Le XIXe siècle fut le moment du progressif élargissement de l’instruction via l’école. D’où qu’on l’envisage, le mouvement s’ancre dans des matérialités : sous la monarchie de Juillet, salles de classe rurales sans autre support que les genoux pour écrire ; préaux spacieux des années 1890 ; tintement de la cloche et des billes empochées à la récréation ; corps sanglés par l’uniforme ou caressés sous la blouse, surmenés par la lecture ou émerveillés par les projections lumineuses, contraints à la position assise ou déliés par la gymnastique. Du Lys dans la vallée au Petit Chose, de La Maternelle à La Guerre des boutons en passant par la trilogie vallésienne, que de fois l’école a-t-elle été mise en "scènes" ! Parce qu’elles sélectionnent, condensent et dramatisent, elles manquent bien des expériences ordinaires ; mais ni l’idéalisation ni la satire ne masquent une tension fondamentale, qui s’exprime pendant toute la période considérée, scandée par les lois Guizot (1833), Falloux (1850) et Ferry (1881-1882) : autour de l’école (espace et institution, avec ou sans majuscule) coexistent des conceptions différentes des savoirs, de la pédagogie, et plus globalement de la vie. Les "Matières scolaires" sont au sommaire de la nouvelle livraison de la revue Romantisme, à l'initiative de Sarah Al-Matary.
(Illustr : Vous me conjuguerez dix fois... - Crimes et châtiments : suite de vingt-deux lithographies en couleurs publiée par Félix Valloton dans L'Assiette au Beurre, Planche n°16) 1901)