Le XVIIIe siècle est le témoin d’une explosion de la couleur dans tous les domaines : science, art, vie quotidienne, littérature. Bien plus qu’une simple parenthèse colorée vite refermée, le siècle des Lumières marque le passage à un monde où la couleur devient une catégorie de représentation de la réalité, le nouveau filtre à travers lequel on voit, on pense et on habite le monde. La couleur n’est plus d’abord un symbole ou un emblème, elle vaut désormais pour elle-même, pour sa fonction expressive ou esthétique. Dans L'Invention de la couleur par les Lumières. De Newton à Goethe (Les Belles Lettres), Aurélia Gaillard achève d'en faire la démonstration à partir de quelques idées phares : l’élargissement des gammes chromatiques, la désectorisation de la couleur (antérieurement très liée à des techniques et donc à des corps de métiers), la conceptualisation de la couleur (avec sa mathématisation, sa racialisation, un début de sexualisation), enfin, son entrée dans la langue et dans la littérature, indice par excellence de l’appropriation de la couleur par les femmes et les hommes des Lumières. Fabula vous invite à lire un extrait de l'ouvrage…, qui vient clore un parcours de recherches entrepris sous l'égide de l'Institut Universitaire de France, et jalonné de réalisations déjà remarquées : une récente livraison de la revue Lumières ("Un monde de couleurs. Représentations chromatiques au XVIIIe s."), un numéro de Dix-huitième siècle sur "La couleur des Lumières", ainsi qu'un sommaire de la revue Féeries : "Contes en couleurs".
(Illustr. : Le perroquet, Jean-Baptiste Oudry, 1698, Musée des Beaux-Arts de Strasbourg)