Suivi des lettres à Nimet Eloui Bey et de Les derniers mois de Rilke, par Génia Tchernosvitow
La personnalité énigmatique et brillante de Rilke (1875-1926) n’en finit pas de réserver des surprises. Ce livre nous fait découvrir la relation passionnée qu’a entretenue Rilke dans les derniers mois de sa vie avec une mystérieuse princesse égyptienne.
Dans les premiers jours de septembre 1926, à l’hôtel Savoy de Lausanne, Rilke fait la connaissance de Nimet Eloui Bey. Son père, Achmed-Khaïri Pacha, a été premier chambellan du sultan d’Égypte Hussein Kamal. Sa haute stature et son élégance naturelle attirent sur elle tous les regards. Mais plus encore, ce qui la rend fascinante, c’est la terrible lucidité et l’inquiétude spirituelle qu’on sent en elle.
Celle qu’il appelait « la plus belle femme du monde » fut mannequin pour le grand couturier anglais Molyneux et photographiée par Man Ray. Elle fut surtout une femme d’une personnalité fascinante, passionnée de beauté et rongée par une inquiétude qui le mena à une vie quasi monastique.
La présence de Nimet Eloui Bey illuminera les derniers mois de Rilke. « Tout à la fin de septembre, raconte sa dernière secrétaire, une amie, dont il disait qu’elle était la femme la plus belle du monde, était montée de Lausanne le voir dans sa tour. Il avait tenu à cueillir lui-même des roses de son jardin pour en mettre partout dans “sa” maison. » On sait que, selon la légende, Rilke est mort d’une piqûre de rose. Il est émouvant de savoir que c’est pour cette femme extraordinaire que Rilke a cueilli la rose dont, du fait de sa leucémie, il devait mourir, trois mois plus tard, le 29 décembre 1926.
Edmond Jaloux (1878-1949) a exercé un rôle essentiel pour la découverte de l’œuvre de Rilke en France. « Edmond Jaloux, écrivait Yanette Delétang-Tardif en 1952, a pénétré l’œuvre de Rilke et son envoûtante présence avec une telle divination, l’accueil de cette œuvre en France a été pour lui une mission si sacrée, leurs noms sont tellement unis dans l’âme de tous les vrais rilkéens, que l’on ne peut rien dire qui ajoutât un seul trait à la ferveur de cette rencontre.
Ce texte rare, paru en 1949 (l’année même de sa mort), est suivi de la correspondance entre Rilke et Nimet Eloui Bey ainsi que du très précis témoignage de la dernière secrétaire de Rilke, Génia Tchernosvitow, sur les derniers mois de Rilke.