Représentations de massacres coloniaux français dans la littérature et les arts visuels (revue Nouvelles Études Francophones)
Dossier spécial de Nouvelles Études Francophones (University Press of Nebraska) :
Représentations de massacres coloniaux français dans la littérature et les arts visuels
Grand nombre de chercheurs s’accordent à dire que les massacres coloniaux commis par la France relèvent d’une politique de l’oubli, soit d’une identité nationale fondée sur un passé fragmenté, parcellaire et souvent manipulé pour sauvegarder son unité. Cette politique relève d’un processus de refoulement qui participe à la marginalisation d’un passé colonial traumatique où “oublier” un événement participe également de la production d’une mémoire collective. Le décalage qui en résulte, entre histoire officielle, expression de la spécificité nationale et notion de mémoire collective (Blanchard), force à s’interroger sur la fonction des images et des symboles dans la structuration des mémoires et l’interprétation de l’histoire. C’est ainsi que le passé historique officiel entre en conflit avec les différentes mémoires collectives créant ce qu’on appelle “une guerre des mémoires” et dévoilant une volonté de maintenir un refus de repentance. Or, si l’oubli permet de mettre de côté un passé douloureux, celui-ci a toutes les chances de ressurgir dans le présent sous forme de trauma historique. Il est donc nécessaire de proposer une représentation de la France porteuse d’une mémoire non plus monolithique mais à la fois plurielle et multidirectionnelle (Rothberg). L’appel à une reconnaissance des crimes coloniaux de l’État français contribuerait alors à une représentation plus juste de la nation et où l’État français ne serait plus le seul garant du récit national. Loin d’une rivalité des différentes mémoires collectives en France en lui opposant une vision multidimensionnelle, il s’agirait d’intégrer dans l’histoire nationale ces mémoires bafouées pour démythifier le passé dans une perspective transnationale et comparative des crimes coloniaux (Stora).
Ce dossier de Nouvelles Études Francophones se propose d’analyser à travers des perspectives multidirectionnelles et pluridisciplinaires des œuvres contenant des représentations de massacres coloniaux français. Nous invitons particulièrement les contributions qui offriraient un éclairage nouveau sur le rôle de la littérature et des arts visuels dans la compréhension des massacres coloniaux, et qui abordent les questions suivantes: Comment tout d’abord représenter l’horreur d’un massacre colonial là où il ne subsiste plus de témoins? Comment alors toutes ces œuvres dotées d’une grande composante fictive s’emparent-elles du passé historique et quel apport historiographique nous proposent-elles? Vice-versa, de quelle manière la fiction influence-t-elle la mémoire collective et le discours historiographique? Quels sont les nouvelles dimensions du rôle de la fiction dans l’écriture de l’histoire et quelles approches méthodologiques ou représentatives sont utilisées dans ces œuvres et dans quel but? Quel(s) rôle(s) occupent les arts visuels et les arts du spectacle dans ce travail mémoriel ?
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Les propositions de contribution sont à remettre avant le 2 septembre 2024. Elles comprendront un court résumé (250-500 mots), un titre provisoire, vos coordonnées, votre affiliation institutionnelle et une courte notice bio-bibliographique (environ 120 mots).
Veuillez envoyer votre proposition à Taïeb Berrada: berrada@lehigh.edu
Remise des articles (5500-6000 mots) : le 18 novembre 2024. Si votre proposition est retenue, vous recevrez le protocole de rédaction à suivre avec la réponse d’acceptation de votre proposition.
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Nouvelles Études Francophones (NEF), ISSN 1552-3152, publiée par les Presses Universitaires du Nebraska, est la revue officielle du Conseil International d’Études Francophones (CIÉF). Revue scientifique biannuelle de langue française, NEF diffuse la recherche dans les domaines de la langue française, de la littérature, des arts, des sciences sociales, de la culture et de la civilisation des pays et régions francophones.