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Les collaborations entre artistes et scientifiques (Lausanne)

Les collaborations entre artistes et scientifiques (Lausanne)

Publié le par Aurélien Maignant (Source : La Grange (Aurélien Maignant))

Colloque « Les collaborations entre artistes et scientifiques »

27-28-29 mars 2025

La Grange – Centre Arts/Sciences / Université de Lausanne

L’enjeu contemporain des relations entre arts et sciences appelle à une redéfinition, tant ces deux domaines semblent parfois enfermés dans une opposition ou une complémentarité superficielle. Depuis les années 1960-1970, et des initiatives comme le Colloque de Cerisy « Art et Science : de la créativité  » (septembre 1970), les interactions entre arts et sciences sont de plus en plus étudiées, même si leur théorisation reste lacunaire. Les arts, souvent réduits à une fonction illustrative ou médiatrice sont encore perçus du côté scientifique comme des outils de vulgarisation, renforçant une vision instrumentale de la collaboration. Ces considérations tendent à réduire les pratiques artistiques à un rôle subalterne, tout en consolidant une distinction réifiée (et largement inopérante) entre objectivité scientifique et subjectivité artistique. Dans cette configuration, l’art est souvent assimilé à l’expression d’un ego, tandis que la science est érigée en modèle de production de vérités objectives. Nous cherchons à redéfinir les termes mêmes de cette relation, où la création artistique et la recherche scientifique se rencontrent pour repenser la production et la circulation des savoirs.

L'objectif est de reconstituer une histoire plurielle, au croisement des perspectives, qui permette de penser l'actualité et les futurs de la dynamique arts/sciences. En questionnant la place de l’esthétique dans la production du savoir scientifique, nous chercherons à observer comment ces interactions ont contribué à de nouvelles formes hybrides de création et de réflexion. Nous tenterons de comprendre comment institutions et révolutions scientifiques ont façonné ces dialogues, venant à leur tour questionner les enjeux épistémiques des disciplines. Ce croisement des perspectives permettra de repenser les rôles respectifs de l’art et de la science dans la production et la diffusion du savoir, en ouvrant une réflexion sur l’actualité et les futurs possibles de cette dynamique.

Loin des injonctions de productivité et de progrès technologique, il s’agit d’explorer des pratiques scientifiques et artistiques attentives à la matérialité du vivant. Dans ce cadre, nous examinerons les liens entre pratiques vernaculaires, technologie et modernité scientifique, en confrontant la mécanisation puis l'automatisation des sciences contemporaines. Dans un contexte de computationalisation des connaissances, les pratiques artistiques permettent de réintroduire de l'intuitif, l'aléatoire et le non-mesurable dans la recherche scientifique actuelle qui tend à les exclure. Les épistémogenèses sont alors remises en jeu, autrement dit la manière dont les savoirs sont produits et transformés au sein des institutions, pour venir questionner la hiérarchisation et le statut des pratiques dans les sciences modernes.

Le processus théâtral, en tant qu’espace d’expérimentation, devient une voie privilégiée pour penser les articulations entre fabrication, représentation et réflexivité scientifique. La scène est un espace où se rencontrent artistes et scientifiques pour composer de nouveaux rapports au monde, en ouvrant un lieu où l’espace des faits scientifiques se transforme en espace poïétique. Nous voulons explorer la performance comme un dispositif de transmission des savoirs et comme un processus d’investigation où lae contributeurice est intégré.e à une expérience collective d’exploration du réel. En plaçant le corps en mouvement au cœur de ce processus, l’art devient un vecteur d’images et d’interprétations nouvelles. La performance ouvre alors un lieu de transformation des savoirs scientifiques.

Programme…

Jeudi 27 mars

Pratiques et savoirs croisé·es. Histoire, institutions

Cette première demi-journée propose d’examiner les relations historiques entre arts et sciences, pour repenser leurs rôles respectifs dans notre façon de produire et partager les savoirs.

Panel 1 : Reconfigurer les frontières entre arts et sciences

  • 13h15 – 13h45 : Jean-Paul Fourmentraux – Oeuvres frontières : Sciences, Arts, Technologies
  • 13h45 – 14h15 : Nathalie Stefanov – Évolution des pratiques Arts et Sciences : perspectives historiques et engagements contemporains

14h15 – 14h45 : Pause

Panel 2 : Histoires et devenirs des collaborations arts-sciences en contexte institutionnel

  • 14h45 – 15h15 : Sandra Delacourt – Une décennie de dépaysement de la recherche. Traversée d’un nouveau paysage institutionnel entre arts et sciences
  • 15h15 – 15h45 : Volny Fages – Rencontres d’un autre type. Déplacer les institutions, créer des espaces interstitiels entre arts et sciences

16h-17h : Récit d’expérience #1 : Romain Bionda (UNIL), Julie Bugnard, Isumi Grichtig : Coécrire un récit multiversel

17h-18h : Récit d’expérience #2 : Olivia Csky Trnka, Richard Timsit (EPFL), Laurence Kaufmann (UNIL) : Être une artiste en centrale nucléaire

18h-19h : Apéritif dinatoire

19h-20h : Faire Troupeau, un spectacle de Marion Thomas

Vendredi 28 mars

Régénérer les savoirs. Sortir de l’objectivité

Cette deuxième demi-journée invite à questionner la place de l’intuitif, de l’aléatoire et du non-mesurable dans une recherche scientifique contemporaine qui se mécanise et s’automatise toujours davantage.

Panel 3 : Penser les interférences : critique des modèles et des cadres

  • 10h30 – 11h : Christian Ruby – Cinq exercices critiques de l’arpenteur moderne
  • 11h – 11h30 :  Alain Kaufmann – Concepts, affects, percepts : chercher et enquêter autrement

La performance comme dispositif de réflexivité scientifique

Cette troisième demi-journée examine la performance comme un espace hybride où artistes et chercheurexs co-construisent de nouvelles façons d’explorer, de transmettre et de transformer les savoirs scientifiques.

Panel 4 : Expériences temporelles et dramaturgies scientifiques

  • 13h30 – 14h : Victor Thimonier – “Fantômes du temps long et petites expériences dramaturgiques dans Anachronique paléolithique!”
  • 14h – 14h30 : Jean-Marc Chomaz – Décalage vers le rouge : causalité, déterminisme, réversibilité, irréversibilité, une démo de retournement du temps

14h30 – 15h : Pause café

Panel 5 : Pratiques collectives et mises en œuvre sensibles

  • 15h – 15h30 : Maria Grace Salamanca González – Lorsque ni l’affectivité, ni la réflectivité ne suffisent: chercher dans les esthétiques du care
  • 15h30 – 15h45 : Morgan Chabanon & Audrey Gosset – Processus d’enœuvrement collectif : expérimenter avec le projet Thermodanse

16h-17h : Récit d’expérience #3 : Mathilde Zbaeren (UNIL), Mathilde Morel : Analyser la réaction traumatique d’un public de théâtre

17h-18h : Récit d’expérience #4 : Delphine Preissmann (UNIL), Nathalie Dongois (UNIL), Anouk Werro, Mélissa Rouvinet : Agir sur la mémoire des publics

18h-20h : Apéritif dinatoire

20h-21h : Face à Chienne, un spectacle de Mathilde Morel et Mathilde Zbaeren

21h30-23h : Concerts et fête.

Samedi 29 mars

9h-14h : Atelier de programmation artistique permacole avec Anne-Christine Liske

14h-15h : Récit d’expérience #5 : Camille Jaccard (scientifique UNIL), Caroline Bernard (artiste) : Capter la parole des personnes psychiatrisées

17h-18h : Récit d’expérience #6 : Martin Everaert (EPFL), Marielle Pinsard (artiste), Greg Duret (artiste), Anne-Sophie Sterck (artiste) : Co-écrire son spectacle avec des algorithmes

20h-21h : Une leçon de ténèbres, un spectacle de Betty Tchomanga.