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Appels à contributions
Intelligence(s) de la fiction (Nabeul, Tunisie)

Intelligence(s) de la fiction (Nabeul, Tunisie)

Publié le par Marc Escola (Source : Sami Bouallègue)

Université de Carthage

Institut Supérieur des Langues de Nabeul

Appel à contributions pour un colloque international pluridisciplinaire

Intelligence(s) de la fiction

10,11 avril 2025, Nabeul 

Récemment, en juillet 2023, et en rapport avec le lancement d’une nouvelle version de Chat GPT, « Les Rencontres de Pétrarque » sur France Culture remettaient au cœur de leur réflexion la question de l’intelligence, de sa définition et de ses formes.  

Nous cherchons à notre tour à problématiser cette notion d’intelligence qui, en fin de compte, se révèle être un «concept anguille» (Daniel Andler, https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-rencontres-de-pe...) tant elle est insaisissable avec précision surtout si nous tenons compte du fait qu'elle ne se suffit pas à «la capacité, plus ou moins grande, de résoudre un problème, donc de comprendre le complexe ou le nouveau » (Dictionnaire philosophique, André Comte-Sponville) L’intelligence dépasse cette limite  vers la désignation d’une grande part d’action  susceptible d'être déterminée par de nombreux facteurs : l'habitude, la pulsion, la réaction etc.

Nous entendons donc mettre cette notion au cœur de notre colloque, et ce d'autant plus qu'elle est passée, depuis quelques années, au second plan dans des études qui lui préfèrent la notion de « fonctions supérieures ». Cependant, personne ne nie que cette notion d’intelligence continue aujourd’hui à animer les débats – surtout avec l'émergence, dans tous les domaines, de « l'intelligence artificielle » – et à connaître au plan de la signification, de nombreuses évolutions. En fait, de la faculté de connaître et de comprendre englobant l'ensemble des fonctions mentales de conceptualisation et de rationalisation (définition holiste ou unitaire de l’intelligence), l’intelligence s’est transformée en un ensemble d’aptitudes qui se déclinent selon « les aptitudes mentales primaires » que sont « les aptitudes verbales, numériques et spatiales », auxquelles on ajoute « le raisonnement et la fluidité » (Élisabeth Demont, « L’intelligence », La Psychologie, Paris, Éditions Sciences Humaines, 2009, p 158). Tout cela partant du constat que chaque individu est capable d’agir différemment dans des situations et dans des domaines différents (voir John Dewey, Nature humaine et conduite, N.R.F., Gallimard, 2023 pour la trad. Française).  De plus, ne faut-il pas voir dans l’intelligence (humaine) cette forme d’adaptation qui permet en réalité d’agir de façon appropriée dans une situation singulière, ce qui ne l’empêche pas d’intellectualiser la vie et de la transformer en un ensemble de concepts. Cela n’est pas le cas de l’intelligence artificielle qui n’agit que selon des modes standard. Outre cette distinction (encore et toujours à prouver selon les évolutions technologiques) entre l’intelligence humaine et les intelligences artificielles (de la machine à l’IA) d’autres aspects ont été traités et qui montrent les parts d’intelligence que l’humain partage avec le reste du vivant et celles qui le distinguent de ces autres êtres vivants. 

Il s’avère donc, si nous suivons ce qui précède, que l’intelligence allie les différentes possibilités d’échange avec le monde ainsi que les différentes dimensions de la réflexion et de la conceptualisation. Cela donne au langage un rôle important qui nous incite à réfléchir. Si pour certains philosophes et théoriciens c’est le langage qui développe l’intelligence pour d’autres, le langage n’est que manifestation et outil de cette même intelligence. N’est-il pas plus judicieux de les considérer comme interdépendants ? La question est à méditer dans le cadre de ce colloque qui interrogera la création humaine dans différents domaines et particulièrement dans la fiction.  

Manifestation évidente mais aussi problématique de cette interdépendance de l’intelligence et du /des langages, la fiction (littéraire, cinématographique, théâtrale, etc.), par l’invention ou la présentation de récits imaginaires ou hybrides, la création de personnages, le façonnage d’intrigues et d’histoires nous met face à un ensemble d’interrogations stimulantes que résume le titre même de notre colloque. Qu'est-ce que « l'intelligence de la fiction » ? Cette expression peut se lire selon une double acception : intelligence DE la fiction, au sens où la fiction peut témoigner d'une intelligence ou d'une ignorance de soi, du monde, voire d'elle même dans la conduite de ce qu'elle nous raconte mais elle peut aussi poser le problème de son intelligence, au sens de son intelligibilité par le lecteur, le spectateur.

Comment tenter de définir l 'intelligence de la fiction, du personnage, du geste de lecture, du récit en général, de son adaptation et de sa traduction ? Objet d’intérêt renouvelé depuis des décennies par la complexification du concept d'homme, de « moi », d'intériorité, d'identité, la fiction et ses pouvoirs font aussi débattre dans différents domaines au premier rang desquels les médias, les arts et la littérature.

Quels rapports fiction(s) et intelligence(s) entretiennent-elles ? Comment les différentes manifestations de l’intelligence (personnelle, sociale et collective, émotionnelle, artificielle) se déclinent-elles dans la fiction et dans ses créations ? De quelle manière la fiction se lie-t-elle aux intelligences ? C’est à cela que notre colloque tentera de répondre en abordant à titre d’exemple les axes suivants :

·       Intelligence(s) et fiction entre sciences exactes et sciences humaines.    

·       La fiction comme moyen d’intelligence du monde. 

·       Les différents instruments de l’intelligence et de la fiction. 

·        La fiction comme image de l’intelligence passée (écritures et représentations de l’Histoire et de la mémoire), présente (la littérature et le réel, les dimensions testimoniales et documentaires) et « future » (la science-fiction, les utopies, les dystopies, les uchronies). 

·        Le personnage comme intelligence sociale et émotionnelle. 

·       L’intelligence (artificielle) et la création littéraire. 

·       L’adaptation et la traduction des fictions au regard de l’intelligence humaine et à l’ère de l’intelligence artificielle. 

·       La réception comme intelligence de la fiction (entre émotion et empathie). 

·       La fiction comme manifestation d’une intelligence linguistique.  

·       Etc.  

Suggestions bibliographiques

ANDLER D.l, Intelligence artificielle, intelligence humaine : la double énigme, Paris, Gallimard, coll. "Les Essais", 2023.

BARONI, R. 

-          « Intrigue et personnages dans les séries évolutives : quand l’improvisation devient une vertu », Télévision, n° 7, 2017, p. 31-48.

-          « Le rôle des personnages dans les rouages de l'intrigue », in Letras de Hoje, Porto Alegre, vol. 52, n° 2, 2017, p. 156-166.

BARONI R., et GUNTI C. Introduction à l'étude des cultures numériques. La transition numérique des médias. Paris, Armand Colin, 2020.

BERNARD M., GEFEN Alexandre, et TALON-HUGON Carole. Arts et émotions.  Paris, Armand Colin, 2016.

BERTHOZ A., La Vicariance : le cerveau créateur de mondes, Paris, Odile Jacob, 2013.

CHANGEUX J.-P., L’Homme de vérité, Paris, Odile Jacob, 2002.

COHN D., Le propre de la fiction, Paris, Seuil, 1999. 

DAMASIO A., L’Erreur de Descartes, Paris, Odile Jacob, 1995.

DAMASIO A., L’Autre moi-même : les nouvelles cartes du cerveau, de la conscience et des émotions, Paris, Odile Jacob, 2010.

DEMONT É., « L’intelligence », La Psychologie, Paris, Éditions Sciences Humaines, 2009, pp157-193.

DE WAAL F., Sommes-nous trop « bêtes » pour comprendre l’intelligence des animaux ? Paris, Éditions Les Liens qui Libèrent pour la traduction française, 2016. 

DEWEY J., Nature humaine et conduite, Paris, N.R.F, Gallimard, 2023.  

HOFSTADER D., SANDER E., L’Analogie, Paris, Odile Jacob, 2013.

GARDNER H., Les Formes de l’intelligence, Paris, Odile Jacob, 2010 

Genette G., Métalepse. De la figure à la fiction, Paris, Seuil, 2004.

JOHNSON-LAIRD P., L’Ordinateur et l’Esprit, Paris, Odile Jacob, 1986.

KAHNEMAN D., Système 1, système 2 : les deux vitesses de la pensée, Paris, Flammarion, 2012.

LAUTREY J. et RICHARD J.-F., dir., L’Intelligence, Paris, Hermès science publications, Paris, 2005. 

LAVOCAT F., 

-          La fabrique du personnage (textes réunis), Paris, Editions Champion, 2007.

-          Fait et fiction, Paris, Seuil, 2016. 

OLÉRON P., L'Intelligence de l'homme, Paris, Armand Colin, 1989. 

PELLERIN P-A., « L’art de l’échec : repères historiques et enjeux critiques », Revue française d’études américaines, 2020/2 (N° 163), p. 3-30.

 PETITOT J., VARELA F, PACHOUD B.&. ROY J.-M  dir., Naturaliser la phénoménologie. Essais sur la phénoménologie contemporaine et les sciences cognitives, Paris, éd. du C.N.R.S., Paris, 2002

PIAGET J., La Psychologie de l’intelligence, Paris, Armand Colin, (1942) 2012.

ROBERT P., La Bande dessinée, une intelligence subversive, Presses de l'Enssib, Villeurbanne, 2018.

SCHAEFFER J-M., Pourquoi la fiction ?,  Paris, Seuil, 1999.

COLLECTIF, Traité de Psychologie expérimentale, vol. VII : L'Intelligence, Paris P.U.F., Paris, 5e éd. 1991.

Organisation : 

Institut Supérieur des Langues de Nabeul, Département de français.  

Coordination : 

·       BELHAJ Emna 

·        BOUALLEGUE Sami 

·        MANI Heykel

 

Comité scientifique : 

·       ABIDI Samir (Académie Militaire)

·       CHAGRAOUI Mohamed (Université d’El Manar) 

·       DAROS Philippe (Université Paris 3 Sorbonne)

·       GAHA Kamel Eddine (Académie Tunisienne des Sciences, des Lettres et des Arts « Beit El hikma »)

·       KALAÏ Lassad (Université de Carthage) 

·       KASSAB Samia (Université de Tunis)

·       LUCET Sophie (Université Rennes2) 

·       SAYADI Abderrazak (Université de Kairouan)

·       TRABELSI Hamida (Université de Carthage) 

·       ZLITNI FITOURI Sonia (Université de Tunis)

Dates importantes : 

Les propositions (entre 300 et 500 mots dans un document office et pdf.) seront envoyées à l’adresse suivante intelligence-s_fiction@outlook.com avant le 30.11.2024. 

Une brève présentation bio-bibliographique est souhaitée.   

Une réponse du comité d’organisation vous sera envoyée avant le 20.12.2024. 

Dernier délai pour la réception de la communication finale rédigée le 30.03.2024.

La participation au colloque est gratuite. Les organisateurs ne prennent pas en charge l’hébergement.