Justus-Liebig-Universität, Allemagne, Institut für Romanistik
Conférence en ligne
Littérature et culture malgaches – Nouvelles directions »
Les 7 & 8 mai 2025
La littérature malgache a la singularité de se déployer en bilinguisme, en langue malagasy et en langue française. Elle contribue donc à ce que quarante-quatre écrivains et écrivaines ont défini (en 2007, dans un article du Monde) comme “émergence d'une littérature-monde en langue française consciemment affirmée, ouverte sur le monde, transnationale”. Par cette conférence sur la littérature et la culture malgaches, nous souhaitons mettre en lumière l’effervescence créatrice et polyphonique issue de l’Île Rouge, en ce que Madagascar constitue une partie (unique et multiforme) d’un tout qu’on pourra nommer “l’esprit indocéanien”.
Notre objectif est de rendre hommage à des plumes malgaches reconnues faisant déjà partie du panorama littéraire de cette littérature-monde (comme par exemple au début du XXe siècle Jean-Joseph Rabearivelo, Jacques Rabemananjara et plus récemment Michèle Rakotoson, Jean-Luc Raharimanana, Johary Ravaloson), mais aussi de faire connaître les plumes émergentes, une nouvelle génération d’auteurs et autrices qui propose un laboratoire de nouveaux personnages archétypaux et paradigmes de pensée (Marie Ranjanoro, Elie Ramanankavana, Hary Rabary...).
Que nous apprend la littérature malgache contemporaine sur la culture malgache de ce XXIe siècle ? Existe-t-il un continuum entre la renaissance littéraire et culturelle du “Mitady Ny Very” (mouvement littéraire “à la recherche des perdus” né en période coloniale) de J.J. Rabearivelo, la parution du premier roman de Marie Ranjanoro intitulé Feux, fièvres, forêts (Laterit, 2023), la célébration du Prix Orange du Livre Afrique de Michèle Rakotoson pour son roman Ambatomanga, le silence et la douleur (Atelier des Nomades, 2022), le dernier roman de Johary Ravaloson intitulé Tribunal des cailloux (Dodovole, 2024) et les récentes parutions en 2024 des recueils poétiques d’Elie Ramanankavana intitulés Encre et lumière (Mpariaka Boky éditions) et Mille naissances pour quelques morts (Edern éditions) ? Ou peut-on plutôt y discerner des moments de rupture ou de révolution ?
Nous prêterons une attention particulière à l’intertextualité entre autrices et auteurs malgaches et francophones, en nous demandant si ceux-ci peuvent échapper à la nécessité de se frotter à leur propre cercle littéraire pour positionner leur apport à la fabrique littéraire malgache. En outre, nous essaierons de répondre à la question : toute autrice, tout auteur malgache contemporain, puisqu’ils font partie de la “littérature-monde”, participent-t-ils d’emblée à l’émancipation d’un certain impérialisme culturel ? En d’autres termes, quelle place accorde-t-on aujourd’hui à la littérature malgache dans le paysage littéraire en langue française, en termes d’édition et de visibilité éditoriale et promotionnelle ?
Nous nous intéresserons au plurilinguisme littéraire mais aussi à l’intermédialité, cet entre-deux langues et entre différents médias qui est intrinsèque à la poétique malgache, surtout pour les auteurs qui écrivent de manière bilingue (Esther Nirina, Dox). Trait commun remarquable, les auteurs malgaches expriment souvent, frontalement ou en filigrane, le flottement entre deux mondes, deux perceptions, donc deux manières de nommer ce monde.
Par cette conférence interdisciplinaire, nous souhaitons donc réfléchir à la manière dont la création littéraire malgache, mais aussi la culture malgache en général, sont intimement liées à une certaine altérité linguistique corrélée à une interférence entre deux être-au-monde, l’un insulaire et l’autre hexagonal.
Nous invitons toutes les sciences humaines (anthropologie, histoire, musicologie, sociologie, linguistique…) à contribuer à ce dialogue interdisciplinaire sur les nouvelles directions que prennent la littérature malgache et plus généralement la culture malgache, en cette première moitié de XXIe siècle postcolonial. Nous encourageons les contributions proposant la mise en lumière des femmes autrices, ainsi que les études s’intéressant à l’intermédialité ou intégrant une perspective comparatiste.
Genres littéraires et artistiques : roman, poésie, théâtre, BD, pièce radiophonique
Disciplines : littérature, anthropologie, musicologie, histoire, socio-linguistique, histoire de l’art, intermédialité…
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Merci d’envoyer les propositions de communication (un résumé d’environ 250 mots) jusqu’au 15 octobre 2024 à Kirsten.v.Hagen@romanistik.uni-giessen.de et nirinaralanto@gmail.com
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Organisatrices :
Prof. Dr. Kirsten Von Hagen (université de Giessen)
Dr. Nirina Ralantoaritsimba