L'Interculturel en FLE : approches littéraires, linguistiques et traductologiques (Université du Koweit)
Département de langue et de cultures françaises
Faculté des Lettres
Université du Koweït
Colloque international
L'Interculturel en FLE :
Approches littéraires, linguistiques et traductologiques
Les 19 et 20 novembre 2024
Argumentaire
« L’emploi du mot "interculturel" implique nécessairement, si on attribue au préfixe « inter » sa pleine signification, interaction, échange, élimination des barrières, réciprocité, et véritable solidarité. Si au terme « culture » on reconnait tout sa valeur, cela implique reconnaissance des valeurs, des modes de vie, et des représentations symboliques auxquels les êtres humains, tant les individus que les sociétés, se réfèrent (...) »
Le Conseil de l’Europe, L’Interculturalisme : de l’idée à la pratique didactique et de la pratique à la théorie, Strasbourg, 1986.
L’enseignement-apprentissage du français comme langue étrangère n’est pas qu’un processus purement linguistique. Vu que toute langue est étroitement liée à une culture donnée - on parle alors de Langue-Culture depuis Humboldt et Benveniste - , qu’elle véhicule une somme de représentations complexes qui se sont accumulées au fil du temps, et qu’elle dévoile, à travers les mots qui la composent et leurs connotations, ses proverbes, ses expressions idiomatiques et ses registres, une vision du monde irréductible à nulle autre, l’apprentissage du français se heurte immanquablement, quelles que soient la compétence de l’enseignant et la motivation de l’apprenant, à divers obstacles culturels dus nécessairement aux différences fondamentales qui séparent la langue maternelle de la langue étrangère qu’il s’agit d’apprendre, en l’occurrence le français. Il en résulte alors des difficultés d’apprentissage de tous ordres (psychologiques, phonétiques, cognitifs), des malentendus sur les mots et sur les usages (mœurs et coutumes, fêtes et rites, etc.), des incompréhensions et des tensions qui peuvent conduire à des crispations identitaires et au rejet de la langue étrangère, pourtant si nécessaire en cette ère de mondialisation.
Aussi convient-il que l’enseignant et l’apprenant prennent ensemble conscience de ces différences fondamentales entre les deux langues en question et des cultures qui les subsument, pour identifier leurs points d’achoppement et leurs points de convergence, afin que cette rencontre avec l’Autre, via des supports de cours authentiques, se déroule dans un contexte d’ouverture et d’empathie et qu’elle débouche d’une part sur la compréhension de la langue et de la culture de l’Autre, et d’autre part sur l’acquisition par l’apprenant de la compétence linguistique et interculturelle visée. Mais encore faut-il que ces deux acteurs soient soutenus par des systèmes éducatifs ouverts et tolérants.
Il conviendrait de rappeler ici que l’on a, pendant longtemps et au gré des aléas de l’histoire, fait l’impasse sur l’interculturel :
- soit en en imposant comme modèle la langue et la culture de l’Autre, et en excluant toute référence à la langue maternelle de l’apprenant et à sa culture d’origine (les interférences avec l’arabe étaient dénoncées comme des « fautes » graves et lourdement sanctionnées) ;
- soit en prenant la décision de produire ses propres ressources pédagogiques locales (manuels scolaires, cahiers d’exercices, cartes), pour faire du français un simple idiome au service des cultures nationales. Seuls les heurs et malheurs de la tribu y avaient leur place. L’Autre se trouvait exclu de sa langue.
Ce sont là sans doute les deux écueils, les deux tentations extrêmes qu’il conviendrait d’éviter parce qu’elles compromettent l’émergence du dialogue interculturel, ce dernier étant conçu comme « échange, élimination des barrières, réciprocité, et véritable solidarité. »
Il apparaît ainsi que la question de l’interculturel est au cœur, non seulement du processus d’apprentissage, mais aussi de la politique linguistique adoptée par tel ou tel pays, à un certain moment de son histoire.
Nous envisageons dans ce colloque de soumettre cette question de l’interculturel à une approche interdisciplinaire dans la mesure où l'interculturel est en jeu aussi bien dans l'enseignement de la littérature, de la langue, de la linguistique ou de la traduction. Dans toutes ces disciplines, l'enseignant est appelé à se faire "passeur" et "médiateur" en imaginant des stratégies didactiques, éthiques et discursives en vue de gérer les malentendus que peut susciter la découverte de la Langue-Culture de l'Autre quand elle diffère fondamentalement de celle de l'apprenant, et ce, en développant chez ce dernier « le sentiment de la relativité de ses propres certitudes » (Maddalena de Carlo, 1998, p. 44), et en mettant l'accent sur les points de contact positifs qui peuvent les lier. Ces points de contact ne sont pas une fin en eux-mêmes, mais des points d'appui sur lesquels peut se construire un apprentissage raisonné de la compétence interculturelle, fondé sur l'empathie et l'acceptation de l'Autre et de sa culture.
Il s'agira pour nous de mettre à profit ce colloque pour approfondir l’analyse de cette notion d’interculturel dans le cadre de l'enseignement-apprentissage du français comme langue étrangère, d’identifier les points de convergence et les points d'achoppement qui surgissent dans l’enseignement de la langue, du texte littéraire, de la traduction ou de la linguistique, et de proposer, selon le cas, des moyens didactiques soit pour renforcer la compétence interculturelle quand elle existe, soit pour la mettre en place si elle est défaillante.
Les principaux axes retenus pour ce colloque sont :
- L’interculturel : positionnements théoriques
- Penser l’interculturel dans une approche linguistique
- Le texte littéraire et ses enjeux interculturels
- La traduction : transfert interculturel
- Les TICE au service de l’interculturel ?
- L’apport interculturel du document authentique
- Développer la dimension interculturelle dans l’enseignement du FLE
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Quelques références bibliographiques
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BEACOO Jean-Claude et COSTE Daniel. L’éducation plurilingue et interculturelle : La perspective du Conseil de l’Europe, Paris : Didier. 2017.
BYRAM Michaël, BLAMONT-NEWMAN Katharina (trad.), BLAMONT Gérard (trad.) Culture et éducation en langue étrangère, Conseil de l'Europe/Strasbourg/France, Division des langues vivantes/Strasbourg, Centre européen pour les langues vivantes, Paris : Hatier, 1992.
CAMILLERI Carmel et COHEN-EMERIQUE Margalit (dirs), Chocs de cultures : concepts et enjeux pratiques de l'interculturel, Paris : L'Harmattan, 1989.
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DE CARLO, Maddalena, L’Interculturel, Paris : Clé International, 1998.
DUMONT Pierre, L'Interculturel dans l'espace francophone, Paris : L'Harmattan, 2001.
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MALBERT Daniel (coord.), Enseigner la diversité culturelle, Revue internationale d'éducation de Sèvres, mars 1998, n°17, p. 29-140.
NIKOU Théodora, L'interculturel : essai de mise en pratique, Travaux de didactique du français langue étrangère, 1999, n°42, p.137-161.
ZARATE Geneviève, Représentations de l'étranger et didactique des langues, CREDIF : Centre de recherche et d'étude pour la diffusion du français/Saint-Cloud/France, Paris : Didier, 1993.
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Le Colloque, qui se déroulera sur deux jours, comprendra :
- des conférences plénières données par des chercheurs invités de réputation internationale ;
- des communications présentées par les différents participants et regroupées par thème.
La Langue de présentation est le français.
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Modalités de soumission
Les propositions de communication doivent être présentées sous forme de résumés.
Le résumé, rédigé en français, doit comporter au maximum 1 500 caractères, espaces compris (hors références). Il faudrait aussi préciser l’axe dans lequel la proposition de communication s’inscrit, indiquer les 5 mots clés, et joindre une bibliographie, rédigée en français. Le participant est invité à joindre également une notice biographique et un CV.
Les propositions de communication doivent parvenir en format Word et être adressées à zouaoui.beghoura@ku.edu.kw
Calendrier
· Fin mai 2024 : diffusion de l’appel à communication
· 15 septembre 2024 : date limite de réception des propositions de communication.
· 20 septembre 2024 : notification de l’acceptation ou du refus des propositions de communication.
· Date du colloque : les mardi et mercredi 19 et 20 novembre 2024.
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Comité d’organisation
Dr. Khuloud ALSALEH
M. Aroun VAITTINADIN
Mme. Farah ALSHARAH
Fatemah ALNASER
Tarek ELGIZAWI
Ayshah ALAMER
Comité scientifique
Prof. Alzouaoui BEGHOURA (Université du Koweït)
Prof. Moncef KHEMIRI (Université du Koweït)
Dr. Riham ELKHAMISSY (Université du Koweït)
Dr. Racha ELKHAMISSY (Université du Koweït)
Dr. Hani MAHMOUD (Université du Koweït)