
Prométhée et Pygmalion. Intermédialité et coalescence des mythes. Conf. de Marco Maggi et Anne Geisler-Szmulewicz (Séminaire TIGRE "Mythe et Illustration", Guyencourt & en ligne)
16h - 19h
Marco Maggi (Università della Svizzera Italiana), Prométhée: mythe et intermédialité
Si la mobilité diachronique et diatopique du mythe en général est désormais un fait acquis, la dimension médiale de cette mobilité ne l’est pas, ou pas suffisamment. Comme on l’a observé, « le jeu des prismes interprétatifs est parfois d’une complexité qui repose bien plus que de l’intertextualité littéraire » (Myriam Watthee-Delmotte). Actualisant la question, les études en médiologie, dans le sillage des Mythologies de Roland Barthes, ont mis en évidence à la fois les affinités électives entre des thèmes mythiques particuliers et des médias individuels, et l’influence des dispositifs médiatiques sur les configurations des mythes.
Avec sa surabondance et sa variété médiale, le cas de Prométhée constitue un cas exemplaire à cet égard. Le séminaire se concentrera sur quelques variations contemporaines du mythe du Titan, du cinéma aux séries télévisées, des jeux vidéo aux mèmes internet. Il en ressort une instabilité fondamentale des mythes dans le présent (« mythes de basse intensité », selon la formule de Peppino Ortoleva), impliqués dans des migrations incessantes d’un média à l’autre et souvent interchangeables les uns avec les autres.
Vous pourrez également consulter en ce sens le numéro spécial de la revue Arabeschi (n° 23 sur Prométhée) : http://www.arabeschi.it/numbers/arabeschi-n-23/
Anne Geisler-Szmulewicz (UEVE Paris-Saclay), Recréer les mythes par le recours à la coalescence : l’exemple de Pygmalion dans la littérature du XIXe siècle
Anne Geisler-Szmulewicz, maîtresse de conférences à l’université d’Évry Paris-Saclay, et auteur d’une thèse intitulée Le mythe de Pygmalion pour une approche de la coalescence des mythes parue chez Champion en 1999, se propose ici de revenir sur les traits saillants du phénomène de coalescence. Après avoir expliqué comment elle en est venue à travailler sur ce sujet, elle montrera comment le mythe de Pygmalion, très connu depuis les représentations du mélodrame de Rousseau, Pygmalion, scène lyrique (1771) et le tableau de Girodet, Pygmalion et Galatée (1819), est senti par bon nombre d’écrivains du XIXe siècle comme un mythe intéressant à la condition de lui faire subir une profonde transformation. C’est par le phénomène de coalescence que le mythe va se renouveler, à un moment où la question des représentations de l’artiste et de sa place dans le monde se pose avec acuité. Anne Geisler-Szmulewicz présentera, à travers quelques exemples précis, comment le phénomène opère et comment les significations du mythe de Pygmalion se voient enrichies, voire modifiées en profondeur par son association avec d’autres, comme ceux de Prométhée, ou encore de Narcisse et de Méduse. Ce phénomène de recréation des mythes par la coalescence possède toutefois des limites, qu’elle analysera pour finir.