Traduction – Autotraduction - Retraduction – Voies et voix de l’universel (revue Ethiopiques n°114)
Éthiopiques n° 114.
Littérature, philosophie, sociologie, anthropologie et art.
1er semestre 2025.
Traduction – Autotraduction - Retraduction – Voies et voix de l’universel
Ce 114e numéro d’Éthiopiques a pour ambition de provoquer des réflexions autour de la problématique de la traduction et de la circulation entre les langues depuis le contexte africain. Il s’agira d’envisager les phénomènes de traduction, d’auto-traduction et de retraduction à la fois comme processus de création littéraire et comme pensée de l’altérité, et par voie de conséquence, comme passeport vers l’universel.
Cette problématique centrale peut s’articuler autour de quatre axes :
- La traduction : L’Afrique apparaît en effet, par sa diversité linguistique, comme un laboratoire pour questionner les phénomènes de mise en relation, de transfert, d’appropriation et de réappropriation de sens impliqués dans l’acte de traduction. Les textes y produits révèlent un usage particulièrement créatif du passage entre les langues ; il s’agira alors d’envisager tout d’abord les rapports entre traduction et création, à travers l’étude des questions de langues d’écriture en lien avec le multilinguisme et le postulat d’un lectorat africain/afropéen, des rapports entre l’oralité africaine et les modes de scripturalité, de la question des griots et des jeux internes d’auto-traduction.
Cela conduit à étudier les modalités d’expression des spécificités culturelles et des phénomènes d’alternance codique pour un lectorat souvent exogène, par une écriture en quête d’un équilibre fluctuant entre « défamiliarisation (langue source) » et « déjà connu » (langue cible).
L’activité de traduction, dans quoi se jouent et se reflètent les déséquilibres de pouvoir, apparait également comme un lieu particulièrement propice pour penser, à travers l’étude des circuits éditoriaux et les modes de réception des textes « africains » dans les grands centres littéraires, le rapport entre traduction et violence.
En quoi, enfin, l’apport de la génétique de la traduction, du fait même qu’elle donne accès à la réalité des situations plurilingues des auteurs, permet-elle d’explorer et de mettre à jour l’épaisseur et la complexité de la « tâche du traducteur »?
- L’autotraduction : Elle n’est autre qu’une forme de traduction, dont la spécificité réside dans le fait que l’auteur et le traducteur ne font qu’un. Ce type de traduction autographe et auctoriale peut être corrélée à un cas intermédiaire, celui de la collaboration avec l’auteur. Cette identité entre l’auteur et le traducteur (ou cette coopération entre l’auteur et le traducteur), permettent de saisir sur le vif l’inventivité et le travail de recréation à l’œuvre, et de mesurer jusqu’où l’autotraduction s’écarte de la version initiale pour donner naissance à un nouvel opus.
- La retraduction : Il conviendra ici d’examiner plus particulièrement le phénomène de la retraduction qui, elle, consiste à offrir une nouvelle traduction d’un ouvrage déjà disponible dans la langue cible. La retraduction qui procède du désir de réinvestir et de recontextualiser une œuvre tout en confirmant son statut et légitimer sa place dans la langue d’accueil, offre aussi l’occasion d’interroger les motivations à la racine de ce besoin de renouvellement et de cette volonté d’ouvrir une nouvelle perspective. La retraduction implique une multitude de questionnements sur des pratiques et des enjeux profondément humains, culturels et sociaux ainsi que les visées idéologiques et politiques sous-jacentes, le tout ombiliquement lié aux raisons éditoriales, à la prise en compte du renouvellement des ressources lexicographiques, et à la socio-géographie de la traduction et de ses marchés.
- La traduction, foyer d’universalisation : La traduction qui joue un rôle primordial dans les transferts culturels, scientifiques et politiques, occupe aujourd’hui une place devenue centrale, dans notre époque de plus en plus placée sous le signe de la mondialisation des imaginaires et de la rebabélisation du monde. En mettant sans cesse en relation les langues et les imaginaires, les femmes et les hommes, la traduction provoque une confrontation ininterrompue à l’autre, au différent et à l’inconnu, en même temps qu’une reconnaissance de la légitimité de l’autre. Elle est le passage obligé pour l’accès à une culture universelle, multiple, diverse. Elle jette un pont entre les cultures et les communautés et constitue un irremplaçable antidote au repli sur soi. Œuvre de l’universel, et universel à l’œuvre, « la traduction contribue à la tâche de réaliser l’humanité, et même mieux : elle s’y identifie » Souleymane Bachir Diagne[1].
Axes d’analyse
- Traduction et création littéraire : traductions, versions, imitations, hommages ; adaptations et réécritures traductives ;
- Enjeux esthétiques, culturels et sociaux de la traduction ;
- Statut des langues mises en regard ;
- Politiques éditoriales, culturelles et éducatives en faveur de la traduction ;
- Étude des phénomènes de traduction entre la littérature et les arts ;
- Analyse des œuvres d’art qui mettent en scène des traductions littéraires ;
- Traduction intersémiotique et traduction intermodale : représentation artistique et/ou littéraire de la traduction intersémiotique ;
- La traduction comme symbole de l’inventivité des langues et de la richesse des cultures ;
- Traduction et malentendu : double sens, chausse-trappes, visions du monde contraires.
- Philosophie et intraduisibles ;
- Etc.
Bibliographie sélective
· Benjamin, Walter « La Tâche du traducteur », in Œuvres, vol. I, Mythe et violence, Denoël, Paris, 1971.
· Berman, Antoine, L'Épreuve de l'étranger. Culture et traduction dans l'Allemagne romantique, Gallimard, Paris, 1984.
- Pour une critique des traductions : John Donne, ibid., 1995.
· Bulletin Hispanique, Les traductions vieillissent-elles?, 2013/2 n° 115-2, Presses universitaires de Bordeaux.
· Cassin, Barbara (dir.) Philosopher en langues, Les intraduisibles en traduction, Paru en novembre 2014, Éditions Rue d’Ulm.
· Diagne, Souleymane Bachir, De langue à langue: L'hospitalité de la traduction, Albin, Michel 2022.
· Derrida, Jacques, « Traditions, transferts, traductions » [discours d’ouverture du colloque de 1985 au Collège International de Philosophie], Traduire Derrida aujourd’hui, revue ITER, n°2, 2020.
· Eco, Umberto, Dire presque la même chose, Grasset, 2007.
· Hermès, La Revue, Traduction et mondialisation, volume 1, 2007/3 n° 49, CNRS Éditions.
· Hermès, La Revue, Traduction et mondialisation, volume 2, 2010/1 n° 56, CNRS Éditions.
· Gacoin Lablanchy, Pauline et Bastien-Thiry, Adèle B, Markowicz, André et les enjeux de la retraduction, Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin 2014/2 N°40, Pages 83 à 94.
· Meschonnic, Henri, Poétique du traduire, 1999, Collection : Verdier/poche ,2012.
· Oustinoff, Michaël, La Traduction, Presses Universitaires de France, Que sais-je, 2022.
· Oustinoff, Michaël, Bilinguisme d’écriture et autotraduction. Julien Green, Samuel Beckett, Vladimir Nabokov, Paris, L’Harmattan, 2001.
- Traduire et communiquer à l’heure de la mondialisation, Paris, CNRS Éditions, 2011.
· Samoyault, Tiphaine, La traduction agonique, dans Po&sie 2016/2 (N° 156), Pages 127 à 135.
· Samoyault, Tiphaine, Traduction et violence, Paris, Seuil, 2020.
· Sapiro, Gisèle (Sous la direction de), Traduire la littérature et les sciences humaines, Conditions et obstacles, Questions de culture, Ministère de la Culture - DEPS, 2012.
· Steiner, George, Après Babel. Une poétique du dire et de la traduction, trad. Lotringer Lucienne, Paris, Albin Michel, 1978.
· Zabus, Chantal, Le palimpseste africain, Indigénisation de la langue dans le roman ouest-africain europhone, Lettres du Sud, 2018, Karthala.
Les propositions seront envoyées avant le 31 mars 2025 à : senghorf@orange.sn et sakhosi2002@yahoo.fr
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Les références complètes des textes et des articles cités seront mises dans la bibliographie finale.
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b) Mettre en fin d’article la bibliographie finale composée de la liste des ouvrages et articles uniquement cités, avec leurs références complètes. Mettre en italique les ouvrages et les titres de revues et autres périodiques, et mettre entre guillemets les articles ou entretiens selon les modèles suivants :
SENGHOR Léopold Sédar, Œuvre poétique, Paris, Seuil, 2006 [1990].
GADJIGO Samba et NIANG Sada (dir.), Présence francophone, n°71 « Ousmane Sembène cinéaste », 2008.
SEMUJANGA Josias, « La mémoire transculturelle comme fondement du sujet africain chez Mudimbe et Ngal », Tangence, n°75, 2004, pp.15-39.
DIOUF Mbaye, « La philosophie senghorienne du dialogue interreligieux », dans Pierre Halen et Florence Paravy (dir.), Littératures africaines et spiritualité, Bordeaux, Presses Universitaires de Bordeaux, coll. « Littératures des Afriques » 2, pp.181-198, 2016.
c) Dans le cas d’une référence à un site Internet, veuillez indiquer entre crochets le lien URL complet et la dernière date de consultation. Mettre une webographie complète à la suite de la bibliographie finale.
Exemple : http://ethiopiques.refer.sn/spip.php?article8 [consulté le 25 juillet 2019].
Pour toute question, s’adresser à : senghorf@orange.sn et sakhosi2002@yahoo.fr
NB : Tout texte non conforme à ce protocole sera retourné à son auteur
[1] https://www.philimag.com/articles/souleymane-bachir-diagne-la-traduction-est-un-geste-dhospitalite