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HYBRIDA # 10 / « DIVERGENCES (POST/DÉ)COLONIALES »

HYBRIDA # 10 / « DIVERGENCES (POST/DÉ)COLONIALES »

 

HYBRIDA # 10 / « DIVERGENCES (POST/DÉ)COLONIALES »

Dossier coordonné par Lydia Vázquez et Ahmed Haderbache / Université du Pays Basque et Université Internationale de Valence (Espagne)

Date limite des soumissions pour le Dossier : 2 mars 2025

Le dixième numéro de la revue HYBRIDA tournera autour du concept global de « divergences (post/dé)coloniales » en insistant sur la perspective intersectionnelle (genre/race/classe). La marginalisation au sein des structures sociales normatives modernes s’articule autour de la construction de l’altérité comme un état de manque. Cette notion joue un rôle crucial dans la conceptualisation des catégories de genre et de race élaborées au cours des derniers siècles, contribuant à la pathologisation des corps féminins et racisés (Dorlin, 2006). Ces corps, considérés comme défectueux, se trouvent en opposition à l’épistémè occidentale moderne, qui perçoit le corps de l’homme blanc comme seul sujet complet et sain.

Cette dynamique binaire de pouvoir se reflète également dans la configuration de la sexualité, façonnée par l’économie des corps régissant les rapports de genre et de race. En érigeant le désir hétérosexuel en norme absolue, cette structure a relégué les corps exprimant des désirs non normatifs à la condition de corps défectueux. L’homosexuel·le, catégorisé·e comme porteur·euse d’un comportement perturbé (Foucault, 1976), incarne l’aboutissement d’une déviation inhérente aux filles et garçons considérés comme « manqués ».

Le discours colonial repose également sur la notion de manque, dépeignant les communautés colonisées comme dépourvues d’histoire et de culture, des vides à remplir de civilisation. Même lorsque leurs histoires sont reconnues, elles le sont souvent à travers le prisme du manque, définies par ce qui leur manque par rapport à l’histoire de la personne colonisatrice.

Le manque, en somme, est constitutif de toute forme de domination, condition inévitable de l’état de minorité. Être en situation de minorité revient à manquer de pertinence, de reconnaissance, tout en étant soumis·e à l’autorité, seule détentrice de la plénitude. Confrontés à cette incomplétude ontologique, les individus en situation de minorité aspirent souvent à l’assimilation dans la structure sociale hégémonique. Cependant, cette assimilation n’est qu’un leurre conduisant les assimilé·e·s à une position de sujets-ersatz aux yeux des structures hégémoniques. C’est cette prise de conscience qui a engendré des réactions contestataires, développées notamment par les études postcoloniales et décoloniales, ainsi que par les études féministes et queer. De plus en plus, ces perspectives intersectionnelles convergent dans une position commune de révélation et de dénonciation des mécanismes du pouvoir hétérosexuel patriarcal blanc, en les appliquant aux réalités socioculturelles de certaines régions du globe, notamment de l’Amérique du Sud, de l’Afrique et du Moyen-Orient.

Cet appel à contributions vise à explorer particulièrement les enjeux politiques et socioculturels qui réduisent souvent au silence les expériences des subalternes, des femmes et des queers non occidentaux·ales. Et même à constater, à analyser, et par conséquent à contrecarrer, comment le fait colonial s’immisce dans les savoirs et le militantisme dans ces régions. En effet, dans un monde toujours marqué par les héritages du colonialisme, les études culturelles, ou scientifiques au sens large, ne sont pas à l’abri de ces dynamiques structurantes. Ainsi, notre perspective intersectionnelle acquiert, forcément, une dimension politique : l’examen simultané des catégories de « genre » et de « colonialité » souligne que les sexualités contemporaines sont inextricablement liées à la discipline étatique. L’émergence de l’État-nation, invention européenne, prend des contours spécifiques lorsqu’elle s’impose comme forme d’organisation sociale dans des sociétés autrefois colonisées.

Nous encourageons donc les contributions interdisciplinaires qui explorent les limites de l’organisation politique de l’État-nation, en particulier dans sa relation étroite avec la politique des corps et des désirs, et ce insistant sur le rôle de l’imaginaire à travers différentes productions littéraires et artistiques.

Dans un monde globalisé, les études post/décoloniales, féministes et queer, plus que jamais, se doivent de remettre en cause le parti pris eurocentré, occidentalocentré, nordcentré, des paradigmes théoriques et critiques. Nous proposons donc, à titre d’exemple, d’analyser et de visibiliser les productions littéraires et artistiques dissidentes et divergentes des Suds qui investissent langages et savoirs, histoire et autobiographie, représentation et auto-représentation, se réappropriant leurs corps, les énonçant, à travers différentes manifestations artistiques, et ouvrant, par ces prises de position esthétiques et politiques, un vaste chantier de déconstruction et de recréation. La réflexion sur ces clivages paradigmatiques entre le Nord et le Sud servira tout particulièrement à repenser philosophiquement, et politiquement, les corps et les sexualités, et aussi à voir comment écrivain·e·s et artistes résistent à l’appropriation des personnes dissidentes des Suds par l’impérialisme (homo)nationaliste. Ainsi, en rapprochant la pensée post/décoloniale de la pensée féministe et queer, nous visons à enrichir les débats sur les politiques de la sexualité dans les Suds ainsi que sur les manifestations esthétiques et culturelles divergentes dans ces régions du globe. Sans oublier que la ligne éditoriale de la revue tourne autour des concepts d’hybridation culturelle et d’identité migrante, nous aspirons, par ce Dossier d’HYBRIDA, à mettre en avant toutes les luttes politiques et artistiques qui prônent une relation solidaire entre les Suds, neutralisant ainsi la conséquence perverse de la présomption de manque perpétuée par l’hégémonie culturelle occidentale hétéropatriarcale blanche.

La section MOSAÏQUE inclut des articles ne répondant pas à la thématique centrale du Dossier mais qui respectent les perspectives proposées par la revue. Une section de création appelée TRACES accueille des œuvres littéraires et artistiques inédites d’auteur·e·s de tout horizon (textes, images, témoignages, entretiens…). La section ÉVENTAIL est consacrée aux comptes rendus critiques, littéraires ou artistiques d’œuvres ou publications récentes.

La revue HYBRIDA s’intéresse tout particulièrement aux contextes culturels francophones ou en comparaison avec ceux-ci dans un contexte globalisé. HYBRIDA est une revue semestrielle en accès libre avec un comité scientifique international et un comité d’évaluation par les pairs publiant des recherches originales dans les domaines des études culturelles qui prennent en considération les perspectives postcoloniales, de genre et queer. Nous acceptons des articles dans tous les domaines des sciences humaines et sociales. Nous privilégions le français comme langue d’expression mais les textes pourront être écrits également en anglais ou en espagnol. Les travaux seront soumis au système de révision en double aveugle.

Pour soumettre un texte à évaluation, il est nécessaire de s’inscrire sur la plateforme OJS de la revue HYBRIDA et de respecter scrupuleusement les normes d’édition.

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Date limite des soumissions pour le Dossier « DIVERGENCES (POST/DÉ)COLONIALES » : 2 MARS 2025. 

Les autres sections reçoivent des propositions à tout moment de l’année.