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Remèdes au désenchantement

Remèdes au désenchantement

Publié le par Faculté des lettres - Université de Lausanne

Manœuvre, ouvrier agricole, apiculteur, terrassier, ajusteur, correcteur d’imprimerie, Georges Navel (1904-1993) est surtout connu pour être l’auteur de Travaux, l'un des grands classiques de la littérature ouvrière paru en 1945. Peu savent qu’il poursuivit sa quête autobiographique et humaniste dans d’autres ouvrages tout aussi remarquables.
Ainsi de Passages, son ultime livre, paru en 1982, que réédite Roméo Bondon pour les éditions de L'Échappée. Navel y raconte sa jeunesse : petit dernier d’une fratrie de treize enfants, il a à peine dix ans quand éclate la Première Guerre mondiale. Obligé de quitter sa chère campagne lorraine, la Croix-Rouge l’expédie en Algérie où il découvre avec stupeur les affres du colonialisme. Il retrouve ensuite sa famille à Lyon, y exerce ses premiers petits boulots, et s’immerge dans le bouillonnement anarcho-syndicaliste de la ville, ferment de sa future insoumission et de son engagement en 1936 dans la révolution espagnole. Paraît dans le même temps dans la collection L'Imaginaire (Gallimard), Parcours, un récit d'enfance antérieur d'une trentaine d'années, préfacé par Sylvain Prudhomme et Mattia Filice, qui narre la guerre de 1914, ses apprentissages, ses vaines tentatives pour adhérer de toute son âme à un parti politique qui satisfasse ses aspirations, son non conformisme, notamment en matière de service militaire, sa participation à la guerre civile espagnole, sa mobilisation en 1939, son installation dernière comme fermier dans le Midi — autant de tableaux d'une sobriété, d'une pudeur et d'une franchise exceptionnelles. Fabula vous invite à en lire un extrait… La collection Le Sentiment géographique (Gallimard encore) donne à lire de son côté Près des abeilles, un recueil de pages à la poésie merveilleuse, extraites de Chacun son royaume, sur les séjours que fit Navel à la fin des années 1920 dans l’arrière-pays provençal, hébergé dans une maison abandonnée entre vignes et forêt : les "Travaux et les Jours d’un Hésiode syndicaliste", selon les mots de Jean Giono.