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Appels à contributions
Ces obscurs objets du savoir : le patrimoine de l’enseignement et de la recherche, étude, mise en valeur, redécouverte (La Revue de la BNU, n°32)

Ces obscurs objets du savoir : le patrimoine de l’enseignement et de la recherche, étude, mise en valeur, redécouverte (La Revue de la BNU, n°32)

Publié le par Marc Escola (Source : Elodie Lacroix)

Appel à contributions (La Revue de la BNU, n° 32)

 « Ces obscurs objets du savoir : le patrimoine de l’enseignement et de la recherche, étude, mise en valeur, redécouverte »

Les institutions d’enseignement supérieur conservent de très nombreux objets ayant été utilisés dans le cadre des activités d’enseignement et de recherche qu’elles ont hébergées au cours de leur histoire. Il peut s’agir de documents iconographiques (collections de plaques de projection, de photographies, de planches illustrées…), de cartes, de moulages, de minéraux, d’herbiers, d’instruments scientifiques, etc. L’intérêt pour ce patrimoine ne cesse de croître ces dernières années. Alors que l’histoire de l’enseignement, en France notamment, a d’abord été abordée dans sa dimension politique, de plus en plus de travaux se penchent désormais sur les pratiques elles-mêmes, et notamment sur les supports matériels qui les ont accompagnées. Dans cette perspective, on peut citer des publications comme celles de Marion Lagrange (Marion Lagrange (dir.), Université et histoire de l’art : objets de mémoire, 1870-1970, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2017), ou encore de Denise Borlée et Hervé Doucet (Denise Borlée, Hervé Doucet (dir.), La Plaque photographique : un outil pour la fabrication et la diffusion des savoirs (XIXe-XXe siècle), Strasbourg, Presses universitaires de Strasbourg, 2019).

Cet intérêt pour les objets ayant servi à l’enseignement et à la recherche participe d’un mouvement plus large de patrimonialisation des collections et des bâtiments universitaires, qui semble lui aussi avoir connu une accélération au tournant du XXIe siècle. Le développement des humanités numériques, par ailleurs, avec les outils et les méthodes qu’elles offrent pour étudier, diffuser et valoriser le patrimoine, n’est pas non plus étranger à l’émergence de ce nouveau regard porté sur des objets qui, pendant des décennies, ont souvent été oubliés dans les réserves des établissements, parfois dans de piètres conditions de conservation.

Ce mouvement a également abouti à la création ou à l’aménagement d’espaces muséaux. S’il existe un musée d’ethnologie à l’Université de Bordeaux depuis 1894, celui-ci est resté très longtemps fermé, avant d’être rénové et de rouvrir au public en 2011. Dès le départ, les collections ont été constituées à des fins pédagogiques, dans le double contexte de l’essor de la colonisation et de la médecine tropicale. Il s’agissait notamment de sensibiliser les futurs médecins aux cultures et aux usages des peuples avec lesquels ils allaient ensuite entrer en contact. Aujourd’hui, les musées universitaires – ou les expositions muséales organisées dans les bibliothèques universitaires – tendent à se multiplier, afin de donner à voir des collections dont la richesse paraît de plus en plus évidente.

Dans son numéro 32, La Revue de la BNU entend non seulement mettre en lumière un certain nombre de réalisations récentes, mais aussi les inscrire dans le cadre d’une histoire de l’enseignement et de la recherche qui, à travers les objets eux-mêmes, cherche à reconstituer le regard que les enseignants, les étudiants et les chercheurs des époques passées posaient sur leurs activités.

Les problématiques abordées pourront être les suivantes (liste non exhaustive) :

 

1.      La constitution des collections

·         Comment les collections universitaires d’objets ont-elles été constituées ? Par qui ont-elles été rassemblées ? Avec quelle(s) intention(s) ? Grâce à quels crédits ?

·         Dans quelle mesure le contexte politique a-t-il influencé ces pratiques d’acquisition, soit en les encourageant, soit au contraire en les limitant ? Un exemple d’imbrication des dimensions politique et scientifique est celui de la Kaiser-Wilhelms-Universität, l’Université de Strasbourg refondée en 1872 à la suite de la défaite française et de l’annexion de l’Alsace-Moselle à l’Empire allemand. L’établissement a bénéficié de fonds importants qui lui ont permis de constituer un Lehrapparat (collection de matériel pédagogique) particulièrement riche ; dans l’esprit des autorités allemandes, il s’agissait de créer une institution à la pointe de la recherche de son temps, mais aussi de proposer une vitrine de la science allemande aux portes de la France.

·         Comment ces collections ont-elles évolué au fil du temps ? Dans quelle mesure ont-elles connu une forme de « traversée du désert » ? Le cas échéant, qu’est-ce que l’oubli dans lequel elles sont tombées nous apprend sur l’évolution des pratiques pédagogiques et scientifiques ? 

2.      L’intérêt scientifique pour ces objets

·         Comment et pour quelles raisons ces objets ont-ils été redécouverts ? Qu’est-ce que l’intérêt nouveau qui leur est porté depuis une vingtaine d’années nous apprend sur la manière d’écrire l’histoire de l’enseignement et de la recherche ?

·         De façon plus générale, il sera intéressant de se demander de quelles pratiques et conceptions pédagogiques – et au-delà de quels enjeux socio-politiques – les objets conservés témoignent.

·         Dans quelle mesure l’évolution du paysage institutionnel – par exemple l’autonomie des universités en France après le vote de la loi LRU en 2007 – a-t-elle pu jouer un rôle dans l’exhumation et/ou la mise en valeur de ce patrimoine ?

·         Quel est également le rôle des humanités numériques dans l’émergence de ce nouvel intérêt ?  

3.      La mise en valeur et la diffusion du patrimoine de l’enseignement et de la recherche

·         Quels dispositifs ont été réalisés pour diffuser et valoriser ce patrimoine ? Comment ont-ils été conçus ? Grâce à quels financements ?

·         Dans quelle mesure ces actions de valorisation sont-elles adossées à des travaux de recherche ? Quelles formes de collaboration permettent-elles de mettre en place entre les différents acteurs du patrimoine (bibliothèques, enseignants-chercheurs, musées, restaurateurs…) ? Quelles sont les limites et les difficultés rencontrées ?

·         Des formes de réappropriation originales de ces objets ont-elles été constatées ? 

Le but de ce numéro de La Revue de la BNU est moins de proposer une typologie des objets concernés que d’expliquer et de mettre en perspective l’intérêt croissant qu’ils suscitent aujourd’hui, en ayant soin de bien articuler objets et méthodes, matérialités et pratiques.

Le champ de l’appel à contributions ne se veut pas limitatif : des articles pourront porter sur des objets qui ne sont pas conservés dans des universités ou des institutions d’enseignement supérieur, pourvu qu’ils aient servi à des activités d’enseignement et de recherche.

Précisons que le cœur du propos est bien le patrimoine pédagogique et ses enjeux (dont l’enjeu muséologique), mais non la muséalisation des bibliothèques en tant que telle (à laquelle un numéro récent de la revue a déjà été consacré ; voir sur : https://journals.openedition.org/rbnu/2052).

Enfin, les collections concernées peuvent être de toutes les époques et n’ont pas vocation à se limiter au contexte français. Les propositions de contributions portant sur des exemples étrangers seront appréciées.

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Quelques mots sur La Revue de la BNU :

La Revue de la BNU a été créée en 2010 et paraît deux fois par an, en langue française, au printemps et à l’automne. Sa direction scientifique revient à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (BNU), laquelle a institué pour ce faire un comité scientifique, composé de personnalités du monde de l'université et de la culture. Le président en est Simon Dumas-Primbault (Aix-Marseille université – Open Edition). Elle possède également un comité de rédaction, interne à la BNU. Le rédacteur en chef est Christophe Didier, conservateur général des bibliothèques, délégué à l'action scientifique et aux relations internationales à la BNU. 

Revue émanant d'une bibliothèque, elle a naturellement l'ambition de mettre en valeur l'exceptionnel patrimoine de l'établissement, deuxième bibliothèque de France par l'importance et la diversité de ses collections, et largement marquée, de par son histoire franco-allemande, par une dimension européenne. Mais au-delà, elle veut être un point de rencontre scientifique et culturel sur des sujets qui excèdent largement le seul monde du livre. Elle s’intéresse certes aux collections pour elles-mêmes, mais surtout en ce que celles-ci permettent d’aborder des thématiques plus larges ; il s’agit là, en somme, de faire parler autrement les bibliothèques. En faisant dialoguer ceux qui font la culture d’aujourd’hui – artistes, écrivains, responsables d’institutions culturelles ou chercheurs – et posent ainsi les bases du patrimoine de demain, La Revue de la BNU se distingue des publications traditionnelles des bibliothèques.

Quoiqu’une certaine souplesse dans l’organisation interne des numéros soit assumée, La Revue s’articule généralement autour d’un dossier central, suscité soit par un fonds de la bibliothèque, soit par une thématique en cours d’étude pouvant intéresser les partenaires potentiels énumérés plus haut. À l’image des collections de la BNU, tous les domaines des sciences humaines et sociales (ainsi que ceux relevant de l’histoire des sciences) sont potentiellement amenés à faire l’objet d’un dossier. À côté du dossier, des rubriques régulières (dont la publication systématique de textes inédits, anciens comme contemporains) cherchent à rappeler à la fois la variété typologique des documents conservés par les bibliothèques et la diversité des matériaux qu’elles peuvent offrir aussi bien à la recherche qu’à la curiosité.

Plus d’informations sur La Revue de la BNU, ainsi que les numéros en ligne, sur https://journals.openedition.org/rbnu/

Modalités de soumission

Les propositions d’articles destinées au n° 32 de La Revue de la BNU seront envoyées au format Word à Christophe Didier :

Christophe [dot] Didier[at] bnu[dot] fr, avant le 5 octobre 2024.

Plus précisément, l’envoi comprendra :

un résumé de 2 000 signes indiquant la teneur de l’article et son plan prévisionnel ;
un court curriculum vitae de l’auteur, accompagné d’une liste des principales publications.
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Politique d'évaluation

Les propositions seront examinées par le comité scientifique de la revue, et les réponses (acceptation ou refus) communiquées aux auteurs au plus tard à la fin octobre 2024 Les articles définitifs, accompagnés de leurs illustrations, d’un résumé en anglais et de mots-clefs, seront alors à remettre pour le 15 mai 2025.

Délai moyen entre soumission et publication : 52 semaines.

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Comité de rédaction

Daniel Bornemann, Christophe Didier, Claude Lorentz, Emmanuel Marine, Jérôme Schweitzer, Catherine Soulé-Sandic, Madeleine Zeller (Bibliothèque nationale et universitaire)

Membres du comité scientifique international interdisciplinaire :

Alain Colas (Bnu)  
Christine Bénévent (École nationale des chartes)  
Julien Collonges (Evangelische Hochschule Freiburg) 
Nicolas Di Meo (Service des bibliothèques Unistra) 
Christophe Didier (Bnu) 
Simon Dumas-Primbault (Aix-Marseille université – Open Edition ; président du comité) 
Fanny Kieffer (Unistra) 
François Petrazoller (Archives d’Alsace) 
Florence Salanouve (ENSSIB) 
Rupert Schaab (Württembergische Landesbibliothek) 
Gennaro Toscano (BnF) 
Patrick Werly (Unistra) 
Enrica Zanin (Unistra)