui échappe, qu’il ne peut posséder ni contrôler. D’où son caractère foncièrement ambivalent : aussi bien source d’émancipation que de dépassement des limites. C’est cet autre visage de la modernité, agressif et guerrier, que le livre de Déborah V. Brosteaux explore dans une actualité qui fait singulièrement résonner ses analyses.