Le représentation du manque dans les arts, les sciences humaines et les sciences exactes (Sousse, Tunisie)
La représentation du manque dans les arts, les sciences humaines et les sciences exactes
Colloque international, multi et interdisciplinaire
5, 6 et 7 décembre 2024
Le terme « manque » peut avoir plusieurs significations selon le contexte dans lequel il est utilisé. Il peut désigner l’idée d’absence ou de déficience de quelque chose. Il peut de même désigner l’idée d’un besoin non satisfait, générant un sentiment de frustration ou de vide. De fait, il est possible de traiter de la question en tant qu’aspect particulier dans un contexte donné. Néanmoins, et plus profondément, le manque peut être traité en considération de la place qu’il est susceptible d’occuper d’un point de vue théorique ou méthodologique dans une discipline donnée. Dans tous les cas, la représentation de l’idée de manque est aussi multiple et variée que les champs de la pratique et de la connaissance dans lesquels elle peut figurer.
Dans les arts, notamment, l’idée de manque peut être explorée à travers différentes formes artistiques telles que la littérature, la peinture, la sculpture, la gravure, les arts médiatiques, la musique, le cinéma, les arts du spectacle… Dans la littérature et le cinéma, par exemple, le manque peut être représenté par l’absence d’un être cher ou d’un objet matériellement ou émotionnellement précieux. Le manque peut, de même, se présenter sous l’aspect de la recherche d’un amour impossible ou d’une identité difficile ou impossible à reconstituer. La mise en scène, également, de paysages de destruction ou de ruine peut donner l’idée d’un monde chaotique, en manque de stabilité et d’harmonie.
En sémiotique narrative et étant donné le fait que le manque y constitue le ressort fondamental de tout parcours narratif, il est lieu de s’interroger sur le rôle du manque dans la signification des formes narratives.
En linguistique, le concept de manque peut être abordé de différentes manières, en fonction des sous-domaines spécifiques de la linguistique. En phonologie, par exemple, certaines langues peuvent manquer de certaines consonnes ou de certaines voyelles. Dans le domaine de la lexicologie et de la lexicographie, le manque peut se référer à l’absence de mots pour décrire certains concepts ou objets dans une langue donnée…
En psychologie, la question de manque est étudiée à travers différents cadres théoriques et conceptuels. Selon, notamment, la théorie de l’attachement, le sentiment de manque peut être associé à l’absence des parents ou de l’un d’eux ou à une présence non satisfaisante, donnant lieu à un développement émotionnel et social déficient de l’enfant. En psychologie sociale, le manque peut être étudié à travers des concepts tels que la privation sociale et le besoin d’appartenance…
En philosophie, la notion de manque peut être explorée sous différents angles. Chez Platon, par exemple, le manque est souvent associé à la notion d’idéalisme. Selon lui, les objets du monde sensible sont imparfaits et incomplets, car ils ne peuvent jamais atteindre la perfection des formes idéales. Ainsi, le manque est vu comme une absence de perfection ou de plénitude. Beaucoup plus récemment, chez Kierkegaard, le manque est souvent associé à l’angoisse existentielle et à la recherche de sens dans la vie humaine. Il soutient que l’homme est constamment confronté à un sentiment de manque ou de vide, et que c’est précisément cette expérience qui le pousse à chercher la transcendance et la relation avec Dieu...
En histoire, la question peut être traitée de différentes manières, en fonction du contexte historique spécifique. Le manque peut, par exemple, se référer à des lacunes dans les sources historiques disponibles. On peut encore se concentrer sur l’étude des absences et des silences dans l’histoire, en mettant en lumière les voix et les pressions qui ont été négligées ou marginalisées dans les récits historiques…
En archéologie, cette discipline basée sur l’assemblage de vestiges retrouvés, on peut s’interroger sur les modes que l’Intelligence Artificielle offre pour remédier aux pièces manquantes et faciliter, de ce fait, le travail de restauration ou de représentation...
En anthropologie, le concept de manque peut être étudié à travers différentes perspectives culturelles et sociales. Les anthropologues peuvent étudier, par exemple, comment le manque ou l’abondance de ressources naturelles peuvent affecter les modes de vie et les relations de pouvoir au sein d’un groupe. Ils peuvent, de même, explorer les différents modes selon lesquels des groupes sociaux réagissent aux questions fondamentales sur le sens de la vie et de la mort à travers des rituels particuliers…
En droit, le concept de manque peut être abordé de différentes manières en fonction du domaine juridique concerné. En droit de responsabilité civile, le manque peut être associé à des dommages causés à autrui en raison de la négligence ou du comportement fautif d’une personne. Dans ce cas, la victime peut réclamer une indemnisation pour compenser le manque résultant des dommages subis.
En biologie, on peut se demander comment la réaction de certains organismes vivants est susceptible de révéler non seulement un état de dégradation globale de l’espace environnant, mais encore une certaine évolution organique spontanée menant à l’adaptation et à la survie, ou, au contraire, à son extinction.
En médecine, le concept de manque est souvent associé à des carences en éléments essentiels tels que les vitamines, les minéraux, les acides gras, certaines hormones… Le manque peut être aussi traité en termes de déséquilibre ou de défaillance dans le fonctionnement de certains organes du corps. Dans ce contexte, on peut se demander dans quelles mesures les recherches actuelles ont réussi à traiter certains manques.
NB. Dans n’importe lequel de ces différents domaines, il est souhaitable de s’appuyer dans ses recherches sur des publications récentes et innovantes.
Axes thématiques :
Les axes de référence suivants sont donnés à titre indicatif et ne sont en aucun cas restrictifs.
- De la difficulté ou impossibilité de dépasser le manque.
- Transformation du manque.
- Manque et altération.
- Manque et nouvelles technologies.
- Manque et déficiences.
- Manque et langage.
- Manque et expériences des limites.
- Manque et culture.
- Manque et écritures de soi.
- Manque et fragmentation.
- Manque et minorités ethniques.
- Manque et problèmes des genres.
- Manque et expériences mystiques.
- Manque et processus d’apprentissage.
- L’art et la réception lacunaire.
Mots clés : Travail de manque, vide, lacune, castration, destructivité, défaillance, éprouvé de manque, frustration, injustice
Pour la proposition de communication :
· Date limite de soumission : 10/10/2024
· Durée de communication : 20 minutes
· Format de la proposition : 300 mots maximum+bibliographie+CV universitaire
· La proposition est à envoyer à l’adresse suivante : coll.manque@outlook.com
· Les langues d’intervention : Le français, l’anglais et l’arabe.
Comité scientifique :
· Pr. Jacques Fontanille (Université de Limoges, France)
· Pr. Samir Marzouki (Université de Tunis)
· Pr. Habib Salha (Université de Tunis)
· Pr. Boutheina ben H’ssine (Université de Sousse)
· Pr. Sakhri Jaballah (Université de Sousse)
· Pr. Giusy Petruzzelli (Université de Bari, Italie)
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Bibliographie indicative :
Chiantaretto, Jean-François, Écritures de soi, écritures des limites, Colloque de Cerisy, Éd. Hermann, 2014.
Ciccone, Albert, « Clinique et économie du manque : répétition et transmission » dans La transmission psychique inconsciente, 2012, p. 131 à 170.
Dagen, Philippe, L’Art impossible, de l’inutilité de la création dans le monde contemporain, Éd. Grasset, 2002.
Descola, Philippe, Par-delà nature et culture, Éd. Gallimard, collection Folio Essais, 2015.
Gardou, Charles, Stéphane Pauloff, « Une anthropologie du mal : le manque, le mal et leurs déclinaisons. Le cas de l’éducation spécialisée », dans Empan, 2015/2 (n°98), p. 139 à 146.
Kaltenbeck, Franz, L’Écriture mélancolique, Collection Point hors ligne, Éd. Erès, 2020.
Küchenhoff, Joachim, « Perte, chagrin et pardon dans la dépression : une approche psychodinamique », dans Psychothérapies, 2013/2 (vol. 33)
Mesnil, Marianne, « Le rêve oriental ou la place d’un manque », dans Civilisations 2012/1 (60-2), p. 23 à 38.
Patris, Michel, Passe, Un père et manque, Éd. Erès, Collection Hypothèses, 2008.
M. Pingot, Mazarine, Vivre sans, une philosophie du manque, Éd. Climats, 2024.
Pirlot, Gérard, Le vide négatif dans la clinique contemporaine, le vide positif de l’« appareil d’âme », Éd. Érès, 2009.
Schumm, Marion, « L’effet prométhéen. Narration du manque dans l’anthropologie de Hans Blumenberg », dans Penser l’humain, Dir. Mathilde Lequin, Presses Universitaires de Nanterre, 2018, p. 181 à 205.
Suhamy, Henri, « Les ellipses » dans Les figures de style (2013), collection « Que sais-je », Éd. Presses Universitaires de France, p. 101 à108.
Van De Velde, Danièle, « Les paradoxes du manque. Sémantique et syntaxe du verbe manquer » dans Travaux de linguistique, 2018/1 (n) 76), p. 43 à 70.
De Vincenzo, Mario, « L’effacement de l’autre ou le manque d’empathie », dans Corps et psychisme, 2017/2 (n°72), p. 43 à 57.
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Laboratoire de recherche : École, littérature et communications (Université de Sousse)
Responsable :
Dr. Nadia Gaaloul (Université de Sousse)
Url de référence :
Adresse :
Faculté des Lettres et des Sciences Humaines de Sousse (Université de Sousse), Tunisie.