Postérité des Amours jaunes : adapatations artistiques des poésies et poèmes en prose de Corbière (Tunis)
« Postérités des Amours jaunes :
les adaptations artistiques des poésies et poèmes en prose de Corbière »
Colloque international (Tunis, jeudi 24 et vendredi 25 avril 2025)
Ma Patrie... elle est par le monde ;
Et, puisque la planète est ronde,
Je ne crains pas d'en voir le bout...
Ma patrie est où je la plante :
Terre ou mer, elle est sous la plante
De mes pieds - quand je suis debout.
(« Paria », v.9-14.)
Responsables scientifiques :
Ahmed Kaboub (Université de La Manouba), Benoît Houzé (Université de Rennes 2), Farah Zaïem (Université de La Manouba).
Appel à contributions :
Les universités de La Manouba (laboratoire Analyse Textuelle Traductions et communication) et de Rennes 2 (Centre d'études des langues et littératures anciennes et modernes), organisent un colloque intitulé « Postérités des Amours jaunes : les adaptations artistiques des poésies et poèmes en prose de Corbière. » L’événement, qui se déroulera à Tunis, inaugure sur la rive sud de la Méditerranée des études corbiériennes qui exploreront les riches facettes de la poétique des Amours jaunes. Ce colloque s’inscrit dans le sillage des deux journées d’étude dédiées à Corbière qui se dérouleront à Florence et à Paris en 2025, 150 ans après la mort du « pittore-poëta etc. ».
Le rapport complexe de Corbière aux langages poétiques, picturaux et musicaux a souvent été reconduit par les artistes rendant hommage au poète, qui tendent, en créant "vers" Corbière, à remettre en question l'expressivité propre à leur art : roman troué (Emmanuel Tugny), théâtre de la solitude (Bernard Meulien) ou encore musique dissonante (Michèle Reverdy)…
Quelles lectures de l'œuvre de Corbière ces adaptations proposent-elles ? Comment caractériser la force, à la fois destructrice et créatrice, qui semble parfois passer de l'œuvre de l'artiste morlaisien à d'autres créateurs ? Dans quelle mesure se dessine, entre ces hommages et Les Amours jaunes, un nouveau rapport à l’expression artistique, qui s'inscrit dans l'histoire longue de la modernité ?
Voici les deux axes de recherche qui structureront ce colloque :
1. Postérité des Amours jaunes : étude des adaptations artistiques des poésies et des poèmes en prose de Corbière.
Il s’agira d’explorer différentes adaptations artistiques inspirées des poèmes et des textes de Corbière afin d’en révéler la richesse et la modernité, que ce soit sous la forme de romans, d’essais, d’adaptations théâtrales, cinématographiques, picturales ou musicales. Citons quelques exemples qui sont autant de pistes de recherche possibles :
- La posterité corbiérienne chez les chansonniers et leurs héritiers : très tôt, Corbière est récité et mis en musique dans les cafés-concerts parisiens (Rodolphe Salis, Armand Masson, Mévisto l’Aîné, Léon Durocher…). Plus tard, Jean-Pierre Suc chante « À la mémoire de Zulma », qui sera repris par Georges Brassens ; Léo Ferré essaie plusieurs chansons sur des textes de Corbière sans les enregistrer ; Monique Morelli consacre un disque aux Amours jaunes, qui sera par la suite réédité enrichi de compositions de Stéphane Leach avec Pascal Héni au chant. En Bretagne, Serge Kergiduff et Glenmor mettent eux aussi en musique des poèmes de Corbière.
- L’intérêt de Corbière chez les compositeurs de « musique savante » : on trouve notamment des mises en musique de Jean d’Udine, Rudolf Escher, Antoine Duhamel, Robert Casadesus et, plus récemment, de Michèle Reverdy.
- Dans les « musiques actuelles », l’œuvre de Tristan Corbière est source d’inspiration pour Emmanuel Tugny, Diamanda Galás et même certains rappeurs et slameurs.
- Les adaptations ou projets d’adaptation cinématographiques de l’œuvre ou de la vie et de l’œuvre de Corbière : Les Amours jaunes, adaptation cinématographique de Jean Rollin en 1958 ; le court métrage Les Amours jaunes d’Alfred Chaumel (1950), le projet cinématographique de René Clair sur Tristan Corbière.
- Parmi les adaptations théâtrales des Amours jaunes, citons celle de Bernard Meulien entre les années 1970 et 2020, d’Henri Courseaux en 2013 (mise en scène d’Hervé van der Meulen) ainsi que celle d’Émilie Gévart et Samuel Savreux entre 2013 et 2018. Tristan Corbière devient par ailleurs un personnage de théâtre dans la pièce de Saint-Pol-Roux Tristan la Vie (1913).
- Les hommages poétiques, réguliers depuis le sonnet « À Tristan Corbière » de Louis Verbrugghe (1875) et le recueil Amours de chics de Pol Kalig : on en trouve dans les œuvres de Raymond Queneau, Jean-François Temple, Henri Thomas et bien d’autres.
- On pourra s’intéresser aux hommages plastiques, notamment à ceux que constituent les nombreuses illustrations suscitées par Les Amours jaunes (notamment par Jean Moulin, Malo Renault, Jean-Jacques Morvan, Salvador Dali…).
- Enfin, le genre romanesque s’est également approprié Corbière, qui apparaît dans un roman de son ami Louis Noir puis dans plusieurs romans-feuilletons ou historiette de la fin du XIXe siècle (Les Talons d’argent, La Pipe de mon oncle, Séraphita !), dans plusieurs polars (notamment Le Rôdeur des grêves, par Jean-Louis Kerguillec, 2021) et dans les œuvres contemporaines d’Emmanuel Tugny (Corbière le crevant, 2007) Fabienne Juhel (notamment La Mâle-mort entre les dents, 2020) ou encore Patrick Modiano (L’Herbe des nuits, 2012).
2. La langue poétique de Corbière.
Afin de susciter des échos entre ces hommages et adaptations et l’œuvre « source », le colloque accueillera quelques analyses de la poétique corbiérienne. Il s’agira notamment d’explorer l’usage original de la langue dans Les Amours jaunes à la lumière de la linguistique (étude de la syntaxe, de la ponctuation, de la sémantique, de la lexicologie ou bien de la morphologie). Corbière, en quête d’un renouveau poétique, interroge également les formes poétiques traditionnelles. Enfin, les Amours jaunes, dont ce colloque étudiera particulièrement les adaptations, sont elles-mêmes constituées d’hommages et d’adaptations d’œuvres antérieures, un phénomène sur lequel les chercheurs sont également invités à se pencher.
Modalités de soumission et publication des actes :
Les propositions de communication doivent comporter un titre, un résumé et une courte notice biographique. Elles doivent être envoyées avant le 15 décembre 2024 à l’adresse mail suivante : colloque.corbiere.manouba.2025@gmail.com (en copie : cahierscorbiere@gmail.com)
Le comité scientifique se prononcera au sujet des propositions retenues avant le 15 janvier 2025. Les communications seront impérativement en français.
Les actes du colloque seront publiés dans les Cahiers Tristan Corbière (Paris, Classiques Garnier).
Bibliographie indicative
AMARA, Marie-France, Tristan Corbière, Huysmans, Laforgue : une écriture à rebours, thèse de doctorat, Université de Nancy, 1992.
ANGELET, Christian, La poétique de Tristan Corbière, Bruxelles, Palais des Académies, 1961.
BALCOU, Jean, « De Baudelaire à Corbière : Des tableaux parisiens aux scènes de rue », RHLF, 118eannée,no1,pp.67-72.
BERNARDELLI, Giuseppe, « I materiali e le fonti », Tre studi su Tristan Corbière, Udine, Gianfraco Angelico Benvenuto Pensiero, 1981, pp. 60-73.—, La poesia a rovescio. Saggio su Tristan Corbière, Milano, Vita e Pensiero, 1981.
BILLY, Dominique, La Conquête du Parnasse par Tristan Corbière, Paris, Garnier, 2023. BOGLIOLO, Giovanni, Corbière e le sue maschere, Urbino, Quattro venti, 1984.
BURCH, Francis, Tristan Corbière : l’originalité des Amours jaunes et leur influence sur T. S. Eliot, Paris, Nizet, 1970.
GLEIZE, Jean-Marie, « Le lyrisme à la question. Tristan Corbière », Poésie et figuration, Paris, Seuil, 1983, pp. 104-123.
GONDOLLE, Sophie, « Corbière et La Landelle écrivains de la mer », RHLF, 118e année, no 1, pp. 57- 66. GUYAUX, André, « Spleen et dérision chez Tristan Corbière », Atti del XV convegno della società universitaria per gli studi di lingua e letteratura francese, 1990, pp. 129-134.
HOUZÉ, Benoît, « Éditorial », Cahiers Tristan Corbière (désormais CTC), no. 5, 2022.
ISCHI, Stéphane, « Charles Cros et Tristan Corbière, itinéraires parallèles », CTC, no. 2, 2019, pp. 67- 82.
LAIR, Samuel, « Corbière et les peintres : esquisse d’un état des lieux », RHLF, 118e année, no 1, pp. 17-24. LOUBIER, Pierre, « Deux flâneurs, parallèlement. Paul Verlaine, Tristan Corbière », Revue Verlaine, no. 17, 2020, pp. 91-103.
MEITINGER, Serge, << L’ironique antiromantique de Tristan Corbière », Littérature, 13e année, no. 51, 1983, pp. 41-58.
MORTELETTE, Yann, « Corbière, Hugo et les poètes du Parnasse », RHLF, 118e année, no. 1, pp. 71- 84.
POUPART, René, « Tristan Corbière et Antonio Nobre : affinités spirituelles, suggestions poétiques, rapports intertextuels », Études de philologie romane et d'histoire littéraire offertes à Jules Horrent à l'occasion de son soixantième anniversaire, Liège, J.-M. D'Heur et N. Cherubini Éditeurs, 1980, pp. 779-90.
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