Au seuil de la date des 50 ans de la disparition de Paul Morand (23 juillet 1976), le colloque « Paul Morand redessiné » qui se tiendra à l’Université de Malte les jeudi 8 et vendredi 9 mai 2025 se propose de revenir sur l’une des figures parmi les plus marquantes et complexes du XXe siècle. À l’instar de son ami Jean Cocteau dont l’épitaphe promettait : « Je reste avec vous », Paul Morand, par un jeu calculé de publications posthumes, à intervalles réguliers, a de lui-même entretenu sa mémoire. Ces publications, à caractère autobiographique, bien que de genres différents (journaux, correspondances) ne sont pas allées sans un certain scandale. Paradoxalement, elles ont relancé et entretenu la notoriété de l’écrivain, ont le plus souvent été des succès de librairie. Cependant, elles ont également contribué à dégrader l’image de l’homme. Entre cette date anniversaire, ces publications posthumes depuis un quart de siècle, le choc plus particulier qu’a représenté la publication récente de son Journal de guerre, et l’expectative de la publication de la suite de son journal (d’exil ?) jusqu’à la date du début de la correspondance avec Chardonne, on peut raisonnablement affirmer que l’image publique de Paul Morand a été redessinée. Les enjeux de ce colloque sont de mettre en évidence comment, selon trois axes – non exclusifs.
I. Paul Morand redessiné génériquement :
Longtemps, Morand a passé pour l’un/le plus grand auteur de nouvelles du XXe siècle et pour l’écrivain du renouvellement de l’écriture du voyage au XXe siècle. La cascade de publications à caractère autobiographique, en particulier les journaux (surtout si l’on ajoute le Journal d’un attaché d’ambassade) en fait également un des plus grands diaristes. En quoi ses journaux, chroniques… ont-ils contribué à le redessiner ?
II. Paul Morand redessiné disciplinairement :
Paul Morand, auteur passionné par l’Histoire, dont il s’est inspiré dans plusieurs de ses œuvres - qu’on songe à Isabeau de Bavière, au Flagellant de Séville, où à Fouquet ou le Soleil offusqué… - a fini par devenir lui-même, à défaut d’un « personnage » historique, du moins un « sujet d’étude » historique, du fait de sa double casquette d’écrivain diplomate. Son extraordinaire proximité avec des personnages historiques, sa présence au cœur de centres névralgiques pendant les plus importants conflits de l’histoire de l’humanité, et les écrits qu’il a laissés à propos des événements dont il a été témoin, le placent à la charnière de la littérature et de l’Histoire ; son Journal de guerre est un véritable document historique. Dans quel sens a-t-il été redessiné disciplinairement ?
III. Paul Morand redessiné éthiquement
La conséquence de toutes ces publications, c’est en même temps qu’une notoriété ré-activée (cela entre dans Paul Morand redessiné : il est assurément plus célèbre aujourd’hui qu’il l’a été dans les années 1980-1990) une dégradation de l’image publique de Morand, qui a pris peu à peu le visage du « salaud » de la littérature française.
Ce sont ces axes et d’autres que ce colloque propose donc d’explorer. Les propositions, pour des communications d’une durée de 25 minutes, sont à adresser pour le 31 janvier 2025 au plus tard conjointement à Emmanuel Couly – ecouly@outlook.fr – et Dominique Lanni – dominiquelanni@yahoo.fr. Le colloque se tiendra à l'Université de Malte les 8 et 9 mai 2025.