Le groupe de recherche Musique et imaginaires politiques en Europe dans les années 1930 organise depuis 2023 un séminaire international visant à approfondir les interactions entre la musique et l’imaginaire politique dans les années 1930.
Ce séminaire itinérant, dont les premières sessions ont eu lieu à Paris (2023), à l’Abbaye de Royaumont (2023) et à Leeds (2024), s’interroge sur la façon dont la musique a contribué à façonner, refléter et commenter à plusieurs niveaux l’imaginaire lié au champ politique. Il s’agit donc d’aller au-delà de l’étude des politiques musicales menées par les gouvernements, totalitaires ou non (par ex., le Front populaire en France). Cette exploration de l’imaginaire concerne plusieurs thèmes, parmi lesquels :
- la musique et les discours sur la musique comme véhicules pour différentes formes d’identité (gauche/droite, nationale/internationale, européenne) ;
- les relations entre la terminologie utilisée pour qualifier le langage musical et celle des idées politiques (révolution/réaction, dégénérescence/utilité, liberté d’expression/ esthétique imposée) ;
- le rôle joué par les musiques dans la (re)définition du rapport à l’autre (colonisation, américanisation, classes sociales, genres) ;
- la musique comme témoin d’événements historiques et de changements sociétaux (rapport au travail, émancipation des femmes).
Les années 1930 constituent à cet effet un laboratoire particulièrement riche : il s’agit d’une période où les différences politiques au niveau national tendent à être exacerbées, en raison notamment de l’instauration de régimes totalitaires, alors que plusieurs enjeux (lutte contre la montée du fascisme, luttes ouvrières) comportent une dimension internationale et transcendent donc les frontières.
Thème spécifique du colloque
Un de ces enjeux transnationaux, sur lequel se concentrera le chapitre fribourgeois du séminaire itinérant, est la crise : crise économique et crise politique (remises en cause de la démocratie représentative, montées en puissance des régimes fascistes), avec des conséquences tangibles sur la vie quotidienne (migrations, insécurité, racisme et intolérance) et qui se répercutent dans les discours.
De quelle(s) façon(s) le monde musical dans différents pays européens réagit-il, et comment s’exprime-t-il à propos de la crise ? Les réponses à ces questions pourront aborder un ou plusieurs des aspects suivants (liste non exhaustive) :
a) Dénoncer la crise
- construction d’un imaginaire de la crise ayant des répercussions concrètes sur la vie musicale ;
- façonnement d’un imaginaire de la crise par des œuvres qui la thématisent ;
- utilisation politique de la musique afin de fomenter l’imaginaire de la crise ;
- discours sur la « crise du langage » musical en lien avec la crise politique et économique.
b) Rire de la crise
- organisation d’une vie musicale conçue comme diversion à la crise ;
- invocation du pouvoir (prétendument) apolitique de la musique qui servirait ainsi d’échappatoire ;
- composition cathartique de musiques permettant de rire de la crise.
Les études interdisciplinaires, résultat de collaborations entre spécialistes, sont particulièrement encouragées :
- musicologie et histoire sociale ou économique ;
- musicologie et histoire de l’art ;
- musicologie et histoire des littératures ;
- musicologie et études médiatiques ;
- musicologie et histoire du théâtre/du cinéma.
Informations pratiques
- Langue des communications : français, anglais, allemand.
- Langue du support visuel (diaporama ou autre) : anglais.
- Durée des communications : 20 minutes (présentation standard) / 30 minutes (communication interdisciplinaire à plusieurs mains).
- Soumission des propositions : formulaire (résumé de 250 mots + notice biographique).
- Délai de soumission : 2 septembre 2024.
Organisateurs du colloque
- Federico Lazzaro, Université de Fribourg)
- Christopher Moore, Unviersité d'Ottawa)
Comité scientifique
a) Membres du groupe de recherche :
- Michel Duchesneau, Université de Montréal
- Anaïs Fléchet, Université Paris-Saclay
- Martin Guerpin, Université d’Évry
- Philippe Gumplowicz, Université d’Évry
- Barbara Kelly, University of Leeds
- Fritz Trümpi, mdw - Universität für Musik und darstellende Kunst Wien
b) Expert·e·s invité·e·s :
- Marie-Hélène Benoit-Otis, Université de Montréal (Chaire de recherche du Canada en musique et politique)
- Claude Hauser, Université de Fribourg